Après le Conseil des Etats, c'est au tour du National de plancher, ce lundi, sur la loi Covid-19. Dès le débat d'entrée en matière, les députés s'en sont toutefois pris à la stratégie de déconfinement du Conseil fédéral.
"Tic, tac. L'heure tourne et nous devons être à la hauteur", a lancé Samuel Bendahan (PS/VD) pour la commission, en référence aux nouveaux malades, aux nouveaux morts ou encore aux nouvelles personnes précarisées. "L'attente de la population est immense."
"Nous allons discuter d'une loi qui, à l'image de la pandémie traite de tout et n'épargne personne", a poursuivi le Vaudois. Les domaines seront aussi variés que la santé, la culture, la gastronomie, les médias, le sport, la crèche ou encore les cas de rigueur.
"Dictature coronavirus"
Lors du débat d'entrée en matière, c'est toutefois la stratégie de déconfinement du gouvernement qui a été au centre des débats. L'UDC s'en est pris une nouvelle fois à la "dictature coronavirus".
Nous ne sommes pas dans une discussion budgétaire standard. Nous devons changer d'état d'esprit
Franziska Wyser, conseillère nationale (Verts/SG)
"Le Conseil fédéral décide tout seul depuis un an", a dénoncé Magdalena Martullo-Blocher (UDC/GR). "Il est temps de ramener la démocratie et le fédéralisme." La Grisonne a exigé la réouverture des établissements et la fin du télétravail.
Markus Ritter (Centre/SG) a aussi appelé à un changement de stratégie. "Il ne faut pas restreindre les libertés de la population plus que nécessaire. Il faut rouvrir et ainsi offrir à l'économie des perspectives." L'augmentation des tests et des vaccinations le permet.
"L'insécurité permanente affaiblit la confiance de la population", a pointé quant à elle Daniela Schneeberger (PLR/BL). Il n'est pas possible de planifier quoi que ce soit, si on ne sait pas comment ça se passera après le 22 mars. "La population veut de nouveau vivre et travailler."
Refus de "museler" le Conseil fédéral
"Ce n'est pas le moment de museler le Conseil fédéral", leur a répondu Roger Nordmann (PS/VD). "D'autant plus qu'il s'est plutôt bien débrouillé jusqu'à présent. Il a évité une catastrophe en hiver. La vaccination avance. Et il fait tout pour éviter une troisième vague."
Concernant la loi en elle-même, le Vaudois a soulevé plusieurs problèmes liés au volet sanitaire, notamment la volonté de faire taire la task force scientifique. Faire figurer la réouverture des stands de tir dans la loi est en outre "grotesque". Des améliorations économiques doivent aussi être opérées.
"Nous devons adapter massivement et rapidement les aides. Sinon nous le regrettons plus tard", a abondé Sophie Michaud Gigon (Verts/VD). "Nous ne sommes pas dans une discussion budgétaire standard. Nous devons changer d'état d'esprit." Franziska Ryser (Verts/SG) a elle appelé à abandonner la "politique symbolique" et le "micromanagement."
Indemniser les personnes concernées
Le ministre des Finances Ueli Maurer a reconnu que le gouvernement était plus prudent "que certains d'entre vous" dans sa stratégie de déconfinement. Son but est toutefois de rouvrir le plus rapidement possible. Et d'appeler à se concentrer sur le coeur de la révision de la loi: "permettre aux personnes concernées d'être indemnisées".
Le Conseil fédéral entend notamment doubler les aides aux cas de rigueur. L'enveloppe devrait ainsi passer de 5 à 10 milliards de francs. Le gouvernement veut aussi augmenter le nombre maximal d'indemnités journalières en cas de chômage partiel à 66 jours.
Le Zurichois a encore demandé aux députés de ne pas trop ouvrir les cordons de la bourse. "La proposition sur la table est suffisante. Il s'agit de l'argent du contribuable. Il faut être prudent."
Réouverture le 22 mars?
Les débats se poursuivent. La stratégie de déconfinement du Conseil fédéral devrait encore occuper un moment les députés. Diverses propositions visant à forcer la main au gouvernement seront examinées.
La commission compétente du National veut notamment inscrire une date de réouverture dans la loi. Les restaurants et les établissements sportifs, culturels, de loisirs et de divertissement doivent pouvoir rouvrir au 22 mars. La décision n'a toutefois été prise que de justesse. (AWP)