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LafargeHolcim figure aux avant-postes de la transition énergétique des cimentiers

L’accentuation de la pression en faveur du climat impose à l’industrie du ciment une accélération de l’innovation et des objectifs environnementaux plus ambitieux.

LafargeHolcim a lancé des projets de captage de CO2 à Florence dans le Colorado et à Richmond au Canada avec Svante et Total.
LafargeHolcim a lancé des projets de captage de CO2 à Florence dans le Colorado et à Richmond au Canada avec Svante et Total.
25 septembre 2020, 15h40
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«Swissness» oblige, LafargeHolcim veut endosser un rôle de leader en matière d’environnement. Elle est ainsi la première entreprise mondiale du secteur des matériaux de construction (ciment, béton et granulats) à signer l’engagement pour le climat et pour un futur à 1,5°C.  Ceci dans le cadre de l’initiative Science Based Targets (SBTi) qui fixe des objectifs intermédiaires pour 2030. Cela pousse le groupe suisse, qui a son siège opérationnel à Zoug, à accélérer d’ici-là la diminution de l’intensité de CO2 – à savoir plus de 20% à 475 kilos nets par tonne de matériel à base de ciment (CO2 net par tonne de ciment) – comme il l’a annoncé lundi dernier. En prenant en compte les émissions directes liées à la fabrication du produit (scope 1) et celles indirectes liées aux consommations énergétiques (scope 2).Un autre objectif est d’exploiter la première cimenterie « net zero CO2 » avec des pilotes clés comme Westküste 100 en Allemagne et Svante aux Etats-Unis. Le cimentier allemand HeidelbergCement a précédé de quelques jours LafargeHolcim lors de son «capital market day», qui a eu lieu le 16 septembre, en annonçant l’avancement à 2025 au lieu de 2030 de son objectif de réduction des émissions de CO2 à 525 kilos nets par tonne et à moins de 500 d’ici 2030, signifiant une réduction de 15% au minimum par rapport à son niveau de 2019.  Ces deux groupes paraissent les plus avancés et les plus transparents au vu des données publiées dans leur rapport de développement durable et de leurs objectifs, devant notamment les concurrents mexicain Cemex, Italien Buzzi Unicem ou français Vicat, qui sont aussi cotés en Bourse.  «Lafarge Holcim a maintenant le plus bas niveau d’émissions concernant les sociétés que nous couvrons en Europe et le but de décarbonation le plus ambitieux à moyen terme. Tant LafargeHolcim que HeidelbergCement empoignent ce thème pro-activement, en mettant en œuvre un nombre de solutions commerciales efficaces pour relever ce défi», expliquent dans leur dernier commentaire Cedar Ekblom et Pam Liu, analystes auprès de Morgan Stanley.  La course à la décarbonation du ciment est pleinement engagée. Efficacité énergétique, valorisations de déchets ultimes, introduction de nouveaux ciments et accélération de l’emploi des produits à bas carbone déjà sur le marché, et capture du CO2 sont autant de moyens pour être en tête de cette course. «Nous saluons les objectifs ambitieux de LafargeHolcim », commente à ce sujet Bernd Pomrehn, analyste chez Vontobel. « La réglementation toujours plus stricte en matière d’environnement entraînera la fermeture de fabriques de ciment anciennes spécialement en Europe. Ce qui résultera en un meilleur équilibre entre l’offre et la demande et donc à un meilleur pouvoir de fixation des prix.» Le béton est la deuxième substance la plus utilisée sur terre après l’eau. Il est principalement composé de ciment, dont le processus de fabrication nécessite beaucoup de ressources et d’énergie en raison de la chaleur extrême requise pour la production. Le clinker est combiné avec du gypse pour fabriquer du ciment.  «Moins d’incorporation du clinker et davantage de biomasse constituent les leviers clés pour la diminution du CO2», a expliqué lors du «capital market day» de HeidelbergCement, Jon Morrish, membre du comité exécutif.

Trois catalyseurs

L’Europe est sur la voie de devenir la première région susceptible d’atteindre la neutralité carbone ou l’ambition net zéro. Le «Green Deal», présenté en décembre 2019 par la présidente de la Commission européenne, Ursula Van der Leyen, induit des changements sans précédent dans le paysage européen. Le but est de créer à terme une société neutre en carbone à l’horizon 2050, basée sur l’innovation et favorisant la compétitivité industrielle au plan mondial. Entre autres pour l’industrie des matériaux de construction et des cimentiers. L’Union européenne (UE) n’est pas la seule instance à mettre la pression. L’Association mondiale du ciment (WCA), qui a été fondée en 2016, exhorte ses membres à redoubler d’efforts pour adopter plus vite les nouvelles technologies, à grande échelle, afin de diminuer ses émissions de CO2. Ceci est d’autant plus urgent que l’industrie du ciment représente 5% à 6% des émissions mondiales de gaz à effets de serre. Ses actions s’avèrent indispensables pour contribuer à la réalisation de l’objectif principal de l’accord de Paris de 2015, qui est de maintenir la hausse de la température mondiale bien en dessous de 2°C et aussi près que possible de 1,5°C. Un autre catalyseur est l’augmentation irrésistible du nombre d’investisseurs, spécialement les institutionnels et les caisses de pension, qui suivent les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance).