La pandémie de Covid-19 a durement touché l'horlogerie en 2020, qui a néanmoins pu compter sur la demande soutenue en Chine pour limiter les dégâts. Le secteur a vu ses exportations plonger de 21,8% en rythme annuel à 16,98 milliards de francs, une dégringolade inégalée depuis l'éclatement de la crise financière de 2008.
Corrigée du renchérissement, la chute a atteint 25,6%, selon les chiffres fournis jeudi par l'Administration fédérale des douanes (AFD). Dans son ensemble, l'industrie du luxe a subi le choc le plus fort l'année dernière. La bijouterie, la joaillerie et l'horlogerie sont les secteurs les plus touchés, précise l'AFD.
La Chine a dopé la demande pour les garde-temps helvétiques à l'étranger. Alors que pratiquement tous les marchés s'inscrivent à la baisse, les exportations en direction de l'Empire du Milieu ont progressé d'un cinquième l'année dernière à 2,39 milliards de francs, détaille la Fédération de l'industrie horlogère suisse (FH) dans un communiqué distinct.
Les Etats-Unis (-17,5%) et Hong Kong (-36,9%) complètent le trio de tête des débouchés pour l'horlogerie suisse, avec des livraisons annuelles respectives de 1,99 milliard et 1,70 milliard de francs.
Oman (+73%) et l'Irlande (+612%) constituent les deux rares exceptions de pays en hausse, avec cependant des volumes anecdotiques de quelque 130 millions de francs.
Hong Kong était le principal marché d'exportation pour l'horlogerie suisse avant la crise sanitaire. En 2019, les volumes dans l'ancienne colonie britannique avaient même dépassé les 3 milliards de francs.
Le secteur a écoulé un tiers de moins de montres-bracelets à l'étranger en 2020, pour un total de 13,8 millions de pièces valant 16,12 milliard de francs (-21,4%). Tous les continents affichent des contractions très importantes dans ce segment.
Tableau contrasté en décembre
Au mois de décembre, une nouvelle amélioration est constatée. Les exportations horlogères ne se sont contractées "que" de 2,5% sur un an en termes nominaux, à 1,72 milliard de francs. En novembre et octobre, les baisses avaient atteint respectivement 3,2% et 7,1%.
Pour le dernier mois de l'année, la FH parle de "légère baisse" marquée par de "fortes disparités". Quelque 1,5 million de montres-bracelets (-12,9%) ont été livrées à l'étranger pour un montant de 1,64 milliard de francs, en recul de 2,2%. Dans cette catégorie, les garde-temps en métaux précieux (-10,6%) et les produits bimétalliques (-8,1%) ont subi un repli marqué des volumes. Les exportations de montres en acier ont progressé de 6,3% à 928,1 millions de francs.
La Chine a encore renforcé son emprise sur les statistiques en décembre, ce marché ayant généré à lui seul 306,6 millions de francs d'exportations, soit un bond de 45% sur un an. Le recul aux Etats-Unis est resté moindre (-2,4% à 187,1 millions), alors qu'un plongeon de près de 20% est constaté pour Hong Kong, à 175,8 millions.
Le niveau des exportations en décembre est supérieur à celui escompté par la Banque cantonale de Zurich. Les Chinois ont continué à consommer sur leur marché domestique et renoncé aux voyages à l'étranger en raison de la pandémie de Covid-19. La chute des exportations totale sur l'année est similaire à celle enregistrée en 2009 (-22,3%), juste après l'éclatement de la crise financière.
La baisse des exportations devrait s'interrompre en février-mars, en raison d'une base de comparaison plus favorable, note l'analyste Patrik Schwendimann. Les premiers effets de la crise sanitaire s'étaient fait ressentir au premier trimestre 2020 pour le secteur horloger.
Dans ce contexte, les groupes Swatch et Richemont devraient tirer leur épingle du jeu, grâce à une base de coûts moins élevée. La hausse disproportionnée des ventes va ainsi se répercuter très favorablement sur la rentabilité. Les deux titres sont à "pondérer au marché".
A 10h04, la porteur Swatch cédait 2,7% à 246 francs. Le géant biennois a publié ses chiffres annuels ce jeudi, subissant une perte de 53 millions sur 2020. La nominative Richemont reculait de 0,6% à 82,26 francs. L'indice SMI lâchait 1,54%. (awp)