Comme toutes les années, la Bourse suisse passe en revue les valeurs figurant dans son indice phare Swiss Market Index (SMI). Cette année, l'action au porteur Swatch pourrait bien se voir délogée par la nominative Logitech, après 23 années passées au firmament boursier helvétique.
Les jeux ne sont cependant pas encore faits, l'horloger biennois pouvant encore combler son retard, notamment par rapport à son plus proche rival, le spécialiste genevois de l'inspection et de la certification SGS.
L'opérateur de la Bourse SIX examine actuellement la composition de l'indice. Les éventuelles modifications au SMI, au Swiss Leader Index (SLI) et au SMI Mid (SMIM) seront communiquées début juillet et entreront en vigueur en septembre.
Valeur boursière et liquidité
L'indice phare de la Bourse suisse comprend les 20 titres les plus importants - calculés sur la base de la capitalisation boursière moyenne - et les plus liquides - à l'aune du volume annuel des transactions - pendant la période du 1er juillet au 30 juin.
Cependant, pour obtenir son ticket d'entrée dans le club des valeurs vedettes, il ne suffit pas d'entrer dans le top 20. Afin d'éviter des changements trop fréquents, SIX impose aux prétendants de se hisser au moins au 18e rang. A l'inverse, une titre SMI ne se voit poussé vers la sortie que lorsqu'il est relégué à la 23e place.
Selon le classement calculé sur une base trimestrielle, la nominative Logitech avait atteint fin mars la 16e position, ce qui devrait lui valoir une promotion au SMI. Une des composantes de l'indice phare devra donc céder sa place.
Swatch ou SGS
A la fin du premier trimestre, la porteur Swatch pointait au 24e rang, après sa piètre performance depuis l'éclatement de la crise pandémique, malgré le redressement observé en avril.
Pour éviter le déclassement, l'horloger biennois se voit contraint de dépasser un de ses pairs entre avril et juin. Les plus proches rivaux sont Swiss Life, Swisscom et SGS. Aucun des trois n'a brillé en termes de cours durant cette période.
Swatch au contraire a commencé à se remettre de la crise pandémique relativement tard, mais comble toujours son retard. Avec un bond de 22,6% depuis fin mars, la porteur a nettement surperformé son indice de référence (+5,4%). Mais cela risque de ne pas suffire, il faudrait aussi que le volume des échanges s'avère considérablement supérieur à la moyenne.
Historiquement, les volumes de transactions de Swatch ont toujours été plus élevés que ceux de ses concurrents. Mais une analyse d'AWP montre que, par rapport aux échanges nourris de début 2020, SGS a vu ses volumes chuter de 40% à l'éclatement de la crise, contre près de 50% Swatch même près de 50%. Le sprint final risque donc d'être serré.
SLI et SMIM
Le SLI, qui élargit à 30 le nombre des principales cotations sur SIX, va aussi connaître des changements. Le chimiste de spécialités Clariant, relégué à la 38e position, devrait céder sa place au revenant Vifor.
Le chocolatier industriel Barry Callebaut n'a que de faibles espoirs d'être promu, malgré les spéculations qui avaient enflé fin avril suite à la cession d'une participation de 10% de l'actionnaire de référence Jacobs, qui avait entraîné une augmentation correspondante du flottant. La transaction est cependant sans doute intervenue trop tard pour avoir un impact durable sur le classement.
Au SMIM., qui recense les 30 entreprises arrivant juste derrière le SMI, le groupe industriel Oerlikon pourrait se voir poussé vers la sortie par l'apothicaire en ligne Zur Rose, qui a profité à plein de l'essor du commerce électronique induit par la crise sanitaire.
Au-delà du prestige
L'appartenance à un indice particulier est bien plus qu'une simple question de prestige. Le SMI en particulier est largement utilisé comme référence pour les investissements. A cela s'ajoutent des produits de fonds calés sur un indice.
En outre, de nombreux institutionnels ne peuvent investir que dans des actions figurant dans certains indices. Par conséquent, dès qu'un changement survient, on peut assister à des fluctuations importantes et inattendues des titres concernés.
Composantes incontestées de l'indice vedette, le paquebot alimentaire Nestlé et les poids lourds pharmaceutiques Roche et Novartis représentent à eux trois plus de la moitié de la capitalisation totale du SMI. (awp)