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Alain Berset: «C'est le bon moment pour partir»

Le président de la Confédération ne se représentera pas à la fin de l'année. Le socialiste fribourgeois l'a annoncé mercredi sa démission devant les médias à Berne.

«J'ai le sentiment d'avoir accompli ce qui est possible. J'ai tout donné», a déclaré Alain Berset.
KEYSTONE
«J'ai le sentiment d'avoir accompli ce qui est possible. J'ai tout donné», a déclaré Alain Berset.
21 juin 2023, 16h53
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«J'ai informé le Conseil fédéral que j'ai prévu de quitter le gouvernement à la fin de cette année», a dit mercredi le président de la Confédération devant les médias à Berne. «C'est le bon moment pour partir», après 12 ans au gouvernement.

«J'ai le sentiment d'avoir accompli ce qui est possible. J'ai tout donné», a poursuivi le président de la Confédération. Après 29 votations, il est temps de passer à autre chose.

Il ne faut jamais sous-estimer les temps institutionnels, selon Alain Berset. C'est pourquoi il ne démissionne pas, mais se retire à la fin de la législature, a-t-il insisté. La votation de dimanche dernier sur le Covid-19 clôt aussi un cycle.

Le Fribourgeois n'a pas encore réfléchi à ce qu'il allait faire ensuite. «Je suis encore là jusqu'à la fin de l'année, vous n'en avez pas fini avec moi», a-t-il lancé avec sourire en coin. «Ensuite, on verra.»

Marqué par la pandémie

La pandémie de coronavirus a particulièrement marqué le ministre de la santé. «Nous avons subi une pression énorme, je n'aurais jamais imaginé une telle violence». Sa famille a également été touchée, rappelle-t-il. C'est un élément qui marque une époque. «Je n'aurais jamais imaginé travailler autant, avec toutes nos équipes.»

Outre la politique sanitaire, celles sociale et culturelle l'ont aussi occupé. Alain Berset a rappelé l'étendue de son département, le Département fédéral de l'Intérieur (DFI). Il a noté que «si on veut vraiment faire bouger les choses, il faut prendre le temps de les réaliser».

Dressant un rapide aperçu, le Fribourgeois a cité la maîtrise des coûts de la santé. Le sujet fait l'objet de discussions depuis des années. «Il n'y a pas eu d'augmentation de la franchise minimale», a-t-il illustré.

Dans le domaine social, il s'est félicité de la réforme de l'AVS, qui prévoit le relèvement de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans. «Une première réforme depuis presque 30 ans.» Le ministre a aussi rappelé des développements dans le domaine de l'assurance-invalidité, des prestations complémentaires ou des proches aidants.

«Aucun rôle» des affaires

Interrogé sur les multiples «affaires» qui ont émaillé la fin de cette législature, Alain Berset a affirmé que celles-ci n'ont joué «aucun rôle» dans sa décision. «Cela ne m'a jamais impressionné.»

La dernière en date, soit les fuites supposées du Département de l'intérieur à destination de l'éditeur de presse Ringier, est celle qui a le plus marqué les esprits. Alain Berset réfute toutefois avoir ressenti de pression après l'ouverture d'une enquête par les commissions de gestion du Parlement.

Questionné aussi sur le rôle des médias, le socialiste a dit que leur travail et la liberté d'expression sont des éléments fondamentaux dans une démocratie. Il a été critiqué, c'était «parfois très dur, parfois injuste», mais «cela ne me pose pas de problème», a-t-il déclaré. (AWP)

Les dossiers ouverts au Département fédéral de l'intérieur

Après la crise du Covid-19 qui a fortement mobilisé le Département fédéral de l'intérieur en 2020-21, plusieurs dossiers chauds sont sur la table. Il y a notamment les retraites, les coûts de la santé et la pénurie de personnel soignant. Ci-dessous, un aperçu non exhaustif:

AVS: En septembre 2022, la population a accepté la révision de l'AVS prévoyant un relèvement de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans, une première depuis plus de 25 ans. Mais cette réforme n'est qu'une étape intermédiaire pour environ dix ans. Le Parlement veut rouvrir d'ici 2026 le dossier pour entamer une réforme structurelle. En outre, le peuple devra se prononcer sur une initiative du PS demandant une 13e rente, et une autre des Jeunes PLR sur la retraite à 66 ans et au-delà.

PREVOYANCE PROFESSIONNELLE: Le Parlement a terminé ses travaux sur la réforme du deuxième pilier, qui prévoit une réduction du taux de conversion pour les rentes. Un système de compensation pour la génération transitoire et d'autres améliorations sont prévues. Insuffisant, clame la gauche qui a lancé en mars dernier le référendum sitôt la révision adoptée par les Chambres. Le peuple pourrait bien voter en 2024.

ASSURANCE MALADIE: Les primes d'assurance maladie pèsent de plus en plus sur les ménages. Cette année, elles ont augmenté de 6,6% en moyenne. Des mesures pour freiner la hausse des coûts de la santé sont en discussion au Parlement depuis des années. Deux initiatives du Centre et du PS, pour freiner les coûts et pour réduire la charge des primes, sont traitées aux Chambres. Des contre-projets indirects sont proposés et sont en cours de discussion sous la Coupole.

PERSONNEL SOIGNANT: Les hôpitaux et les EMS manquent de personnel soignant. L'initiative populaire pour renforcer les soins infirmiers, acceptée par le peuple, doit être mise en oeuvre en deux étapes. La première prévoit une offensive pour la formation. Jusqu'à un milliard sur huit ans doit être investi. Les autres points du projet, notamment l'amélioration des conditions de travail et un meilleur salaire, restent encore à l'état de projet.

TARIFS MEDICAUX: Depuis des années, la bataille fait rage entre les assureurs, les hôpitaux et les médecins sur le nouveau tarif médical qui doit prendre le relais du Tarmed pour les soins ambulatoires. Deux systèmes devraient coexister: une nouvelle structure tarifaire Tardoc, soit un nombre de points pour chaque geste médical qui tient compte du temps nécessaire au traitement, du degré de difficulté et de l'infrastructure. Et un système des forfaits ambulatoires qui s'inspire de ce qui a été fait pour le stationnaire avec le SwissDRG. Le tout doit être soumis cette année encore au Conseil fédéral pour approbation.

NUMÉRIQUE DANS LA SANTE: Le système de santé suisse accuse un gros retard en matière numérique. Le dossier électronique du patient ne décolle pas, de nombreux cabinets médicaux travaillent encore avec des dossiers papier, les systèmes informatiques sont différents d'un établissement à un autre. Le Parlement fait pression pour des avancées dans ce domaine. Mais ce sont les cantons qui sont compétents en matière de santé. (AWP)

Qui succèdera à Alain Berset?

Après l'élection en décembre dernier d'une Romande, Elisabeth Baume-Schneider, les poids lourds alémaniques devraient afficher leurs ambitions. Daniel Jositsch (ZH) et Eva Herzog (BS) laissent pour l'instant la porte ouverte. Le canton de Zurich, qui n'est actuellement plus représenté au Conseil fédéral et ce pour la première fois depuis 1848, pourrait fournir plusieurs candidats expérimentés. Le sénateur Daniel Jositsch a indiqué qu'il ne fermait pas la porte. Le Zurichois de 59 ans, appartenant à l'aile droite du parti, n'avait pas été placé sur le ticket socialiste lors de la succession pour Simonetta Sommaruga. La tête du parti tenait à présenter deux candidates femmes et Daniel Jositsch ne l'avait pas accepté dans un premier temps. Apprécié par le camp bourgeois, il avait ensuite reçu des voix durant plusieurs tours lors de l'élection de décembre. Ce qui pourrait lui être reproché à l'heure de présenter une candidature. On ne peut pas non plus exclure que la sénatrice bâloise Eva Herzog, finaliste malheureuse l'an dernier face à Elisabeth Baume-Schneider, retente encore sa chance, pour une troisième fois. Cette politicienne expérimentée, appelée à présider le Conseil des Etats en 2024 et qui ratisse large au-delà de son parti, a d'ores et déjà indiqué qu'elle prendrait le temps de la réflexion.