• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

Etienne Jornod: «Le droit à l’erreur fait partie de l’esprit d’entreprise»

Etienne Jornod, cofondateur d’Optimus Holding, futur président exécutif d’OM Pharma.(Keystone)
Etienne Jornod, cofondateur d’Optimus Holding, futur président exécutif d’OM Pharma.(Keystone)
28 septembre 2020, 1h49
Partager
«Essayez et soyez convaincu que tout est possible! Nous l’avons accompli avec Galenica, puis avec Vifor Pharma, entreprise que j’ai quittée en mai 2020. Cette dernière est devenue une biotech mondiale, bâtie à partir de pratiquement rien, sans brevet, avec seulement un esprit d’entreprise et un chercheur, Peter Geisser, qui savait créer des produits à base de fer et était persuadé que le fer était la solution à beaucoup de maladies.  Vifor Pharma est aujourd’hui le leader mondial dans les domaines de la carence en fer et de la néphrologie. Galenica est la chaîne de pharmacies leader en Suisse, que nous avons aussi fondée en partant de zéro.   C’est un parcours impressionnant pour la maison des pharmaciens qu’était Galenica en 1975. L’entreprise détenait alors 50% du marché suisse de la distribution de gros aux pharmacies. Le client était roi, mais le droit à l’erreur était interdit. Or, sans faute, pas de risque, donc pas d’esprit d’entreprise.  Vingt ans plus tard, en 1995, Galenica était paralysée, sans plan d’avenir et sans esprit d’entreprise, mais avec un bilan très sain. Comment en était-on arrivé là? Le groupe ne prenait que très peu ou pas de risques et attendait un retour immédiat de tout investissement. Après une vaine tentative de diversification dans le domaine des perfusions, Galenica était retourné à son métier de base, soit la distribution en pharmacies en Suisse.   N’était-ce pas judicieux de se recentrer? Le grossiste doit livrer un travail parfait pour une rémunération misérable: 1%. A long terme, il doit devenir leader international ou, sinon, survivre misérablement voire disparaître. Pour Galenica, c’était trop tard en 1995...  Les pharmaciens du conseil d’administration nous ont alors donné la mission de concrétiser notre vision. En en confiant la présidence à l’ancien droguiste que j’étais. Un comble! Une stratégie que tout le monde comprenait a été mise en œuvre. Créer d’une part la plus grande chaîne de pharmacies en Suisse et, de l’autre, devenir le spécialiste mondial des médicaments ferriques, la première délivrant un cash-flow stable, la deuxième étant à forte croissance potentielle. Ce que chacun a réussi, Galenica Santé est aujourd’hui une société autonome cotée en Bourse et Vifor Pharma. Plusieurs étapes ont été cruciales: l’acquisition en 2007 d’Aspreva, une société américaine déterminante dans le développement clinique et le lancement de produits au plan mondial; la joint-venture conclue en 2008 avec Fresenius Medical Care, le leader mondial des centres de dialyse; ainsi qu’en 2015 le changement de nom du Groupe Galenica en Groupe Vifor; et enfin la vente en 2017 de la division Galenica à la Bourse par une IPO. Cette opération a permis de récolter une valeur d’entreprise de 2,3 milliards de francs, qui ont notamment financé la plus grosse acquisition mondiale dans la biotech en 2016 avec Relypsa pour 1,55 milliard de dollars.  Une vision à long terme et une stratégie suivie de manière conséquente sont essentielles. Il ne faut pas se laisser décourager! Tout en ayant un excellent management, une forte culture d’entreprise, basée sur la confiance, le respect, la rigueur ainsi que sur l’esprit d’équipe. Et de la chance. Décider très vite et se montrer capable de revenir sur une décision si elle n’est pas bonne, mais décider, ont été des facteurs décisifs.  L’équipe de direction du groupe Galenica-Vifor a démontré être totalement identifiée avec l’entreprise et être capable de prendre des décisions d’abord dans l’intérêt de l’entreprise plutôt que de se protéger pour ne pas commettre de faute. Elle s’est comportée de façon entrepreneuriale en étant dans les mêmes souliers que l’actionnaire.  Le groupe NZZ, que je préside, a aussi choisi une stratégie très entrepreneuriale en se concentrant sur les qualités des journalistes, en étant convaincu qu’elles ont suffisamment de valeur pour vendre le produit qu’ils créent. Assez simple comme idée, mais pas commune dans la branche...» Propos recueillis par Philippe Rey (Cette contribution a été rédigée avant l’acquisition d’OM Pharma par un groupe d’investisseurs conduit par Etienne Jornod.) * Cofondateur d’Optimus Holding, futur président exécutif d’OM Pharma