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La crise sanitaire accélère le virage ESG des assureurs

La transformation des sociétés d'assurance, notamment la tendance vers davantage d’investissements durables (ESG), est accentuée par la pandémie de Covid-19, en Suisse romande en particulier, selon la dernière étude de BlackRock sur le secteur.

Exemple récent en Suisse romande, l'assureur Vaudoise est devenu actionnaire de Cargo sous terrain mercredi. Ce projet de transport sous-terrain de marchandise a en particulier pour but d'alléger le réseau routier et de réduire les émissions de CO2.
Exemple récent en Suisse romande, l'assureur Vaudoise est devenu actionnaire de Cargo sous terrain mercredi. Ce projet de transport sous-terrain de marchandise a en particulier pour but d'alléger le réseau routier et de réduire les émissions de CO2.
30 octobre 2020, 12h26
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La pandémie de Covid-19 accentue les mutations structurelles de l’industrie de l’assurance, qui aspire toujours plus au développement durable. La résilience des portefeuilles, un modèle économique plus efficace et la transformation numérique, notamment sur le plan de la distribution, constituent trois autres sujets majeurs mis en lumière par la neuvième étude de BlackRock portant sur la branche de l’assurance. La durabilité, la technologie, les faibles taux d’intérêt et l’innovation en matière de souscription des risques figurent ainsi sur le devant de la scène. Les cadres dirigeants des compagnies d’assurance du monde entier s’attendent à une profonde mutation de leur secteur, à la suite d’une année marquée par un environnement inédit, d’après l’enquête du plus important gérant d’actifs au monde.

L’attrait irrésistible des critères ESG

« Plus de trois quarts des assureurs affirment notamment que l’impact de la crise sanitaire a accéléré leur virage vers les critères ESG, c’est-à-dire environnementaux, sociaux et de gouvernance. Ceux-ci revêtent une importance particulière, notamment en Europe», indique Patrick Liedtke, directeur général, chef du groupe des institutions stratégiques, financières (FIG) pour BlackRock sur la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique. «Cette tendance est encore plus approfondie en Suisse romande, avec l’accent mis sur le climat», ajoute pour sa part Maria Sala, en charge de la clientèle institutionnelle pour la Romandie et le Tessin. L’enquête menée rassemble les points de vue de 360 décideurs du secteur de l’assurance, dans plus de 25 pays. Au total, les entreprises interrogées représentent plus de 24.000 milliards de dollars d’actifs sous gestion, soit deux tiers du secteur. Elle comprend douze assureurs suisses, dont Swiss Re et Zurich Insurance Group. Guido Fürer, responsable des investissements du réassureur, et Julian Temes, chargé de la mise en œuvre de la stratégie du groupe d’assurances, sont cités dans l’étude. 

Approche intégrative

L’approche de la durabilité n’inclut pas seulement les placements de capitaux à l’actif du bilan, mais aussi la gestion du risque au passif du bilan des compagnies d’assurances. «On assiste à un processus intégratif dans la prise de décisions, en premier lieu pour les grandes sociétés, mais celles de taille moyenne y viennent également », commente Patrick Liedtke. Les compagnies suisses d’assurances se révèlent en avance par rapport aux investisseurs institutionnels s’agissant de l’application des critères ESG.  Face à l’environnement incertain et à la faiblesse persistante des taux d’intérêt, environ 60% des assureurs cherchent à repositionner leurs portefeuilles pour allier une concentration sur des actifs de grande qualité à une meilleure diversification, et obtenir des portefeuilles plus flexibles, avec une gouvernance solide. En devenant beaucoup plus sélectifs, au profit par exemple de la dette des marchés émergents et des obligations d’entreprises ayant une qualité d’investissement. Les assureurs diversifient aussi leurs placements au bénéfice d’actifs alternatifs moins liquides, dont le private equity, pour maintenir leurs revenus d’investissement. On observe aussi un biais en faveur des investissements multi-alternatifs et de l’immobilier commercial (actions et dette). En Suisse, l’exposition des compagnies d’assurances à l’immobilier est déjà élevée, mais celui-ci est vu à long terme comme une protection contre l’inflation.  Cette démarche requiert une gestion simultanée des actifs et des passifs, adaptée à un portefeuille comprenant plus d’investissements illiquides. Les placements doivent permettre de couvrir le mieux possible les engagements découlant des risques souscrits par les assureurs. Un autre point clé est le renforcement de la distribution numérique; 71% des participants le soulignent. La part s’avère encore plus élevée en Suisse, avec 83%. Plus de 60% estiment quant à eux que la technologie doit rapprocher les assureurs de leurs clients. «Rester proche de la clientèle est un thème mis en avant en Suisse romande en particulier», précise Maria Sala. Par ailleurs, l’innovation doit procurer davantage de flexibilité en ce qui concerne les polices d’assurance. Entre autres avec des solutions plus claires concernant les risques de pandémie dans l’assurance dommages, ou des produits d’épargne plus flexibles dans le domaine de l’assurance vie. La cybersécurité est aussi en train de devenir une thématique majeure pour ce secteur.