Le marché agroalimentaire traverse une période marquée par les vents inflationnistes, ce qu’ont rappelé les résultats du néerlandais Unilever la semaine dernière. Mais, sur les bords du Léman, Nestlé a présenté ce jeudi un exercice 2021 rassurant. «Notre groupe reste stable et fiable, malgré les problèmes touchant les chaînes d’approvisionnement», a indiqué le CEO Mark Schneider, durant une conférence de presse en ligne. «La société a le portefeuille nécessaire pour résister à la tempête», approuve Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux.
En bref, le chiffre d’affaires du géant veveysan a grimpé de 3,3% à 87,1 milliards de francs. Et sa croissance organique a atteint 7,5%, le double de celle affichée en 2020; une croissance tant portée par les marchés développés (7,2%) qu’émergents (7,8%). Quant au bénéfice net, il a bondi de 38,2% à 16,9 milliards, grâce à la vente partielle de la participation dans L'Oréal. Selon Moshmi Kamdar, analyste à l’Union bancaire privée (UBP), ces résultats n’ont réservé aucune surprise majeure, «ce qui a entraîné une réaction terne sur les marchés (+0,10% à la clôture)». Nestlé a indiqué s’attendre à une croissance organique de ses ventes de 5% pour l'exercice 2022, «une prévision qui pourrait s'avérer un peu ambitieuse vu la forte exposition du groupe aux catégories de consommation à domicile», indique encore l’analyste de l’UBP.
Cette prévision pourrait s'avérer un peu ambitieuse vu la forte exposition du groupe aux catégories de consommation à domicile
Moshmi Kamdar, de l'UBP
Trois catégories sortent du lot: les aliments pour animaux, le café – tiré surtout par la gamme estampillée Starbucks – et les produits de la filiale Health Science. La nutrition infantile est en chute (-4,6%), plombée par la baisse de la natalité, notamment en Chine. A noter que les succédanés végétaux, même s’ils représentent moins d’1% des ventes du groupe, ont accéléré de 16,8% alors qu’un ralentissement du segment a été observé aux Etats-Unis. Mark Schneider l’explique par la variété des produits qui distingue Nestlé de la concurrence, et que Moshmi Kamdar justifie par le lancement de produits et l’expansion des points de distribution.

Le pic carbone est dépassé
La direction du groupe a fait le point sur ses engagements pour le climat. «Notre pic d’émissions carbone est derrière nous», a assuré le CEO. Selon les données de Nestlé, 96 millions de tonnes de CO2 ont été émises dans l’atmosphère en 2019. «Depuis, ce chiffre n’a jamais cessé de baisser, et ce, malgré notre forte croissance», s’est-il réjoui. «Leur plan est intéressant, car il englobe tous les aspects de l’entreprise, dont les produits eux-mêmes», salue Florian Kasser, chargé de projet chez Greenpeace Suisse, «mais il leur faut sérieusement accélérer le mouvement pour réduire leurs émissions de 20% d’ici à 2025.» (avec AWP)
Article mis à jour ce 17.02.22 à 17:30