Le Conseil fédéral étoffe les réserves énergétiques. Il a approuvé mercredi le recours à des groupes électrogènes de secours pour l'hiver à venir. Ceux-ci devraient apporter une puissance totale de 280 mégawatts (MW).
Ces groupes électrogènes sont généralement utilisés par des communes ou des entreprises, notamment pour alimenter en électricité des pompes à eau potable ou des centres de calcul en cas de panne du réseau public.
Pour être prise en compte, l'installation doit remplir des critères de puissance (idéalement plus de 1 MW), pouvoir être exploitée parallèlement au réseau (au moment où elle y est raccordée) et disposer d'une réserve de combustible suffisante pour une exploitation pendant 24 à 48 heures.
Crédit supplémentaire
Pour couvrir les coûts, un crédit supplémentaire urgent de 31,5 millions de francs pourra être demandé au budget 2022. Ce montant doit permettre de financer le regroupement des groupes électrogènes de secours, le raccordement aux processus de Swissgrid pour le marché de l'électricité ainsi que le dédommagement pour la disponibilité opérationnelle.
Environ 10 millions sont prévus pour couvrir le coût des mesures supplémentaires de protection contre le bruit dans le cadre de la centrale de réserve de Birr, ainsi que l'intégration de la centrale à la plateforme de l'exploitant (5 millions).
Arsenal de mesures
Diverses mesures ont déjà été prises par le Conseil fédéral pour assurer l'approvisionnement énergétique du pays: réserve hydroélectrique, construction d'une centrale de réserve à Birr (AG), augmentation des capacités du réseau de transport d'électricité, mécanisme de sauvetage destiné aux entreprises du secteur de l'électricité d'importance systémique, abaissement temporaire des débits résiduels. Une campagne d'économies d'énergie a été lancée.
Des réservoirs pour le gaz pourraient voir le jour
Des réservoirs pour le gaz naturel, le biogaz et l'hydrogène pourraient voir le jour en Suisse. Le Conseil fédéral s'intéresse à la question afin de renforcer la sécurité de l'approvisionnement. Il a demandé mercredi des clarifications quant aux implications légales et financières.
La consommation de gaz devrait diminuer significativement jusqu'en 2050, en raison de mesures d'efficacité et d'électrifications croissante. Le gaz restera toutefois important pour les processus à haute température utilisés dans l'industrie, note le gouvernement, après avoir pris connaissance d'un rapport sur le sujet.
Disposer de possibilités de stockage de gaz est donc important. Or la Suisse ne dispose pas d'installations conséquentes. Elle dépend des importations. Le Conseil fédéral envisage principalement de mettre sur pied des installations saisonnières pour le gaz naturel, le biogaz ou l'hydrogène dans le sous-sol.
Projet en cours en Valais
Des études géologiques ont déjà été effectuées par le passé, mais les projets n'ont pas abouti faute de rentabilité et d'informations lacunaires sur le sous-sol. Des projets concrets ont été abandonnés sur les sites de Collonges (VS), Innertkirchen (BE) ou encore dans le canton de Neuchâtel, par manque de résultats favorables ou parce qu'ils entraient en conflit avec d'autres projets.
Le projet de Gaznat à Oberwald (VS) est quant à lui toujours sur les rangs. Il vise à stocker jusqu'à 1,48 TWh de gaz naturel, soit 4% de la consommation nationale. A ses balbutiements, l'installation pourrait être opérationnelle au plus tôt en 2030.
Soutien financier envisagé
Pour les auteurs du rapport, seules les installations de stockage saisonnières contribuent à renforcer la sécurité d'approvisionnement énergétique. Elles devront également permettre le stockage d'hydrogène et de biogaz, en raison de l'objectif de neutralité carbone d'ici 2050. De telles installations devraient être les seules à bénéficier d'un soutien financier, si nécessaire.
Plusieurs modèles de financement sont évoqués: l'intégration dans la rémunération du réseau, le prélèvement d'un supplément de réseau ou une contribution fédérale à l'investissement. Il serait également possible de prescrire la constitution de réserves obligatoires sous forme de gaz ou de continuer à ne pas réglementer le financement.
Le Conseil fédéral a demandé une clarification des conditions-cadres requises sur les plans légal et financier. De telles installations ne devraient toutefois pas voir le jour rapidement. Entre cinq à dix ans sont nécessaires de la prise de décision à la réalisation. Les problèmes d'approvisionnement liés à la guerre en Ukraine ne seront donc pas résolus avec cette solution. (AWP)