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Une reprise genevoise en flèche pour 2021 mais à nuancer

La BCGE s’attend à voir un rebond de 4% du PIB genevois l’an prochain, supérieur à la moyenne suisse mais lié à une rupture plus forte en 2020. La situation sur le marché de l’emploi restera préoccupante.

Les ingrédients de la reprise genevoise seront en particulier l’horlogerie et la bijouterie, la pharma et la chimie ainsi que le négoce de matières premières.
Keystone
Les ingrédients de la reprise genevoise seront en particulier l’horlogerie et la bijouterie, la pharma et la chimie ainsi que le négoce de matières premières.
16 décembre 2020, 17h50
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En 2021, Genève devrait afficher une croissance de 4%. Un taux supérieur à celui du reste de la Suisse qui s’établirait à 3,2%, selon les prévisions conjoncturelles dévoilées mercredi par la Banque cantonale de Genève (BCGE). Mais, derrière ce chiffre encourageant pour le canton, il y a «malheureusement un effet statistique», explique Valérie Lemaigre, économiste en chef de l’établissement. En effet, le PIB se serait effondré de 4% en 2020 à Genève – une chute historique selon la banque – alors que la baisse ne serait que de 2,9% dans le reste du pays. «Le rebond sera lié à ce creux. La rupture genevoise, plus forte, mènera à une reprise plus rapide», résume Valérie Lemaigre.

Une reprise genevoise en flèche pour 2021 mais à nuancer

Les autres ingrédients de la reprise genevoise sont liés à des segments économiques qui profitent de la vigoureuse reprise commerciale internationale. Tout d’abord, l’horlogerie et la bijouterie «bénéficient de leur exposition envers l’Asie» où le rebond de la demande est déjà effectif. Pour Valérie Lemaigre, la reprise des exportations manufacturières redonne des perspectives aux entreprises, ce qui enclenche «un cycle d’investissement.» Le deuxième secteur porteur est celui de la pharma et de la chimie, un domaine qui «a peu souffert de cette crise» et qui «a continué à exporter de façon stable», assure la cheffe économiste de la BCGE. «Même s’il n’a pas l’ampleur de celui de Bâle, il représente tout de même 13% des exportations et 6% du PIB à Genève». Le troisième facteur de la reprise genevoise repose sur le dynamisme de son marché des matières premières, en particulier le prix des métaux en hausse de 10% à 40%. «La construction explose en Chine, aux Etats-Unis et dans d’autres régions ce qui stimule le négoce de matières premières», souligne Valérie Lemaigre.

Au-delà des indicateurs liés au commerce mondial, la responsable pointe un autre vecteur de croissance pour Genève, l’an prochain: sa faible exposition au tourisme. «Ce type d’activités compte pour environ 5% de son PIB. Dans certaines régions du pays, ce taux atteint parfois 20%, notamment dans les territoires de montagne.»

Emplois en berne

L’analyse conjoncturelle de la BCGE rassure en prévoyant que les conséquences du choc pandémique s’estomperont avec la fin des mesures de confinement, notamment grâce aux vaccins. Le directeur général, Blaise Goetschin, abonde: «Oui, nous assistons à un certain nombre de difficultés dans notre portefeuille de clients, des difficultés assez aigües du côté de l’hôtellerie et de la restauration. Mais nous avons aussi été étonnés par la résistance de l’économie genevoise. Il n’y a pas eu de fameuse vague de faillites.»

Si Genève devrait rebondir fortement en 2021, il y a tout de même une ombre au tableau: une dégradation sur le marché de l’emploi. Frappé de plein fouet par les mesures sanitaires, l’univers de l’hôtellerie-restauration en est la plus grande victime. Bien qu’il ne compte que pour «5% de l’économie genevoise», ce segment est un grand pourvoyeur pour le marché du travail, d’où un taux de chômage attendu en hausse de 5,7% en 2021. Ce dernier risque de s’avérer rigide même durant la reprise car «ces postes sont peu qualifiés et dès lors difficilement transférables vers d’autres secteurs», précise Valérie Lemaigre.