12 octobre 2020, 19h18
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Une étape importante a été franchie mardi par la fintech genevoise Mt Pelerin, en collaboration avec la banque Reyl, SIX et ShareCommService. Celle d’instaurer un système de compatibilité entre les actions d’entreprises incorporées sous forme de jetons (security tokens) et les actions utilisées dans la finance traditionnelle.
Le système de Mt Pelerin permet à une action (ou tout autre titre) d’entreprise d’exister sous deux formes: une numérique (tokénisée) et une traditionnelle sur les marchés, respectant le standard mondial d’identification des titres: le code ISIN (International Securities Identification Number).
Ce dernier est l’unique moyen aujourd’hui pour les investisseurs institutionnels de procéder à des dépôts, des échanges, des compensations et des règlements sur les marchés. Avec ce code, une action sous forme de jeton devient compatible avec les systèmes de données financières utilisés par les investisseurs, qui n’ont pas à changer la manière dont ils fonctionnent. Toute entreprise peut désormais incorporer ses actions sous l’une des deux formes (ou les deux), puis les convertir d’une forme à l’autre, si nécessaire.
«Le code ISIN, qui lie chaque titre est incontournable, mais il ne permettait pas aux acteurs traditionnels plutôt lents dans l’adoption des nouvelles technologies d’accéder aux jetons numériques. Avec notre procédé, la passerelle entre les deux mondes, le digital et la finance traditionnelle, existe désormais et permet aux acteurs traditionnels d’aller vite dans l'adoption de ces véhicules numériques relativement récents (les security tokens)», précise Arnaud Salomon, fondateur et CEO de Mt Pelerin, fintech pionnière dans la tokénisation d’actifs en 2018.
Le pont entre ces deux univers permet aux jetons numériques d'être échangeables en dehors de la blockchain. C'est là qu'interviennent Reyl, comme banque dépositaire; SIX, comme fournisseur d'ISIN et ShareCommService comme établissement de registre de ce code ISIN
Pour Arnaud Salomon: «Les trois acteurs que nous avons choisis nous offrent l’avantage d’être compétitifs en termes de coûts. A la différence des autres acteurs de la tokénisation qui proposent des tarifs bien supérieurs à ceux de la finance traditionnelle, du fait de faibles volumes de transactions.»
En Suisse, le contexte règlementaire est favorable à la tokénisation des actifs grâce à la lex DLT (distributed ledger technology), qui permet aux acteurs fintech de prendre des droits valeur inscrits comme des titres intermédiés et donc leur donner un code ISIN. Et le fondateur de Mt Pelerin de préciser: «A la différence de la France ou du Luxembourg où la lex blockchain est plutôt mal comprise par les régulateurs, la Suisse est neutre vis-à-vis de la technologie. Elle ne légifère pas sur une technologie, mais sur son contexte d’utilisation. Ce qui nous permet d’avancer vite.»
La fintech Mt Pelerin – non cotée à la Bourse suisse mais dont les actions tokénisées s'échangent de gré à gré sur la blockchain – a vendu 5% de son capital au public en 2018 pour plus de 2 millions de francs suisses. Cette nouvelle compatibilité des actions tokénisées et traditionnelles lui donnera l’opportunité d’attirer des investisseurs institutionnels pour sa prochaine levée de fonds. Elle a détokénisé 10% de ses propres actions, qui ont désormais leur code ISIN.