Xavier Studer: «Les consommateurs seront les grands perdants du rachat de Sunrise par UPC»

UPC Suisse, filiale de Liberty Global, a acquis près de 82% du capital-actions de Sunrise, ont annoncé vendredi les deux sociétés. Une nouvelle qui fait suite à ce qu’avait communiqué le groupe britannique le 12 août: son intention de s’emparer de Sunrise, avec une offre valorisant le deuxième opérateur de Suisse à 6,8 milliards de francs. En 2019, la situation était inversée: Sunrise voulait alors s’emparer d’UPC, mais avait finalement dû renoncer à cause de l’opposition de plusieurs de ses actionnaires. Et ce malgré le feu vert obtenu de la Commission de la concurrence (Comco). Aujourd’hui, les deux sociétés doivent à nouveau gagner l’aval du gendarme de la concurrence. «Etant donné que l’opération est différente, la Comco doit réexaminer le dossier. La décision émise en 2019 n’est plus valable», souligne le responsable de la communication, Frank Stüssi. Pour y voir plus clair, L’Agefi s’est entretenu avec Xavier Studer, spécialiste du marché suisse des télécoms. La Comco pourrait-elle s’opposer à la fusion?  Les conditions cadre ont changé. Depuis la décision de la Comco en septembre 2019, d’autres éléments sont intervenus sur le marché. Comme l’accord entre Swisscom et UPC sur le marché de la télévision ou la création de Swiss Open Fiber, l'entreprise commune de Salt et Sunrise dans le domaine des fibres optiques. Aujourd’hui, le premier accuse l’autre de rupture de contrat et a entamé des démarches judiciaires. Ce sont autant d’interrogations qui laissent penser que le dossier doit être réexaminé. Le fait que Sunrise soit repris par UPC, et non l’inverse, que cela change-t-il pour la suite? L’inverse aurait été préférable. Même s’il existe des synergies évidentes et intéressantes entre le réseau câblé d’UPC et le réseau mobile de Sunrise, les cultures d’entreprises de ces deux sociétés sont très différentes. Dans le secteur, les sociétés actives dans les câbles opérateurs sont étiquetées de poussive. En face, les entreprises dans le marché des télécoms sont plus dynamiques du fait d’être dans un marché très concurrentiel.  Cet écart de mentalité risque de compliquer l’opération. Grâce à cette opération, Sunrise peut-il rivaliser avec Swisscom?
Le nouvel acteur UPC-Sunrise fera certes davantage de poids face à Swisscom, mais le consommateur perdra probablement des alternatives intéressantes. La priorité de ce nouveau groupe sera aux synergies, aux économies d’échelle et à la rentabilité. Quels effets pour les consommateurs?
Si cette fusion UPC-Sunrise a lieu, elle aura pour effet de réduire la concurrence entre les opérateurs. Par exemple, UPC vient de s’entendre avec Swisscom sur les droits sportifs. La même offre sera disponible donc de Swisscom à UPC en passant par Sunrise et les câblo-opérateurs partenaires. Un nouveau duopole se mettra probablement progressivement en place. Les consommateurs seront les grands perdants.