C'est parti: à Lausanne, Yverdon-les-Bains, Morges et Gland, des volontaires ont reçu lundi leur première injection. Après la vaccination en EMS par les équipes mobiles, les personnes de 75 ans et plus, et celles qui souffrent d'une maladie chronique sévère, peuvent à leur tour recevoir une première dose de vaccin. Ils étaient entre 150 et 200 annoncés lundi à Lausanne.
Au rez-de-chaussée du CHUV, peu après le hall d'entrée, un espace a été aménagé pour cette opération sans précédent. Le patient passe un premier contrôle - a-t-il bien un rendez-vous, a-t-il eu de la fièvre dans les 24 heures qui précèdent -, puis obtient un ticket vert pour patienter en salle d'attente. Ou orange, et il va voir un soignant, explique Patrick Genoud, coordinateur du centre.
Le patient est ensuite appelé dans l'un des dix box d'admission, puis emmené en box de vaccination. Après l'injection, il reste en observation - assis ou couché - une quinzaine de minutes dans la zone prévue, voire plus longtemps en cas de besoin.
Montée en puissance
Les quatre centres démarrent avec des capacités réduites. Ils sont en phase de rodage, mais ils monteront rapidement en puissance. "Au CHUV, on a une capacité de 1200 vaccinations par jour. On démarre avec 1/6e de capacité. Mardi, ce sera un quart", explique Oliver Peters, chef du comité de pilotage du plan cantonal de vaccination. "Dès lundi, on espère avoir le deuxième vaccin, celui de Moderna".
Les centres ont engagé du personnel (40 ETP au CHUV) qui a dû suivre une formation. "Ce ne sont pas des manipulations toute simples. Il faut s'assurer que les gens sont bien formés. On ne lésinera jamais sur la sécurité", a dit la conseillère d'Etat Rebecca Ruiz.
A terme, le canton espère atteindre un rythme de croisière de 5000 vaccinations par jour en incluant les cabinets médicaux de groupe, les cliniques et les grandes pharmacies. Le 25 janvier, les hôpitaux de Payerne et Rennaz ouvriront à leur tour un centre.
Pas hésité une demi-seconde
Lundi, Roland Grunder, 78 ans, coprésident de l'Association Suisse des Aînés, a accepté de se faire vacciner en premier au CHUV. Il était suivi par Christiane Jaquet-Berger, 83 ans, présidente de l'AVIVO Suisse et infatigable militante popiste. Députée durant de nombreuses années, elle a aussi siégé au Conseil national.
"Je n'ai pas hésité une demi-seconde", témoigne M. Grunder. Selon lui, "beaucoup de seniors sont partisans de la vaccination. Ils ont payé un trop lourd tribut à la pandémie". "Il faut aussi être solidaire et penser aux plus jeunes, à cette génération qui est en train de perdre pied au niveau économique. Ce vaccin, c'est une lueur d'espoir", ajoute-t-il.
Préparer les vaccins
Dans un local proche, des personnes préparent les vaccins. Pour l'heure, il s'agit de celui de Pfizer, qui doit être conservé à une température de près de -80 degrés, puis décongelé.
"Les préparateurs injectent du NaCl dans les fioles et en retirent cinq doses. Une estafette amène ensuite les cinq seringues dans les box de vaccination", explique M. Genoud. Les conditions de stockage et de gestion du 2e vaccin, de Moderna, s'annoncent plus simples.
Rôle central
Rebecca Ruiz rappelle que la vaccination joue un "rôle central" dans la lutte contre le coronavirus. "On sait qu'il y a des indécis. Mais plus il y aura de personnes vaccinées, plus vite on pourra protéger les personnes vulnérables et éviter la surcharge des hôpitaux", explique-t-elle. Le vaccin se fait sur une base volontaire, mais les autorités le recommandent fortement.
En EMS, la vaccination a commencé le 30 décembre dernier dans un établissement au Mont Pèlerin. Trois autres ont suivi depuis. Les équipes mobiles de la Protection civile se rendent dans toutes les régions du canton. "Lundi, elles se rendent à Lutry et Grandson notamment. Mardi à Renens, Echandens, Rolle et Vevey", a indiqué la conseillère d'Etat Béatrice Métraux.
Berne est le dernier canton à entamer la campagne de vaccination.
Le canton de Berne a lancé lundi sa campagne de vaccination contre le Covid-19 pour les personnes de plus 75 ans. Plusieurs centres sont opérationnels depuis 10h00, dont celui de Tavannes pour le Jura bernois. Un couple de Münchringen, Alexia et Toni Brunner, les deux nés en 1937, a été le premier à être vacciné dans le canton de Berne, au centre de Berne-Wankdorf. Il a expliqué qu'il allait continuer à observer les mesures sanitaires contre le Covid-19 même s'il se sentait un peu plus "sûr" avec cette vaccination. Parallèlement aux vaccinations dans les différents centres, des équipes mobiles sont également entrées en service lundi pour vacciner les pensionnaires des EMS qui auront été inscrits par l'institution où ils résident. La quantité de vaccins étant encore insuffisante par rapport aux besoins, elle doit être contingentée. Le canton de Berne dispose actuellement de 25'000 doses mensuelles fournies par le fabricant Pfizer/Biontech. Berne est le dernier canton à entamer la campagne de vaccination. La Direction de la santé, des affaires sociales et de l'intégration estime que la structure qu'elle a mise en place lui permettra de rattraper son retard et d'assurer la logistique de cette opération complexe. La campagne de vaccination contre le Covid-19 avait démarré en Suisse le 23 décembre dans les cantons de Lucerne, de Zoug, de Schwyz, de Nidwald et d'Appenzell Rhodes-Intérieures. Les autres cantons leur ont emboité le pas les jours suivants.(ATS)
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— BAG – OFSP – UFSP (@BAG_OFSP_UFSP) January 11, 2021
11.01. Actuellement, 484'506 cas ont été testés positifs en laboratoire, soit 6'523 de plus que vendredi. Tests annoncés: 55'026 au cours des dernières 72 heures. https://t.co/cTdk8Jxv9d pic.twitter.com/pryFpFy9ec
La Suisse compte lundi 6523 cas supplémentaires de coronavirus en 72 heures, selon les chiffres de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). Et 112 décès supplémentaires sont à déplorer et 249 malades ont été hospitalisés.
Durant les dernières 72 heures, les résultats de 55'026 tests ont été transmis, indique l'OFSP. Le taux de positivité s'élève à 11,85%. Sur les quatorze derniers jours, le nombre total d'infections est de 45'004. Sur les deux dernières semaines, le pays compte ainsi 520,59 nouvelles infections pour 100'000 habitants. Le taux de reproduction, qui a un délai d'une dizaine de jours, est lui de 1,00.
Depuis le début de la pandémie, 484'506 cas de contamination au Covid-19 ont été confirmés en laboratoire sur un total de 3'877'362 tests effectués en Suisse et au Liechtenstein. Le total des décès s'élève à 7695 et le nombre de personnes hospitalisées atteint 20'036.
Le pays dénombre par ailleurs 26'169 personnes en isolement et 33'530 individus faisant partie de leurs contacts ont été mis en quarantaine. S'y ajoutent 5883 autres personnes revenant de voyage d'un pays à risque et qui ont dû aussi passer par la case de la quarantaine.
La variante britannique déjà en Suisse à la mi-décembre
Des chercheurs de Zurich et de Lausanne ont détecté le variant britannique du coronavirus B.1.1.7 dans des échantillons d'eaux usées à Lausanne et dans une zone de sports d'hiver non spécifiée. Il était présent en Suisse au moins deux semaines avant les premières découvertes cliniques.
Repérée pour la première fois en Grande-Bretagne, la nouvelle souche de coronavirus est caractérisée par 17 mutations. Selon les estimations, ce variant se propagerait à une vitesse jusqu'à 50% plus élevée. Le Conseil fédéral a donc imposé une interdiction générale d'entrée depuis la Grande-Bretagne le 21 décembre.
Cependant, la mutation britannique circulait probablement déjà en Suisse à cette époque, comme le rapporte une équipe de chercheurs, dont l'étude n'a pas encore été revue par des pairs. Les chercheurs de l'EPFL à Lausanne, de l'Institut de recherche sur l'eau Eawag et de l'ETH Zurich ont séquencé des fragments de coronavirus à partir de 48 échantillons d'eaux usées.
A Lausanne mais pas à Zurich
Ceux-ci provenaient de stations d'épuration de Lausanne et de Zurich ainsi que d'une zone de sports d'hiver non précisée. Dans cinq échantillons, dont un daté du 9 décembre, les chercheurs ont détecté les empreintes de jusqu'à trois mutations simultanées, caractéristiques de la variante britannique.
Une signature qui n'avait été détectée dans aucun échantillon clinique avant le 24 décembre. Quatre des échantillons positifs du mutant britannique proviennent de Lausanne, un de la zone de sports d'hiver.
"Cette annonce n'entraîne pas de mesures de notre part, mais nous l'avons transmise à l'Etat-major cantonal de conduite", relève le municipal des eaux lausannois Pierre-Antoine Hildbrand. " La question de la vitesse de la propagation se pose avec le variant anglais déjà présent le 9 décembre. D'après les chiffres dont nous disposons, aucune explosion des cas n'a été constatée", a-t-il souligné.(AWP)