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L’ombre d’une augmentation de capital plane sur Implenia

ANALYSE. L’action du groupe de construction et de services immobiliers est au plus bas. La part des fonds capitaux propres est trop faible. Une émission d’actions paraît inévitable.

La valeur boursière d'Implenia s'élève à moins de 360 millions de francs.
La valeur boursière d'Implenia s'élève à moins de 360 millions de francs.
28 octobre 2020, 16h29
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Inspirer confiance n’est pas précisément l’apanage actuel des dirigeants d’Implenia. Le président Hans-Ulrich Meister, un ancien banquier, et le CEO André Wyss ont nui à leur crédibilité avec l’annonce mardi de mesures douloureuses qui ont fait l’effet d’une douche froide pour le marché boursier. Les ajustements de portefeuille, restructurations, licenciements, amortissements et réorganisation des activités ainsi que des fonctions qui sont prévus n’ont pas été du goût des investisseurs. L’action a ainsi perdu plus de 20% mardi et continue de s’effriter. Elle est au creux de la vague, à un peu moins de 20 francs. Ces effets extraordinaires, auquel s’ajoute un impact négatif de 50 millions de francs dû à la pandémie, causeront une perte d’exploitation de 200 millions en 2020. Celle-ci n’est pas de nature à améliorer le bilan du leader des services de construction et immobiliers en Suisse ! Au contraire, la probabilité d’une augmentation de capital à un moment défavorable, soit à un cours de l’action déprécié, paraît plus que jamais élevée. Or, plus le prix de l’action est bas, plus un nombre élevé de nouvelles actions est nécessaire pour atteindre un montant visé.   Le management d’Implenia paie aujourd’hui le tribut d’une expansion trop agressive, en particulier dans le génie civil et en Suède.     Le ratio de fonds propres consolidés de l’entreprise basée à Dietlikon (ZH) s’établissait à 16,7% au 30 juin dernier. Une part supérieure à 10% est prévue pour la fin de l’année. «C’est un niveau critique», considère Martin Hüsler, analyste à la Banque cantonale de Zurich. De fait, un tel seuil est nettement inférieur à la moyenne des entreprises suisses cotées. «Le risque existe qu’Implenia doive renforcer son bilan, avec pour conséquence une forte dilution», commente pour sa part Bernd Pomrehn chez Vontobel. Une telle éventualité pèse sur le cours de l’action.  

Pas de problème de liquidités 

Les liquidités d’Implenia avoisinaient 650 millions de francs à fin juin 2020, équivalant alors aux dettes financières. Mais il faut aussi tenir compte de la valeur des contrats en cours, des avances faites par les clients et autres coûts y relatifs, soit 1 milliard de francs au total. Aussi, l’entreprise doit conserver un volant suffisant de liquidités. C’est un gage de confiance.    «Implenia n’a pas de problèmes de liquidités et n’a pas l’intention d’augmenter le capital», ont assuré mardi  André Wyss et le directeur financier, Marco Dirren. Et d’ajouter : «Nous sommes confiants dans la réalisation d’une bonne performance dans toutes les divisions en 2021.» Un bénéfice d’exploitation (Ebit) de 100 millions de francs est anticipé pour l’an prochain. Encore faut-il que la conjoncture ne se détériore pas davantage !   Le potentiel de revalorisation du portefeuille en développement sera aussi susceptible d’améliorer le ratio de fonds propres à plus de 20% d’ici à deux ans. De même que les bénéfices attendus en 2021 et en 2022. L’accentuation et l’accélération des initiatives stratégiques programmées ainsi que la cession d’activités périphériques et l’externalisation d’actifs intenses en capital y contribueront également. Implenia compte diminuer de 20% sa base d’actifs d’ici à 2023.   Un autre élément contributif sera les bénéfices et les dividendes attendus de la société immobilière Ina Invest, dans laquelle Implenia détient une participation de 42,5%. Une séparation (spin-off) d’Ina Invest a eu lieu au mois de juin dernier. La valeur boursière de cette dernière s’élève à 152 millions de francs. Celle d’Implenia, à près de 360 millions, soit un peu moins de 8 fois le cash-flow libre en moyenne lors des cinq dernières années.