La deuxième vague ne devrait pas inquiéter Credit Suisse

Les attentes des analystes se teintent d’optimisme alors que Credit Suisse s’apprête à publier ses résultats du troisième trimestre ce jeudi. En particulier sur les nouvelles provisions sur crédits que le consensus de marché anticipe en recul de l’ordre d’un tiers, par rapport au trimestre précédent. Celles-ci sont attendues à quelque 215 millions de francs selon la valeur médiane des attentes de 17 analystes réunies du 15 au 20 octobre et publiées par la banque même. Au trimestre précédent, ces provisions s’élevaient alors à 296 millions et à 568 millions au premier trimestre 2020. Il faut toutefois relever que ces chiffres résultent aussi de modifications comptables entrées en vigueur au début de l’année pour la norme US Gaap qu’utilise CS Group. «Sur le plan purement comptable, ces provisions accordent davantage de poids aux pertes sur crédits prévisionnelles par rapport aux pertes effectives» résume José Javier Lodeiro, analyste de la ZKB centré sur les valeurs bancaires, coauteur d’une ample étude sectorielle à ce sujet en juin.

Tendances de fond convergentes entre les analystes

Pour CS Group, le spécialiste anticipe pour sa part des provisions supplémentaires sur crédits réduites de près de moitié, par rapport au trimestre précédent, à 141 millions de francs. Cette réduction concerne toutes les divisions à l’exception de la banque universelle suisse (SUB). Pour cette dernière, celles-ci sont attendues en hausse : soit de deux tiers, à 50 millions de francs, dont 34 millions pour l’unité Clients entreprises et institutionnels (CIC), selon le consensus. L’analyste de la ZKB anticipe même pour SUB une augmentation des provisions plus prononcée que le consensus, soit à 89 millions de francs, «ce qui n’est pas beaucoup si l’on rapporte ce chiffre aux bénéfices», nuance José Javier Lodeiro. Or le marché (valeur médiane des 17 analystes) anticipe pour SUB un bénéfice avant impôts de 471 millions de francs au troisième trimestre, après 687 millions au trimestre précédent et 607 millions un an plus tôt. La semaine dernière, UBS a de son côté annoncé avoir constitué au troisième trimestre une charge de pertes sur crédits de 84 millions au sein de son unité banque de détail en Suisse Personal & Corporate Banking (P&C), dont une perte de 54 millions liée à une fraude concernant une contrepartie dans le financement des matières premières. Or cet incident a affecté bon nombre d’autres prêteurs, et le marché se demande si et dans quelle mesure CS a aussi été touché.

Poids du confinement

Quel poids pèse la pandémie dans toutes ces estimations ? «Cela va dépendre de l’occurrence d’un confinement - qui pour l’instant, semble pouvoir être évité – et, en Suisse, des mesures qui seront annoncées prochainement par le Conseil fédéral pour stabiliser la situation » répond José Javier Lodeiro. Il importe de souligner que si le total des provisions a baissé au troisième trimestre pour les deux grandes banques, sur l’ensemble des 9 premiers mois de l’année, elles ont été multipliées par neuf chez UBS par rapport à la même période en 2019, et par huit pour Credit Suisse au premier semestre 2020.

Revenus transactionnels porteurs

A propos des bénéfices prévisionnels de CS Group, le marché les a plutôt rehaussés ces dernières semaines, après les déclarations du CEO Thomas Gottstein en septembre ainsi que les résultats trimestriels d’UBS et des banques d’investissement américaines, marqués par un essor des revenus transactionnels. Le consensus table actuellement sur un bénéfice net trimestriel de 562 millions de francs (valeur médiane) pour CS Group, après 1162 millions au trimestre précédent et 881 millions un an plus tôt, dopé par une plus-value de 327 millions sur la cession d’Investlab. Credit Suisse présentera jeudi ses résultats selon la nouvelle structure. Celle-ci réunit en une seule division, Global Investment Bank, les activités de banque d’investissement réparties jusqu’ici entre le pôle négoce Global Markets et la banque d’affaires IBCM ainsi que la division Asie-Pacifique.