Face au plan d'investissements massifs des Etats-Unis (IRA) en faveur des entreprises basées sur leur sol, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a appelé dimanche à «simplifier» les règles strictes encadrant les aides d'Etat dans l'UE, mais aussi à muscler les financements au niveau européen, notamment au sein d'un «Fonds de souveraineté».
«Un +fonds de souveraineté+ ne doit pas constituer une nouvelle tentative d'endettement européen commun! Nous n'en voyons pas la nécessité (...) Ce serait une menace pour notre compétitivité et notre stabilité», a réagi le ministre allemand des Finances Christian Lindner.
«Il faut accroître la compétitivité de l'UE (...) avec les instruments existants», a-t-il insisté avant une réunion avec ses homologues de la zone euro.
Entre le plan de relance post-Covid et le plan RePowerEU (investissements dans l'énergie), «nous avons déjà des moyens conséquents sur la table» pour soutenir les entreprises, a abondé la ministre néerlandaise des Finances Sigrid Kaag.
«Ces financements sont divisés entre divers fonds et initiatives: il serait bon d'en faire l'inventaire rapidement, et les redistribuer ou reconcentrer», a-t-elle jugé.
«Plus de flexibilité et de rapidité serait une bonne chose»
En revanche, Christian Lindner s'est dit favorable à desserrer l'étau des règles sur les aides d'Etat. «Nous devons être plus agiles, il y a une marge d'amélioration (...) Plus de flexibilité et de rapidité serait une bonne chose», a-t-il observé.
L'Espagne plaide également pour «actualiser les règles des aides d'Etats (...) dans un nouveau contexte géopolitique» face à la concurrence des Etats-Unis ou de la Chine, mais appelle à éviter «des distorsions» au sein de l'UE, alors que les Etats membres disposent de marges de manoeuvres budgétaires différentes.
«Il est possible de simplifier les +projets d'intérêt commun+ européens, aux procédures souvent trop longues et compliquées pour les entreprises», a également souligné le ministre français des Finances Bruno Le Maire.
«Obtenir des exemptions»
Mais «la meilleure réponse à l'Inflation Reduction Act (IRA) américain c'est un IRA européen, la capacité de l'Europe à se doter des mêmes moyens simples, massifs et efficaces pour réindustrialiser le continent et réussir la décarbonation de l'économie», grâce à des secteurs comme l'hydrogène, le photovoltaïque ou les semi-conducteurs, a-t-il estimé, appelant notamment à recourir à la Banque européenne d'investissement (BEI).
Selon lui, l'UE doit travailler avec les Etats-Unis pour «obtenir des exemptions» pour les entreprises européennes dans le cadre du plan américain, mais aussi pour «éviter une course aux subventions» de part et d'autre, tout en «protégeant les investissements stratégiques en Europe». (AWP)