UBS a passé sans encombre une année 2022 semée d'embuches, qui a vu les marchés financiers chuter sous l'effet de la guerre en Ukraine, la crise énergétique et l'envolée mondiale des prix. Dans ce contexte tendu, le numéro un mondial de la gestion de fortune a profité d'importants afflux d'argent et va récompenser ses actionnaires.
«Cette performance est d'autant plus remarquable que l'année a été caractérisée par un contexte macroéconomique difficile, une inflation persistante, un resserrement rapide des politiques monétaires, la guerre entre la Russie et l'Ukraine, l'impact du Covid en Chine et d'autres tensions géopolitiques», a énuméré le directeur général Ralph Hamers.
Dans cet environnement, qui a vu les Bourses mondiales plonger, «les clients privés sont plutôt restés en retrait pendant la majeure partie de l'année, refroidis par la forte incertitude et les tendances adverses du marché». Mais la clientèle institutionnelle s'est «montrée très active, sur fond de forte volatilité des marchés d'actions au premier semestre et de solidité des marchés des changes et des taux au second semestre».
Preuve de la confiance dont bénéficie la banque, cette dernière a encaissé dans son coeur de métier, la gestion de fortune mondiale, pas moins de 60 milliards de dollars d'afflux nets générant des commissions, dont 23 milliards au seul dernier trimestre après 17,1 milliards au partiel précédent.
Reflux chez Credit Suisse pas essentiels
Interrogé sur les turpitudes de son voisin et concurrent Credit Suisse, qui a subi d'importantes sorties d'argent en fin d'année dernière, le patron néerlandais a seulement indiqué que cela « n'a pas été le moteur principal» des afflux de liquidités chez UBS au quatrième trimestre.
En novembre dernier, Credit Suisse avait fait état de retraits avoisinant les 84 milliards de francs au dernier partiel, dont 64 milliards pour la seule activité de gestion de fortune. Pour le 4e trimestre, le numéro deux bancaire helvétique anticipe une perte avant impôts pouvant atteindre 1,5 milliard de francs.
Les résultats d'UBS contrastent cruellement avec ceux de son rival. En 2022, le numéro un helvétique a en effet enregistré un résultat avant impôts en hausse de 1,3% à 9,6 milliards de dollars. Le bénéfice net attribuable aux actionnaires s'est quant à lui établi à 7,63 milliards (7,1 milliards de francs), en progression de 2%.
Le produit d'exploitation s'est par contre contracté de 2% à 34,6 milliards de dollars, alors que les charges ont baissé de 4% à 24,9 milliards. Le recul des coûts s'explique notamment par les réserves financières de 740 millions de dollars constituées en 2021 dans le cadre du litige avec les activités transfrontalières en France.
Les actionnaires profiteront d'un dividende de 0,55 dollar par action, après avoir reçu 0,50 dollar au titre de 2021. L'établissement zurichois va par ailleurs lancer un nouveau programme de rachat d'actions à hauteur de 5 milliards de dollars, après en avoir acquis pour 5,6 milliards l'année précédente.
Accélération des réduction de coûts
Au seul quatrième trimestre, la banque aux trois clés a vu son bénéfice d'exploitation accélérer de 12% sur un an à 1,94 milliard de dollars, tandis que le profit net a bondi de 23% à 1,65 milliard.
Ces chiffres sont clairement supérieurs aux prévisions des analystes consultés par l'agence AWP et aux propres projections du groupe pour l'ensemble de l'année écoulée.
Dans l'activité stratégique de gestion de fortune (GWM), UBS a vu sur les trois derniers mois de l'année ses revenus reculer de 5% sur un an, tout comme les charges (-17%). Le repli des coûts s'explique essentiellement par les provisions pour le litige en France inscrites au dernier trimestre 2021. Du coup, le bénéfice avant impôts de cette unité a bondi de 88% à 1,1 milliard. (AWP)
La nominative perd plus de 3%
L'action UBS reculait à l'unisson du marché mardi matin, malgré des résultats au quatrième trimestre supérieurs aux attentes du marché et de nouvelles largesses promises aux investisseurs.
A 10h10, le nominative UBS baissait de 3,4% à 19,18 francs, affichant la plus mauvaise performance parmi les 20 valeurs vedettes de l'indice SMI (-0,77%). Depuis le début de l'année, l'action a cependant décollé de 15,4%.
Les analystes de Vontobel ont relevé une «faible» banque d'affaires, mais des activités «solides» pour l'unité suisse. «Un solide 4e trimestre conclut une année forte pour UBS», ont-ils souligné dans leur commentaire.
Les résultats au dernier trimestre 2022 «sont dans l'ensemble meilleurs qu'attendus, mais la banque a bénéficié d'effets exceptionnels (les provisions pour le litige en France effectuées au dernier trimestre 2021), ainsi que d'un taux d'imposition moins élevé que prévu», a souligné la Banque cantonale de Zurich dans une note. (AWP)