La panne informatique – une première dans l'histoire du contrôle aérien suisse – a été découverte vers 04h00, a indiqué Skyguide. En fin de matinée, le contrôleur aérien qui fête son centenaire cette année a identifié la panne en question: un dysfonctionnement du réseau au centre de calcul de Genève.
Jusqu'à 4 heures de retard
Au départ de Genève, quelque 2000 passagers de la première vague de vols, dès 06h00, étaient en attente de pouvoir embarquer, avec plus de trois heures de retard, a expliqué le porte-parole de la plateforme aéroportuaire Ignace Jeannerat.
Un premier avion, de British Airway, a décollé de Cointrin vers 09h30. Les décollages auront connu deux à quatre heures de retard. Treize vols ont été annulés, a constaté un journaliste de Keystone-ATS sur place. «La priorité est de faire décoller les avions. Pour les conséquences économiques, il faut nous donner plus de temps. Cette journée n’est de loin pas terminé», a commenté à chaud André Schneider, le directeur de la plateforme aéroportuaire, joint par téléphone en milieu de matinée. Ce mercredi était une journée moyenne en terme de vols (330) et de passagers (33.000) pour Cointrin, a indiqué le communicant Ignace Jeannerat.
À Genève, le trafic s'est sensiblement redressé depuis mars, dépassant à nouveau la barre du million de passagers par mois. En mai dernier, ce sont 1,14 million de passagers qui ont sont passés par son terminal, selon les statistiques provisoires de l'aéroport de Genève.
A Zurich, les vols ont aussi pu reprendre progressivement dès 08h30. Selon les indications de l'aéroport, 77 vols ont dû y être annulés et 15 avions ont dû atterrir ailleurs. Depuis 10h00, le trafic aérien fonctionnait à nouveau à 100% de sa capacité.
Zurich est le premier aéroport de Suisse avec plus de 10,2 millions de passagers qui ont embarqué ou transité par ses terminaux en 2021. Le trafic est remonté à plus de 1,9 million en mai dans cet aéroport.
L'aéroport de Berne-Belp n'a, pour sa part, pas été concerné. Aucun vol n'était prévu mercredi matin, selon son directeur.
Aéroports voisins
Bien qu'il soit sous le contrôle aérien français, l'EuroAirport de Bâle-Mulhouse a été lui aussi impacté par la panne. Dans l'ensemble, peu de vols prévus en début de matinée ont pu décoller de Bâle-Mulhouse ou y atterrir. L'EuroAirport a néanmoins pu accueillir au moins deux avions de la compagnie Swiss qui auraient dû atterrir à Zurich.
Outre Bâle-Mulhouse, les avions en route pour la Suisse ont dû se rabattre sur des aéroports à l'étranger, en général les plus proches des vols concernés. Selon le portail Flight Radar, le vol Swiss en provenance de Dubaï a par exemple atterri ce matin à l'aéroport de Milan, tout comme le vol en provenance de Johannesburg.
6400 passagers concernés chez Swiss
De son côté, la compagnie aérienne Swiss a fait savoir que la majorité des avions détournés en début de matinée ont pu reprendre leur route pour Zurich. Une normalisation du trafic était attendue dans le courant de la journée, a écrit la compagnie aérienne.
Trente vols court-courriers de Swiss au départ et à destination de Zurich et de Genève ont été annulés jusqu'à midi, ce qui concerne environ 6400 passagers. Des solutions ont été recherchées pour les clients touchés, par exemple sous la forme de modifications de réservations. «La panne de système d'aujourd'hui est une circonstance exceptionnelle. C'est pourquoi Swiss ne verse aucune indemnité, mais prend en charge les prestations d'assistance telles que les repas, les frais de téléphone, l'hébergement à l'hôtel en cas de retard prolongé et le transfert jusqu'à l'hôtel», a précisé par écrit la compagnie aérienne. En revanche, l’entreprise n'a pas voulu s'exprimer sur les conséquences financières de la panne.
Le Centre national de cybersécurité a été impliqué dans la recherche de la cause de la panne. Une cyberattaque a cependant été définitivement exclue, selon Skyguide.
La panne ayant été localisée au sein du centre de calcul de Genève, le contrôleur du ciel aurait pu assurer sa tâche depuis son deuxième centre, à Dübendorf (ZH). Mais comme ce incident a touché le réseau, il ne restait d'autre choix que de fermer l'espace aérien, par mesure de sécurité.
Incident important, selon l'OFAC
Les compagnies aériennes et les pilotes en vol ont été informés via le système NOTAM (Notice to airmen). En raison de la défaillance du système de Skyguide et selon un processus pré-établi, c’est son homologue autrichien Austro Control qui a distribué le NOTAM que Skyguide lui a fourni, a précisé l'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC).
Avec le Département fédéral des transports (DETEC), l'OFAC a été informé tôt mercredi matin par Skyguide de l'incident technique, dû à la défaillance d’une composante informatique. Il s’agit d’un incident important, que l’OFAC ne peut pas négliger, compte tenu aussi des conséquences significatives, a précisé son porte-parole Antonello Laveglia. "Selon les informations que nous avons reçues, environ 80 avions ont dû être redirigés", a-t-il encore précisé.
Le DETEC a chargé Skyguide de lui fournir, dans un rapport, des indications sur les causes de la fermeture, les mesures prises pour y remédier et une analyse à ce sujet. L'OFAC a en outre informé les passagers aériens concernés via Twitter et le site Internet de l'OFAC de la marche à suivre dans ce type de situation.
Le contrôleur du ciel regrette cet incident et ses conséquences pour ses clients et partenaires ainsi que pour les passagers des deux aéroports nationaux. Son directeur a déjà prévenu que les compagnies aériennes ne pourront pas se retourner contre Skyguide pour financer les désagréments. (ATS avec l'AGEFI)