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Pargesa ou le requiem des sociétés de participations genevoises

ANALYSE. La société à portefeuille basée à Genève disparaîtra en novembre prochain suite à sa fusion avec Parjointco et son retrait de la Bourse. Un tel modèle semble avoir vécu en Suisse.

Albert Frère. Il avait réactivé la société Pargesa en 1981 avec son ami Paul Desmarais pour extraire la Banque Paribas Suisse du groupe Paribas qui était en passe d'être nationalisé sous le président de la France d'alors, François Mitterrand. (Keystone)
Albert Frère. Il avait réactivé la société Pargesa en 1981 avec son ami Paul Desmarais pour extraire la Banque Paribas Suisse du groupe Paribas qui était en passe d'être nationalisé sous le président de la France d'alors, François Mitterrand. (Keystone)
04 septembre 2020, 15h54
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La société de participations Pargesa Holding sera dissoute et radiée du registre du commerce du canton de Genève dans le courant du mois de novembre. Ce sera la conséquence de l’approbation par l’assemblée générale extraordinaire, ce 4 septembre, de la fusion de la société du bout du lac avec Parjointco qui est contrôlée par les familles respectivement belge et canadienne, Frère et Desmarais. Cette opération résulte du retrait de la Bourse suisse de Pargesa, suite à l’offre publique d’échange réalisée cette année par Parjointco. Cette dernière et les parties associées détenaient 98,6% des droits de vote de Pargesa au 30 juin. Ce sera la fin d’une société d’investissement cotée emblématique, située en plein cœur de Genève, qui avait été ressuscitée en 1981 par les financiers Albert Frère et Paul Desmarais pour soustraire la Banque Paribas Suisse de la nationalisation du groupe Paribas après l’élection de François Mitterrand à la présidence de la France. Elle marque la fin d’un modèle d’affaires en Bourse suisse : une société à portefeuille diversifiée, mais sans trop l’être, et qui investit dans des entreprises cotées et privées, dans différents secteurs. D’autres sociétés de participations genevoises ont connu un sort analogue à celui de Pargesa : Sopafin, rachetée en 2002 par la société Hansa du financier Georg Von Opel, et la Société Financière de Genève (Sofigen), reprise en 1993 par Cerus, une autre holding du groupe du financier et industriel italien, Carlo De Benedetti. Ce dernier s’est rendu célèbre en 1988 par l’offre publique d’acquisition (OPA) lancée sur la Société Générale de Belgique. Certes, la fusion de Pargesa avec Parjointco répond à une simplification de la structure de ce groupe. Seule la société GBL (Groupe Bruxelles Lambert) est désormais cotée en Bourse (auprès d’Euronext Bruxelles). Pargesa détient directement 50% du portefeuille de GBL au plan patrimonial. Celui-ci a été rééquilibré ces dernières années, après avoir été trop exposé successivement aux secteurs de la finance et de l’énergie et en être sorti. Les trois plus grandes participations de GBL sont aujourd’hui Adidas (une part de 17,6% au 30 juin), SGS (17,1%) et Pernod Ricard (15,3%). GBL est le plus important actionnaire de SGS, le leader mondial de l’inspection et de la certification également basé à Genève, avec une participation de 18,9%. Les anciens actionnaires de Pargesa ont pu échanger leurs titres contre des actions GBL pour bénéficier du potentiel que recouvre ce portefeuille. Toutefois, il s’agit de titres cotés en euros et non plus d’un investissement en francs suisses. René Weber chez Banque Vontobel a été le dernier analyste financier à suivre publiquement Pargesa avant d’arrêter la couverture de ce groupe en juin dernier. La disparition de Pargesa met aussi en relief le désamour déclaré en Suisse des investisseurs institutionnels pour les sociétés de participations. Pour plusieurs raisons, dont une décote persistante de l’actif net ou de la valeur nette d’inventaire (VNI) sur le cours de l’action dans la grande majorité des cas. Par ailleurs, ils n’aiment pas la volatilité des actions de telles firmes. Ils préfèrent posséder des fonds de placement, généralement plus diversifiés, et qui se négocient à leur VNI. Finalement, ils considèrent qu’ils peuvent détenir directement les sociétés cotées dans lesquelles investit une société à portefeuille.  Il existe encore des sociétés de participations cotées sur le marché suisse, mais elles sont spécialisées, dans l’immobilier, par exemple avec Swiss Prime Site (SPS) ou Mobimo, dans le secteur de la santé avec BB Biotech et HBM Healthcare Investments, dans le private equity avec Castle Private Equity, Spice PE et Private Equity Holding. Un autre cas spécifique est Nebag qui investit dans des petites et moyennes capitalisations suisses.