Loyers bon marché, vie culturelle foisonnante, habitat original, nombreux emplois, La Chaux-de-Fonds a de nombreux atouts pour séduire loin à la ronde et devenir un futur petit Berlin. Pourtant, depuis plusieurs années, elle perd environ 500 habitants par an. Le Conseil communal veut sortir de cette situation paradoxale et redevenir attractif.
"La Chaux-de-Fonds a de nombreux atouts pour devenir plus qu'une ville industrielle. Elle est le berceau de l'horlogerie et du Corbusier notamment et possède une labellisation Unesco pour son urbanisme horloger. Elle a des ressources symboliques et pourrait se mettre en scène, en faire quelque chose de vivant et redevenir attractive pour des touristes et ses habitants", constate Olivier Crevoisier, professeur d'économie territoriale à l'Université de Neuchâtel.
Dans un entretien à Keystone-ATS, Olivier Crevoisier rappelle qu'il ne suffit plus actuellement de créer des emplois pour attirer des habitants. "La population est beaucoup plus mobile que par le passé. Elle choisit son habitat et les lieux où dépenser son revenu en fonction de l'attractivité des différentes régions".
"Comme d'autres villes industrielles européennes, à l'instar de Mannheim (D) ou Charleroi (B), l'image de La Chaux-de-Fonds n'est pas encore positive", a ajouté le professeur. "Il faut permettre à la population locale de se projeter et donner envie aux touristes de venir".
Dans son programme de législature, le Conseil communal a pris les choses en main avec plusieurs projets, visant notamment à égayer la vie de la cité. Il veut notamment faire de la neige un atout et laisser quelques axes routiers blancs l'hiver pour permettre par exemple de faire du ski nordique sur la berne centrale du Pod. Il veut aussi ouvrir un café et une boutique dans le parc des musées.
Résidences d'artistes
La Chaux-de-Fonds veut également se positionner au niveau culturel. Le projet de Capitale culturelle suisse 2025 va "mobiliser les regards et les publics provenant de la Suisse entière. (...) Il sera un levier pour faire connaître le foisonnement culturel de la Ville", a expliqué Marie-Thérèse Bonadonna, cheffe du Service cantonal de la culture.
"Offrant une pulsation artistique et culturelle très intense, croisant agilement la culture officielle héritée du patronat horloger et la culture alternative, la Ville de La Chaux-de-Fonds - un véritable petit Berlin notamment pour l'extraordinaire vivier en musiques actuelles - mérite d'être connue plus largement à la ronde pour son offre culturelle", a ajouté Marie-Thérèse Bonadonna.
Anne Bisang, directrice artistique du TPR, va dans le même sens. "Les artistes de toute la Suisse apprécient sa situation comme lieu de résidence propice à la recherche et à la création. Il est essentiel que la Ville conserve des friches pour héberger des ateliers ouverts à toutes les expressions artistiques".
Selon Anne Bisang, les équipements que la ville possède - théâtres, salles de concert - pour développer les arts vivants sont des atouts majeurs pour une promotion plus déterminée de sa vie culturelle et de son "riche" patrimoine architectural. "Cela doit être couplé au développement d'une offre hôtelière plus large".
La Ville veut également améliorer l'attractivité de son centre-ville en rendant piéton la Place du Marché et en agrandissant les espaces dévolus à la mobilité douce. Elle compte aussi sur les contournements routiers pour y parvenir. La ligne directe ferroviaire entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds, qui devrait rallier en 2030 les deux villes en 15 minutes, va aussi connecter la Métropole horlogère aux grands axes.
Incitation à la rénovation de bâtiments
En parallèle à l'amélioration de la qualité de vie des habitants de La Chaux-de-Fonds, "il est important de pouvoir encourager l'accès à la propriété et ainsi mieux ancrer les jeunes familles à y vivre, idéalement une vie durant", a expliqué Laurent Favre. Selon le conseiller d'Etat, un encouragement à la vente ou à l'acquisition d'appartements pourrait être mis en place de manière encore plus active.
L'incitation à la rénovation du parc immobilier des Montagnes neuchâteloises - par le biais du programme bâtiment - permettra aussi "de mettre sur le marché de la vente ou de la location des appartements d'un standing et de types plus adaptés aux nouvelles formes de demandes", a ajouté Laurent Favre.
La Chaux-de-Fonds, située à 1000 mètres d'altitude, pourrait aussi avoir une carte à jouer avec le réchauffement climatique annoncé. Des habitants cherchant la fraîcheur pourraient être tentés de s'y installer. ( Sylvie Jeanbourquin - ats)
"Une fusion avec Le Locle ferait sens"
Une fusion de La Chaux-de-Fonds (NE) avec sa voisine du Locle ferait "théoriquement sens", à l'instar de Val-de-Ruz ou Val-de-Travers, estime le conseiller d'Etat Laurent Favre. Elle permettrait une meilleure efficacité administrative et d'intéressantes économies à la clé. "Ce qui sera vraiment décisif pour l'avenir, c'est la capacité de La Chaux-de-Fonds et du Locle de renforcer leur attractivité résidentielle. Les investissements ferroviaires et autoroutiers leur permettront de se donner les mêmes chances de réussite", a expliqué à Keystone-ATS Laurent Favre. "Mais au-delà des effets de rationalisation et d'économies d'échelle, les villes du haut gagneraient à développer des projets communs qui permettraient une vraie approche "Montagnes neuchâteloises". Leurs points communs sont bien plus nombreux que leurs différences", a ajouté le conseiller d'Etat. (ats)