Le laboratoire delawarien Neurorx, jusqu'alors spécialisé dans le traitement des troubles bipolaires, s'était vu confier en septembre dernier le développement de l'aviptadil détenu par la société pharmaceutique genevoise Relief Therapeutics dans plusieurs indications liées à la pneumonie Covid-19.
En voie de rachat par Big Rock Partners, véhicule d'investissement spécifiquement dédié à l'acquisition de chaîne de logements pour aînés, Neurorx remet notamment en cause dans un volumineux formulaire adressé au gendarme de la concurrence américain les clauses de répartition des éventuels bénéfices réalisés sur cette petite molécule, conçue à l'origine contre les dysfonctions érectiles.
L'accord mondial conclu à l'automne dernier prévoyait une répartition à parts égales de ces bénéfices sur les marchés en Amérique du Nord et en Israël. La part dévolue à Relief s'élève à 85% sur le Vieux Continent et à 80% partout ailleurs.
Neurorx reproche notamment à la société de l'avenue de Sécheron d'avoir manqué à ses engagements de financement pour une extension imposée par l'agence sanitaire étasunienne (FDA) d'un premier volet clinique avancé contre la défaillance respiratoire Covid-19. Le laboratoire de Wilmington assure avoir aussi dû financer lui-même la reformulation du RLF-100 de Relief en un produit plus stable, rebaptisé depuis Zyesami.
Contre-argumentaire
Dans un argumentaire en «bullet points», Relief rétorque que Neurorx a refusé de partager les données cliniques de l'étude de phase IIb/III récemment finalisée et fait obstacle à la transmission d'informations par d'autres parties prenantes aux recherches. La firme genevoise assure en outre n'avoir pas réceptionné de justificatifs suffisants pour procéder au versement de tout ou partie des 4 millions de dollars réclamés par son sous-traitant.
Relief s'oppose par ailleurs à la recherche par Neurorx d'une source alternative de financement pour un nouveau volet clinique, évaluant une administration de l'aviptadil par inhalation plutôt que par intraveineuse chez des patients Covid-19 atteints de la forme modérée à sévère de la maladie. Les questions de stabilité de la formulation enfin auraient été connues de toutes les parties au moment de la conclusion de l'accord de coopération.
Si les dissensions éclatent désormais au grand jour, des indices au cours des derniers mois laissaient deviner des frictions. Le patron de Neurorx, Johnatan Javitt avait ainsi refusé mi-décembre son intégration au sein du conseil d'administration de Relief. Depuis début mars, le laboratoire du bout du lac est par ailleurs contraint de confirmer à posteriori l'avancement des recherches menées par son partenaire, alors que celles-ci faisaient auparavant l'objet de communications conjointes.
Interrogés par AWP, les protagonistes n'étaient pas dans l'immédiat en mesure de fournir de plus amples informations sur leurs dissensions.
L'Agence américaine des médicaments (FDA) avait rejeté fin décembre une première demande d'examen accéléré («Fast Track Designation») pour le Zyesami, réclamant une période d'observation des patients sur 60 jours au lieu de 28 prévus initialement. Neurorx a indiqué fin mars avoir désormais bouclé l'extension de ce chapitre de recherche et prévoir de déposer une nouvelle demande d'homologation en urgence aux Etats-Unis. (AWP)