• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

Le dernier univers de Philomena Schwab

Probablement la créatrice de jeu vidéo la plus célèbre de Suisse, Philomena Schwab dévoile, ce mardi, The Wandering Village, le nouveau jeu de son studio Stray Fawn. Un crowdfunding vient d’être lancé par l’équipe de dix créateurs pour récolter les 35.000 dollars encore nécessaires à sa production.

Philomena Schwab. La créatrice a deux jeux vidéo à son actif: Niche, un jeu de survie, et Nimbatus, un constructeur de drone spatial. Dans la prochaine aventure, le joueur bâtira une ville sur le dos d'un mastodonte errant.
Philomena Schwab. La créatrice a deux jeux vidéo à son actif: Niche, un jeu de survie, et Nimbatus, un constructeur de drone spatial. Dans la prochaine aventure, le joueur bâtira une ville sur le dos d'un mastodonte errant.
13 octobre 2020, 16h02
Partager
Le studio indépendant Stray Fawn a dévoilé, ce mardi après-midi, son nouveau titre. Après le jeu de survie et de génétique Niche et le simulateur de construction de drone spatial Nimbatus, l’équipe zurichoise publiera son premier jeu vidéo de développement de civilisation: The Wandering Village. Les joueurs ont pour mission de faire prospérer une colonie sur le dos d’une créature colossale. Ils plongent ainsi dans un univers à la croisée du monde de l'auteur britannique Terry Pratchett et de sa tortue géante et de celui du réalisateur japonais Hayao Miyazaki et de Nausicaä. Pour réussir dans cet écosystème menaçant et coloré, les joueurs devront bâtir une relation symbiotique avec le monstre qui transporte leur village: comme un nouveau témoignage de la forte affinité pour la biologie de la cofondatrice de Stray Fawn, Philomena Schwab. «C’est vrai, je suis une nerd de la biologie», s’amuse cette Zurichoise qui a longtemps hésité à entreprendre des études scientifiques. «Au final, j’ai étudié le game design (conception de jeu) à la Haute École d'art de Zurich (ZHdK) mais j’ai toujours gardé en ligne de mire la volonté de créer des jeux proches de mes autres passions. J’ai voulu faire des jeux car ce médium combine plusieurs de mes intérêts: le dessin, la narration et la psychologie», indique-t-elle. Aujourd’hui véritable célébrité du monde vidéoludique suisse, Philomena Schwab est une créatrice multi-récompensée, citée en 2017 par Forbes parmi les 30 Under 30, soit les entrepreneurs de moins de 30 ans les plus influents du milieu des technologies. Elle évolue dans un marché qui pourrait peser 200 milliards de dollars d’ici à 2023, selon le cabinet d'analyse du secteur Newzoo. Son tout premier souvenir de console a pris place au Royaume Champignon de Super Mario Bros, alors qu’elle rendait visite à sa voisine, détentrice d’une Super Nintendo. «J’adorais vraiment simplement rester assise là, à la regarder jouer, pendant des heures», se souvient-elle. En grandissant, elle s’est prise d’affection pour le dragon Spyro qu’elle trouvait «plutôt mignon» avant de se passionner pour les aventures de Yuri Hyuga et Keith Valentine de Shadow Hearts sur la PlayStation 2. Elle a débuté sa carrière en tant que graphiste, en faisant notamment de l’illustration et de l’animation. Le week-end, la jeune femme travaillait alors sur son projet Niche, débuté lors de ses études à la ZHdK. En 2016, elle a fondé le studio suite à sa rencontre avec Micha Stettler, son futur associé, lors d’un évènement gaming local. Pendant des années, le duo a mené cette activité comme un hobby, conservant chacun leur emploi à côté. 

En quête de liberté créative

D’un loisir, Micha Stettler et Philomena Schwab sont parvenus à devenir des développeurs à plein temps et autofinancés. La première étape vers cette indépendance a été celle de leur premier Kickstarter pour Niche, au printemps 2016. «Ça a été mon expérience la plus incroyable dans le monde du jeu vidéo. Nous avons reçu tellement plus de soutien que ce que je n’aurais osé imaginer. J’ai été époustouflée de voir à quel point le public a cru en notre idée», raconte-t-elle. Depuis, le studio a réitéré cette expérience de financement participatif avec succès, lui garantissant ainsi une grande liberté créative.

Les cofondateurs lancent, ce mardi, une nouvelle campagne pour The Wandering Village. L’objectif déclaré est de récolter 35.000 dollars pour financer les divers aspects du développement du jeu: art, programmation, musique ou encore marketing. Cependant la créatrice révèle aspirer à davantage: «Nous espérons atteindre ce palier durant la première moitié de la campagne. Ainsi, nous pourrons proposer des fonctionnalités supplémentaires en débloquant les stretch goals additionnels.» La Zurichoise rappelle d’ailleurs que les campagnes précédentes ont toutes deux recueilli environ 75.000 dollars bien qu’elles affichaient un objectif bien plus faible. The Wandering Village devrait débarquer sur la plateforme Steam à l’automne 2021, dans sur les écrans d’un public d’abord anglophone, avant de viser le reste de l’Europe puis l’Asie, sans cibler de catégorie de joueurs particulière. En réalité, Philomena Schwab et ses collègues créent simplement des jeux auxquels ils «aimeraient jouer» eux-mêmes. Vendus à un peu moins de 20 francs par titre, les jeux du studio suisse sont en concurrence avec plus de 8000 opus lancés, chaque année, sur ce portail de distribution en ligne. Au total, le studio a écoulé un peu plus de 400.000 exemplaires de ses titres précédents. L’équipe du studio compte maintenant dix collaborateurs qui travaillent, en grande partie, depuis chez eux, coronavirus oblige. «Grâce à cette facilité de télétravail, le développement du jeu n’a pas été ralenti par la crise», commente celle qui est aussi membre du conseil de la Swiss Game Developers Association et initiatrice de Playful Oasis, une plateforme de promotion des jeux liés à la nature. Elle ajoute: «Et nos revenus sont restés stables ces derniers mois, heureusement».