Quel a été le point de départ de Quanthome ?
Oscar Delabranche : Avec Ali, nous avons lancé Hauspass, une société de relocation. Nous l’avons créée en reprenant une partie des activités de l'agence Homequest, déjà active dans la relocation pour les privés. Nous nous sommes retrouvés avec des milliers de données portant sur les appartements que nous avions obtenus pour nos clients, mais aussi sur ceux que nous n’avions pas eus, soit près de 20 000 logements dont nous avions toutes les caractéristiques détaillées, c’est-à-dire le prix, la surface, les tâches, la localisation… La question de l’utilisation des données s’est posée, notamment pour avoir une meilleure connaissance des loyers, savoir s’ils trop élevés ou non.
Ali Baghdadi : Nous avons proposé à notre ami Félix Arbez-Gindre, aujourd’hui notre associé, de nous rejoindre pour explorer ces données et essayer de créer un premier modèle d'évaluation de loyers. C’était en 2021. Mais assez vite, nous avons réalisé qu’il y avait un problème d'accès aux données de manière générale.
Quelqu'un qui voulait analyser et faire de la data science aurait beaucoup de difficultés, car rien n'était centralisé et il fallait aller chercher un peu partout. En fait, il n'y avait pas de Bloomberg pour l'immobilier. Nous avons donc créé un Bloomberg pour l'immobilier.
C’est-à-dire ?
A.B. Il s’agit d’une plateforme permettant d’accéder à toutes les données nécessaires pour faire de l'investissement immobilier, soit les données de marché, de transactions, de volumes… Jusqu’à présent il y avait beaucoup de fournisseurs qui donnaient des prix au mètre carré et des statistiques, mais personne ne pouvait vérifier si ces données étaient correctes. Un analyste n’avait pas accès à des données brutes lui permettant de faire sa propre analyse.
O.D. Nous avons donc travaillé pour procurer à tous les acteurs de l’immobilier le maximum de transparence et de fiabilité. En 2022, nous avons rencontré nos anciens professeurs de HEC Lausanne qui, eux, analysaient les fonds immobiliers et essayaient de les classer en fonction des critères ESG. La quête des informations se faisait par le biais de formulaires que les banques ne voulaient plus remplir car trop chronophage. C’est là qu’interviennent nos données car elles contiennent toutes les informations nécessaires pour des études.
Est-ce que les expertises, par exemple, d’immeubles sont en fait assez imprécises ?
O.D. La problématique est plutôt qu’aujourd’hui une banque, par exemple, voit passer des milliers d’évaluations d’experts immobiliers, mais les moyens à sa disposition sont limités pour analyser le risque financier ou environnemental. Notre outil permet de pré-analyser, d’avoir déjà une vision très claire de l'environnement et du marché ainsi que du bâtiment ou du véhicule financier en question. Mais il y a besoin d’un expert qui se va sur place ou fait une analyse plus approfondie. Il faudra toujours des experts et les expertises seront plus approfondies et plus rapides.
Notre objectif est d’aider l'expert et l’analyste à aller plus vite, à voir ce que ses concurrents font et à trouver ce qui est comparable. Nous allons aussi aider l'asset manager ou le vendeur ou l'acheteur du bien à pré-analyser, à gagner du temps et à se focaliser sur de la donnée quantitative.
Qui sont vos clients ?
A.B. Les premiers clients étaient les banques qui investissaient dans l’immobilier indirect - les fonds immobiliers. Avec notre plateforme Quanthome, les banques pouvaient disposer pour les immeubles appartenant à des fonds de données objectives, ce qui n’était pas toujours le cas auparavant. Par la suite, nous avons intéressé les fonds eux-mêmes qui souhaitent avoir des données précises lorsqu’ils investissent dans des bâtiments et veulent des comparables ou des transactions non anonymisées. Mais le champ des clients est très vaste, il y a des courtiers qui utilisent notre plateforme ou des consultants en énergie, par exemple.
Le secteur public également utilisera bientôt nos données pour mieux analyser et planifier le développement du territoire. En fait, puisque nous avons toute la data, allant de l'appartement jusqu'au véhicule de placement en passant par les émissions de CO2, nous pouvons répondre à l’ensemble des besoins de l’industrie en matière de données immobilières.