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Coûts de la santé: «Il y aura un effet de rattrapage»

Le directeur de Curafutura, Pius Zängerle, ne table pas sur une grande hausse des primes maladie en 2021. Entretien.

«La loi sur l’assurance maladie n’est pas une assurance risque pour les entreprises», martèle Pius Zängerle. (Curafutura)
«La loi sur l’assurance maladie n’est pas une assurance risque pour les entreprises», martèle Pius Zängerle. (Curafutura)
14 septembre 2020, 13h32
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Le directeur de Curafutura, Pius Zängerle, n’anticipe pas une grande hausse des primes maladie pour l’an prochain. Il est par ailleurs faux d’affirmer: il y a eu moins de prestations médicales en 2020 donc les primes vont baisser en 2021. Interview du responsable de l’association des assureurs maladie qui représente les caisses suivantes: CSS, Helsana, KPT et Sanitas. Les primes maladie augmenteront-elles l’an prochain? Les assureurs n’ont pas le droit de communiquer de chiffres sur ce sujet avant l’annonce de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), fin septembre. Une directive l’interdit. En tant qu’organisation faîtière, nous ne disposons de toute façon pas des propositions de primes fournies à l’OFSP par les assureurs. Nous ne nous attendons toutefois pas à une grande hausse. Il est par ailleurs faux de dire, comme on a pu l’entendre ici et là: il y a eu moins de prestations médicales en 2020 donc les primes vont baisser en 2021. Le calcul des primes pour 2021 ne se base en effet pas sur les coûts de l’année écoulée; les primes 2021 ont pour but de couvrir les coûts de 2021, indépendamment de l’année précédente. Une autre question qui fait débat concerne les réserves des assureurs… Les réserves couvrent les dépenses à charge de l’assurance obligatoire des soins à hauteur de trois mois et demi. C’est moins que l’AVS, où les réserves représentent douze mois de prestations. Cependant, nous plaidons pour utiliser les réserves de manière plus souple. Aujourd’hui, un seul cas de figure permet de les utiliser: lorsque les coûts augmentent plus que prévu et que les primes s’avèrent insuffisantes pour couvrir toutes les prestations. Ce cadre est trop restrictif. Nous avons demandé de pouvoir prendre les réserves en compte dans le calcul des primes, ce qui permettrait de les stabiliser. Nous avons fait cette proposition à l’OFSP ce printemps déjà. Ce changement nécessite simplement la mise en place d’une circulaire par l’OFSP. Il aurait pu être effectué rapidement et participer à soulager financièrement les assurés. Les primes-maladie représentent un poste important de dépense pour de nombreux ménages. Et cette année, les coûts ont-ils baissé? Il est encore trop tôt pour l’affirmer, faute de données suffisantes. Nous aurons les chiffres complets sur 2020 au printemps prochain. Il y a en effet un décalage de quatre à six mois. Nous constatons toutefois que, de mi-mars à mi-mai, les coûts ont reculé par rapport à l’an dernier. Il y aura cependant un effet de rattrapage sur la deuxième moitié de l’année, dont on ne peut prévoir l’ampleur exacte. Etes-vous d’accord de tendre la main aux hôpitaux qui se disent lésés par la pandémie? Les assureurs sont bien entendu prêts à prendre en charge les surcoûts liés au coronavirus, comme le matériel de protection. Il ne serait en revanche pas juste que les payeurs de primes doivent subventionner la baisse d’activité des hôpitaux – provoquée par l’interdiction des opérations ce printemps. C’est contraire à la loi sur l’assurance maladie. La LAMal n’est en effet pas une assurance risque pour les entreprises. C’est une assurance risque pour les assurés, dont le but est de financer des prestations de soins réalisées en leur faveur.

Comment sont calculées les primes maladie?

Chaque année, fin juillet, les caisses maladie soumettent leurs tarifs de primes à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour l’an prochain. Elles joignent à leur demande d’approbation des primes une estimation des réserves disponibles à la fin de l’année en cours et du niveau minimal des réserves pour l’année civile suivante. Dans l’assurance de base, les assureurs ne sont pas autorisés à réaliser de bénéfices.

Une formule complexe

Au niveau du calcul des primes, il existe un modèle de prévision des coûts de la santé. Cet instrument a été élaboré par l’Institut d’économie de la santé de la haute école zurichoise de Winterthour (WIG). Les caisses ne sont toutefois pas obligées d’y avoir recours. Toutes se basent cependant sur des critères identiques tels que l’estimation des coûts médicaux à venir, de la participation aux coûts, de la compensation des risques et des frais administratifs. Les caractéristiques régionales ainsi que la structure de la population et du portefeuille de la caisse entrent aussi en ligne de compte. Lorsque les primes sont soumises à l'OFSP fin juillet, les assureurs maladie ne connaissent que partiellement les coûts des mois de janvier à avril pour l'année en cours. Ainsi, chaque assureur prend en compte les coûts de l’année précédente, l’estimation des coûts de l’année en cours et la prévision de l’année suivante pour réaliser son calcul. Depuis l’entrée en vigueur de la LAMal en 1996, les primes maladie ont augmenté en moyenne de 3,8% par an. En 2020, la prime moyenne s’élève à 315,40 francs. >>Lire aussi: Notre dossier coronavirus