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Le secteur financier mobilisé pour la cause climatique

L’investissement direct peut être plus efficace que le marché secondaire des actions pour le financement d'une économie pauvre en carbone, selon le rapport de Swiss Sustainable Finance (SSF).

Le secteur financier mobilisé pour la cause climatique
19 novembre 2020, 7h22
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Pour concrétiser les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, Swiss Sustainable Finance (SSF) publie ce jeudi un vaste rapport sur le Financement d’une économie à faible teneur en carbone. Ce répertoire montre aussi que l’industrie financière suisse dispose déjà d’une expérience approfondie dans le développement de solutions en la matière. Pourtant, les financements directs de nouveaux projets et de nouvelles entreprises peuvent être plus efficaces que les instruments disponibles sur le marché secondaire des actions cotées. Même si ces derniers restent des pièces majeures du puzzle, relèvent, dans la préface de ce rapport, Sabine Döbeli, CEO de SSF, et Jean-Daniel Gerber, président. 

Rôle catalyseur de la finance carbone

SSF explique que les acteurs financiers - compte tenu de leur position centrale d’intermédiaire et de leur capacité à allouer les capitaux et à soutenir l’économie réelle - jouent un rôle essentiel dans la transformation de nos économies et sociétés en un système qui réduit les émissions de gaz à effets de serre. Le secteur financier permet aux différents pays de la planète de définir des objectifs plus clairs à cet égard. Et de se conformer aux engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris qui entend limiter le réchauffement climatique à moins de 2 degrés, si possible à 1,5 degré, d’ici 2100 (par rapport à l’ère préindustrielle).

Potentiel des caisses de pension sur les marchés privés

Les investissements directs deviennent-ils dès lors prioritaires ? «Selon SSF, Tous les instruments sont importants. Ils s’adressent à différents acteurs. Tous les investisseurs ne peuvent pas se lancer sur les marchés privés, ils peuvent donc utiliser des instruments qui s’appuient sur les actions et les obligations cotées en bourse. Mais ceux qui en ont la possibilité sont invités à recourir aux investissements du marché privé. Les fonds de pension suisses, en particulier, pourraient utiliser bien davantage les approches de private equity dans une perspective à plus long terme » répond à L’Agefi Jean Laville, directeur adjoint de Swiss Sustainable Finance à Genève.

La voie entrepreneuriale de l'investissement direct

L’investissement direct dans les entreprises non cotées est présenté dans le rapport comme la voie entrepreneuriale pour favoriser le développement d’une économie verte. Quant aux placements dans les jeunes entreprises ou startup, ceux-ci jouent un rôle crucial pour tester et développer des solutions innovantes visant à diminuer l’utilisation des ressources et à réduire le niveau actuel de consommation en carbone de notre économie. Mais ils recèlent des risques plus élevés. Il convient par conséquent, selon les auteurs, de les fédérer dans des fonds pour permettre aux investisseurs institutionnels d’investir dans cette classe d’actifs et allouer ainsi de nouveaux capitaux aux start-up qui s’emploient à accélérer la transition.

17 instruments analysés

Le rapport présente en détail une liste de 17 instruments disponibles, en résume le fonctionnement et en évalue le degré de maturité sur le marché suisse. «Les obligations vertes par exemple, pourtant bien établies au plan mondial, recèlent un potentiel considérable pour le marché suisse » a estimé Anja Bodenmann, responsable de projet de SSF, lors de la conférence en ligne qui s’est tenue jeudi matin. Chercheur sur les politiques énergétiques et maître de conférences à l’EPFZ, Bjarne Steffen a jugé quant à lui qu’il est temps pour la Confédération d’émettre des obligations vertes, après celles émises par des cantons, celui de Genève notamment. «Ce serait un signal fort pour les marchés internationaux. Comme cela s’est produit en Allemagne il y a deux mois ».

Efficacité rehaussée par des avantages fiscaux selon l’ASB

Pour Jörg Gasser, le CEO de l’Association suisse des banquiers ASB, «durabilité et compétitivité, loin de s’exclure, sont les deux vecteurs principaux du changement » visé. A son avis, le développement de solutions novatrices requiert des conditions cadres politiques appropriées. Ces dernières doivent procurer au centre financier suisse une flexibilité suffisante pour faire de la finance durable un avantage compétitif. Le CEO de l’ASB prône ainsi des incitations fiscales et des mesures orientées marchés. Il «rejette en outre clairement les restrictions liées à l’interdiction du financement d’activités parfaitement légales». Enfin, l’émission et le négoce d’instruments financiers, y compris de 14 des 17 produits présentés dans le rapport, devraient bénéficier, selon lui, d’avantages fiscaux pour déployer pleinement leur potentiel.