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Les banques peinent à trouver leur place sur le terrain des prêts entre particuliers

Face à la nouvelle concurrence du crowdlending, le prêt entre particuliers, les banques réagissent mais les résultats sont mitigés.

Une quinzaine de plateformes de mises en relation entre les emprunteurs et les investisseurs sont actuellement opérées en Suisse.
Keystone
Une quinzaine de plateformes de mises en relation entre les emprunteurs et les investisseurs sont actuellement opérées en Suisse.
13 août 2021, 13h45
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Le prêt entre particuliers ("crowdlending"), qui permet d'emprunter sans faire appel à une banque, a la cote. De plus en plus connu, ce moyen de financement est également utilisé par des entreprises, des associations et des institutions publiques. Face à cette nouvelle concurrence, les banques réagissent, mais les résultats sont mitigés.

Une quinzaine de plateformes de mises en relation entre les emprunteurs et les investisseurs sont actuellement opérées en Suisse, selon le comptage de la Haute Ecole de Lucerne dans son étude sur le secteur. Mais 80% à 90% du marché est monopolisé par trois à cinq plateformes, une concentration assez forte, explique Simon Amrein, co-auteur de l'étude.

Ces entreprises, en respectant certaines conditions, n'ont généralement pas besoin de licence bancaire pour exercer. Leurs services se concentrent sur la sélection des emprunteurs avec une évaluation des risques. Seulement 10% à 15% des demandes de crédits sont ainsi acceptées, explique M. Amrein. Pour beaucoup de petites et moyennes entreprises, le crowdlending peut être une solution adéquate: "Ces plateformes offrent un service rapide, flexible et intéressant au niveau des coûts, de mon impression ", juge M. Amrein.

"Chez nous, évaluer une demande de crédit prend une trentaine de minutes pour une personne privée et 24 heures pour une entreprise...dans une banque, le processus peut prendre cinq semaines

Michael Borter, directeur général de Cashare


"Chez nous, évaluer une demande de crédit prend une trentaine de minutes pour une personne privée et 24 heures pour une entreprise, sous réserve de l'obtention de tous les documents nécessaires. Dans une banque, le processus peut prendre cinq semaines", explique Michael Borter, directeur général de Cashare, une de ces plateformes de Crowdlending.

Pour l'entrepreneur, le prêt entre particuliers comble un besoin non adressé par les banques, qui n'octroient qu'avec réticence des crédits inférieurs à un million pour les petites entreprises. "Ces crédits sont jugés peu attrayants au niveau des marges". Sur sa plateforme, les crédits alloués aux PME s'élève en moyenne à 250'000 francs et dépassent rarement le million.

Les banques réagissent

La concurrence réagit et plusieurs banques se sont lancées sur le marché. La Banque cantonale de Lucerne (LUKB) a ajouté à sa plateforme de financement participatif funders.ch les activités de prêts entre particuliers en 2018, encourageant d'autres banques cantonales à la suivre, notamment celles de Berne, Nidwald et Obwald. "La LUKB est entrée sur un terrain nouveau, souhaitant en premier lieu accumuler de l'expérience", a indiqué à AWP une porte-parole.

"Actuellement, la demande de prêts est limitée, en raison des exigences que nous imposons aux emprunteurs et à un marché offrant des liquidités bon marché", explique-t-elle. Depuis le début du projet, la banque a pris en compte que le crowdlending pourra à long terme concurrencer ses activités de crédits avec les PME. "Mais pour l'instant, ce n'est pas le cas", a-t-elle assuré.

Postfinance s'est essayé à une collaboration avec la fintech berlinoise Lendico, avant de revendre la plateforme à Lend en 2019, en prenant tout de même une participation dans ce dernier. "Nous pensons que le crowdlending répond à un besoin des clients pour un canal de distribution numérique alternatif", a indiqué à AWP une porte-parole.

Ce canal gagnera en importance à l'avenir et continuera à s'imposer sur le marché comme un complément aux offres existantes des prestataires de services financiers

Porte-parole de Postfinance


"Ce canal gagnera en importance à l'avenir et continuera à s'imposer sur le marché comme un complément aux offres existantes des prestataires de services financiers", a-t-elle ajouté. Postfinance examine "en permanence" les possibilités de coopération avec ces plateformes.

En collaboration avec Swisscom, la BLKB a également fait ses premiers pas dans le crowdlending, avant de faire marche arrière.

Les projets n'ont pour le moment pas rencontré le succès espéré, de l'avis de M. Borter. "Les raisons (des échecs) sont variées. On peut ainsi imaginer que des divergences existaient en interne, pour des motifs politiques et par crainte de cannibaliser les circuits habituels", souligne M. Borter. Pour lui, la solution passe par des collaborations entre les banques et les plateformes de crowdlending, porteuses de synergies intéressantes. "Ces synergies profiteraient à l'économie suisse fortement soutenue par ses PME".(Ophélie Lasnier-AWP)