La situation actuelle est marquée par un franc suisse historiquement fort face à l’euro et, plus récemment, face au dollar. Cette dynamique s’explique par la solidité de l’économie suisse, l’atonie persistante de la zone euro et, côté dollar, par les tensions commerciales croissantes alimentées par la politique de Donald Trump. À moyen-long terme, plusieurs économistes s’accordent à dire que le franc conserve des fondamentaux solides pour continuer son appréciation.
Mais à court terme, des signaux techniques et institutionnels convergent pour suggérer un potentiel recul temporaire de la devise helvétique face à l’euro.
Trois éléments clés alimentent cette hypothèse.
1. Reflux des positions longues des investisseurs institutionnels
Les données hebdomadaires publiées par la CFTC (Commitment of Traders Report) montrent une hausse significative des positions vendeuses sur le franc suisse. Les acteurs non commerciaux – notamment les hedge funds et les institutionnels – n’avaient pas été aussi négatifs sur le CHF depuis des années.
Ce repositionnement s’inscrit en divergence nette avec la progression du franc sur le marché spot : alors que la devise atteint des sommets, les opérateurs professionnels misent désormais sur sa baisse. Historiquement, de telles divergences entre le prix et les positions spéculatives précèdent souvent une correction technique.
2. Réallocation baissière des Asset Managers
Autre signal significatif : les Asset Managers internationaux, généralement plus stables et ancrés dans une logique macroéconomique, réduisent aussi leur exposition au franc suisse.
Alors que le CHF vient de franchir de nouveaux sommets face à l’euro, ces acteurs augmentent leurs positions courtes. Une posture qui s’explique en partie par l’évolution récente de la politique monétaire suisse :
- la BNS a abaissé son taux directeur de 25 points de base en mars, le ramenant à 0,25 %
- l’inflation reste modérée (0,3 %), laissant une marge de manœuvre pour de nouveaux assouplissements si le franc restait trop fort.
Ce double mouvement – prix en hausse et positions institutionnelles en baisse – alimente la possibilité d’un retournement dans les semaines à venir.
3. Indicateur de sentiment en zone de surachat
Un troisième signal d’alerte provient du Market Mood Meter, un indicateur de sentiment développé par la plateforme Forecaster. Il mesure les excès d’optimisme ou de pessimisme sur une devise.
Actuellement, cet indicateur classe le franc suisse en zone de surachat extrême. Cela signifie que le marché est probablement en situation d’euphorie ou de tension excessive, ce qui, selon les données historiques, est souvent suivi par une correction rapide.
Vers un ajustement à court terme ?
Pris isolément, chacun de ces indicateurs pourrait être interprété comme un bruit de marché. Mais leur convergence simultanée – repositionnement des institutionnels, virage des asset managers, et niveau extrême du sentiment – forme une configuration complète et cohérente.
Dans un contexte géopolitique instable, notamment avec la guerre commerciale relancée par les États-Unis, il devient essentiel pour les acteurs exposés au risque de change d’anticiper ces mouvements à court terme.
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