Swisscom s'oppose aux mesures provisionnelles prises par la Comco concernant l'extension de son réseau de fibres optiques. Le numéro un suisse des télécommunications a recouru contre la décision du régulateur auprès du Tribunal administratif fédéral, a fait savoir jeudi à AWP son directeur général, Urs Schaeppi.
Les mesures de la Commission de la concurrence (Comco) sont "absolument disproportionnées", a critiqué M. Schaeppi. Le recours à leur encontre ne constitue pas une surprise, Swisscom ayant indiqué lors de leur annonce en décembre dernier vouloir engager une action en justice.
Le gardien de la concurrence avait motivé l'ouverture d'une enquête et ordonné des mesures provisionnelles par l'existence d'un risque que le géant bleu écarte des concurrents du marché dans le cadre de l'extension du réseau de fibres optiques.
Plus précisément, elle estimait que Swisscom modifiait la conception du réseau dans les régions où l'opérateur en mains de la Confédération déploie seul le réseau, de façon à écarter de concurrents, ceux-ci ne disposant plus d'un accès direct à cette infrastructure. Selon la Comco, l'opérateur favorisait une architecture ne comprenant qu'une seule ligne en fibre optique pour desservir les immeubles à partir de la rue, alors que jusqu'alors la desserte comprenait plusieurs lignes.
Des arguments qu'Urs Schaeppi rejette. Tout le monde, y compris les concurrents, peut obtenir des services de réseau de la part de Swisscom, a relevé M. Schaeppi lors de la présentation des résultats annuels du groupe. "Entreprise équitable, Swisscom ne veut pas restreindre la concurrence".
Conséquence des mesures provisionnelles de la Comco, le déploiement de la fibre optique est actuellement bloqué en divers endroits, a-t-il ajouté. Toutefois, l'extension du réseau se poursuit, a précisé Sepp Huber le porte-parole de l'opérateur historique helvétique né de la privatisation partielle de l'ex-PTT Telecoms.
A l'exception cependant des connexions de fibre optique construites après le 1er janvier avec une seule ligne. Celles-ci ne peuvent être mises en service pour le moment.
Du côté du réseau mobile à très haut débit de la dernière génération 5G, Swisscom doit aussi composer avec des difficultés, du fait que certaines communes ne délivrent pas les permis de construire pour les antennes. Et pour l'heure, les fronts restent figés, même après une rencontre avec la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, cheffe du département de tutelle, le DETEC, du fait de résistances aux niveaux cantonal et communal, a relevé M. Schaeppi.
La situation varie cependant beaucoup selon les endroits, a nuancé le directeur général de Swisscom. Mais dans certains cas, l'opérateur a aussi activé la justice.
M. Schaeppi a rejeté l'existence d'une sorte de "marchandage" avec les services de Simonetta Sommaruga, à savoir l'abandon par les opérateurs de leur exigence d'une réduction des limites imposées au rayonnement des antennes de téléphonie, en l'échange de pressions de Berne sur les cantons afin d'accélérer l'octroi de permis de construire pour les mâts. "Il n'y a pas de marchandage. L'objectif central reste l'expansion du réseau", a-t-il déclaré. (ats)