Après avoir conforté son troisième rang européen avec l’acquisition, finalisée début juin, de l’opérateur des Bourses espagnoles BME, le groupe SIX ne compte pas s’arrêter là. Il est en effet candidat à la reprise de la Bourse italienne, pour laquelle il a soumis une offre non contraignante. Dans un entretien avec le Corriere della Sera, Jos Dijsselhof, le CEO de l’exploitant de la Bourse suisse, indique même être disposé à inclure un partenaire italien pour assurer le succès de l’opération. L’acquisition de la Bourse de Milan et de sa plateforme obligataire MTS constituerait «un pas supplémentaire vers la création d’un champion européen d’envergure mondiale et profondément impliqué dans chacun des pays où il est présent » explique le CEO de SIX.
Offre jusqu'à 4 milliards
D’autres médias présentent même l’offre de SIX comme la plus généreuse, valorisant la Borsa Italiana jusqu’à 4 milliards d’euros, avec l’intention de préserver l’autonomie et l’enseigne de la Bourse italienne. Cette dernière appartient actuellement à la Bourse de Londres (LES) qui doit vendre sa filiale afin que les autorités européennes puissent approuver le rachat du pourvoyeur de données Refinitiv, pour 27 milliards de dollars.
Autres acquéreurs potentiels en lice
SIX n’est cependant pas le seul candidat au rachat de la Borsa Italiana. Euronext, opérateur de la Bourse de Paris et d’Amsterdam, a annoncé lundi le dépôt d’une offre en partenariat avec la CDP (Cassa depositi e prestiti) italienne, contrôlée par l’Etat, et la banque Intesa Sanpaolo. Deutsche Börse est également sur les rangs. Le délai pour le dépôt des offres de reprise était fixé à vendredi dernier 14 septembre.
Stratégie de croissance
SIX s’est engagé dans cette stratégie d’expansion européenne après avoir vendu en 2018, pour 2,77 milliards de francs, sa division des services de paiements (transactions par cartes et services à grande échelle aux commerçants) au groupe français Worldline, dans lequel il est devenu le principal actionnaire, minoritaire.
Dans l’interview précitée, le CEO de SIX justifie son intérêt pour la bourse italienne. Il souligne l’esprit d’innovation et le professionnalisme de son équipe de direction et met en évidence le potentiel à long terme du marché transalpin. SIX est prêt à envisager pour Borsa Italiana et sa plate-forme obligataire MTS une structure de gouvernance prenant en compte les intérêts de l’Etat italien et de l’ensemble du pays. Le CEO se réfère d’ailleurs en la matière à la reprise, finalisée fin juin, de l’opérateur espagnol BME.
L'acquisition espagnole BME comme référence
Mais quels avantages SIX a-t-il retiré de l’acquisition, pour 2,75 milliards de francs, de BME, dont les marges et les revenus ont évolué à la baisse ces dernières années? «Compte tenu de la forte consolidation du marché boursier européen, il faut être de taille toujours plus ample pour être rentable » expliquait Thomas Wellauer, le président de SIX depuis le 15 mars, dans un entretien avec Finanz & Wirtschaft paru fin juin, en misant sur de fortes synergies dans cette opération. «De plus BME était la Bourse européenne la plus importante, après SIX, encore autonome ainsi que l’une des rares à continuer de proposer une chaîne de valeur complète, depuis le négoce jusqu’à la post-négociation, a-t-il expliqué en misant sur de fortes synergies dans cette opération.
En novembre 2019, le CEO Jos Dijssselhof expliquait quant à lui que SIX et BME pouvaient renforcer leurs positions en unissant leurs forces dans leurs activités communes (négoce, clearing, settlement ou règlement et custody). De plus, l’opérateur de la bourse suisse estime pouvoir bénéficier du savoir-faire de BME dans les domaines obligataires, les instruments financiers dérivés et les indices, dans lesquels il est moins profilé.
Pas vraiment de substitut à l'équivalence boursière européenne
Le CEO avait en revanche assuré que l’acquisition n’avait rien à voir avec l’absence d’équivalence boursière pour SIX de la part des autorités européennes. Cette équivalence (dont la suppression a pourtant eu un impact favorable sur les volumes en actions suisses sur SIX) ne pourra être récupérée qu’après un refus de l’initiative de limitation en Suisse et un accord-cadre entre Berne et Bruxelles, selon Thomas Wellauer.
Il n’en reste pas moins que l’implantation de SIX sur deux marchés boursiers européens nationaux majeurs est de nature, dans le contexte politique actuel, à renforcer l’assise de la place financière suisse en Europe. D’autant que la réussite opérationnelle de ces intégrations et des synergies visées ne pourra être obtenue que par une approche suffisamment décentralisée des marchés concernés.