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LafargeHolcim émet le premier emprunt durable de son industrie

Pour son obligation de 850 millions d’euros, le groupe cimentier s’est engagé à payer des intérêts plus élevés s’il n’atteint pas ses objectifs de réduction de CO2 d’ici 2030.

La production de ciment génère beaucoup d'émissions de CO2. (c) LafargeHolcim
La production de ciment génère beaucoup d'émissions de CO2. (c) LafargeHolcim
18 novembre 2020, 15h14
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LafargeHolcim revendique mercredi être le premier représentant de l’industrie des matériaux de construction à avoir émis un emprunt dont les conditions sont liées à des objectifs de développement durable. Pour bénéficier du coupon de 0,5%, le groupe doit atteindre son objectif stratégique  de réduire les émissions nettes de CO2 à 475 kg par tonne de ciment d’ici 2030. Selon les indications de la CFO Géraldine Picaud, citée dans le communiqué, l’émission de 850 millions d’euros a suscité des demandes de souscription pour 2,6 milliards, ce qui témoigne de la «confiance des investisseurs dans la solidité financière de l’entreprise, sa stratégie et sa capacité à atteindre ses objectifs de durabilité».

Réduction des émissions dans plusieurs domaines

La stratégie «Net Zero» du groupe comprend des démarches tout au long de la chaîne de production. Parmi celles-ci figurent la réduction à 68% de la part de clinker, dont la production génère la plupart des émissions CO2 associées au ciment, l’augmentation de la part de carburants issus de déchets (à la place d’énergies fossiles), le recours à des matières premières alternatives, ou encore le captage et stockage de CO2.
L’industrie du ciment compte parmi les plus forts émetteurs de CO2 au monde. Selon le think tank Chatham House, elle est responsable d’environ 8% de toutes les émissions. Leur volume ne s’est stabilisé que grâce à une demande de ciment qui se tasse depuis quelques années. L’objectif de réduction fixé par LafargeHolcim correspond à une diminution de plus d’un tiers par rapport au niveau d’émission actuel au sein de l’industrie.

Fort potentiel de réduction d'émissions des projets de transition

L’émission de LafargeHolcim s’inscrit aussi dans une tendance qui se renforce cette année, soutenue par une norme européenne pour les emprunts verts plutôt favorable. Cette dernière ne ferme pas la porte aux objectifs de réduction de l’empreinte carbone de groupes réputés très polluants. Selon des estimations de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la diminution d’émissions de CO2 grâce à des projets de «transition» de ce type peut atteindre 2,75 fois celle générée par ceux associés aux énergies renouvelables ou à l’efficience énergétiques, domaines traditionnellement associés aux obligations vertes.

Evaluation par des organisations indépendantes

Ainsi, le groupe espagnol Repsol actif dans le pétrole et le gaz avait lancé en 2017 un emprunt de 500 millions d’euros pour rendre ses raffineries plus efficientes. Pour que ces démarches restent crédibles et ne soient pas simplement considérées comme du «greenwashing», elles sont évaluées par des organisations indépendantes. Dans le cas de LafargeHolcim, ISS ESG a confirmé que le dispositif est conforme aux principes des emprunts liés au développement durable de l’Association internationale des marchés de capitaux (ICMA).