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Les écarts salariaux se sont creusés durant la pandémie

En 2020, l'écart salarial dans les grandes entreprises suisses représentait un rapport de 1 à 137 entre le salaire le plus bas et celui le plus haut, selon un rapport d'Unia.

Les écarts salariaux se sont creusés durant la pandémie
Keystone
29 juin 2021, 13h33
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La crise du coronavirus a vu les écarts salariaux se creuser davantage, aggravant les inégalités déjà présentes en Suisse, selon Unia. De nombreux travailleurs ont été touchés par le chômage partiel, alors que CEO et actionnaires "se sont remplis les poches".

En 2020, l'écart salarial dans les grandes entreprises suisses représentait un rapport de 1 à 137 entre le salaire le plus bas et celui le plus haut, selon l'étude sur les écarts salariaux 2021 du syndicat Unia, publiée mardi. Ce dernier a passé en revue 37 entreprises, dont 33 sont cotées en bourse.

L'entreprise pharmaceutique Roche a affiché la différence salariale la plus importante, avec un rapport de 1 à 298 (14,6 millions de francs de rémunération pour le CEO Severin Schwan), selon l'étude. Trois autres directeurs généraux ont également reçu plus de 10 millions de francs en 2020: Sergio P. Ermotti d'UBS (13,3 millions), Ulf Mark Schneider de Nestlé (10,7 millions) ainsi que Vasant Narasimhan de Novartis (10,4 millions).

Dans les sociétés examinées, les salaires les plus bas s'élevaient à une médiane de 3939 francs par mois, ce qui signifie que, dans la moitié de ces entreprises, le salaire le plus bas est inférieur à 4000 francs. Ces bas revenus suffisent à peine pour vivre, fustige Unia.

Le syndicat dénonce aussi le fait que certaines entreprises aient augmenté les salaires de leurs CEO alors qu'elles essuyaient des pertes. Dans la pharma Alcon, le salaire le plus élevé a progressé de 11% en un an (7,6 millions de francs) malgré des pertes de 498 millions de francs, illustre-t-il.

Actionnaires

Les actionnaires ont aussi "profité", selon le syndicat. Les dividendes versés ont augmenté de près de 5% en 2020, en période de pandémie. Les versements de dividendes et rachats d'actions pour les 32 sociétés cotées dont les informations pertinentes sont connues se sont élevés à 60,6 milliards de francs au total, d'après l'étude.

Plus de quatre cinquièmes (83%) du montant total de ces versements sont à attribuer à seulement dix entreprises. Y figurent notamment Nestlé, Roche et Novartis, qui ont versé un montant de 33,1 milliards de francs à leurs actionnaires.

En parallèle, les charges de personnel ont baissé de 5% par rapport à l'année précédente, note l'étude. Sur le total des versements, les 1,3 million d'employés des sociétés analysées en ont reçu 67%, contre 33% pour les actionnaires.

Unia pointe spécialement les entreprises EMS Chemie, Partners Group, Swiss Re et Nestlé, qui ont versé plus d'argent aux actionnaires qu'aux employés en 2020. EMS Chemie arrive en tête, dont les actionnaires ont reçu 468 millions de francs (+6 millions), soit 69%. Les filles de Christoph Blocher en ont touché presque 49% à elles seules, ce qui correspond à plus que l'ensemble des charges de personnel (31%), relève le syndicat.

L'étude avance par ailleurs que quatorze entreprises ont versé des dividendes pour un total de 8,2 milliards de francs, bien qu'elles aient touché des indemnités de chômage partiel. Il a souvent été décidé de verser les mêmes montants de dividendes, voire des montants plus élevés, alors que certaines sociétés ont supprimé des emplois ou annoncé des licenciements, accuse Unia.

A titre de comparaison, beaucoup d'employés se sont retrouvés dans "une situation financière extrêmement précaire" à cause du coronavirus, développe le syndicat. Dans le domaine de la restauration et de l'hébergement par exemple, qui sont "des branches à très bas salaires", quelque 35% des employés ont été concernés par le chômage partiel et ne touchaient donc souvent que 80% de leur salaire. (awp)

Fortes différences de revenus après l'apprentissage

Cinq ans et demi après la fin de leur apprentissage, les titulaires disposent d'un revenu mensuel brut médian de 5270 francs pour un emploi à plein temps. De fortes différences existent selon les branches. Les revenus sont les plus élevés dans les technologies de l'information et de la communication (6372 francs).

Le personnel soignant touche également plus de 6000 francs (6061), selon les résultats d'une statistique expérimentale publiée mardi par l'Office fédéral de la statistique (OFS). Les revenus sont en revanche d'environ 4800 francs dans la vente, les services aux particuliers et dans le domaine "lettres, arts et sciences sociales".

Une partie de ces différences peut s'expliquer par la poursuite bien plus fréquente des premiers par rapport aux seconds vers des études dans le degré tertiaire ou par la durée plus longue de l'apprentissage, souligne l'OFS.

Par ailleurs, les titulaires d'une maturité professionnelle de type I (MP1) bénéficient d'un revenu plus élevé: ils gagnent 5730 francs par mois, soit 10% de plus que ceux qui ont fait un CFC (5220 francs). Le revenu médian le plus bas est celui des titulaires d'une attestation fédérale de formation professionnelle (AFP, 4550 francs).

L'étude relève que, conjointement à l'expérience, les personnes qui continuent à se former bénéficient d'une progression plus élevée de leur revenu.

Le salaire médian culmine à 5710 francs pour le quart des personnes qui ont continué leur formation dans le degré tertiaire et à 5990 pour les personnes qui ont déjà obtenu un titre du degré tertiaire dans une école supérieure ou une haute école spécialisée. C'est respectivement 440 et 800 francs de plus que celles qui n'ont jamais été en formation après leur titre.

Les différences de salaires habituellement constatées entre les régions linguistiques se reflètent également dans les revenus des certifiés. En Suisse italienne, les revenus des titulaires d'un CFC ou d'une MP1 sont moins élevés que dans le reste de la Suisse.

Cinq ans et demi après l'obtention du titre, le revenu médian est de 4850 francs en Suisse italienne, contre 5200 en Suisse romande et 5270 francs en Suisse alémanique et romanche. Ces différences régionales doivent toutefois aussi tenir compte du niveau des prix, souligne l'OFS. (awp)