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«Easyjet se doit de reconnecter Genève avec le reste de l’Europe le plus vite possible»

Le nombre de passagers d’Easyjet en Suisse a diminué de moitié à 7,9 millions sur un an. Pour Thomas Haagensen directeur des marchés du groupe, le positionnement de la compagnie low-cost joue néanmoins en sa faveur et la met en bonne position pour la reprise.

(Keystone)
(Keystone)
17 novembre 2020, 18h11
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La compagnie aérienne britannique Easyjet est tombée dans les chiffres rouges pour la première fois, à cause de la pandémie de Covid-19. Elle fait face à une perte de plus d’un milliard de livres sur l’ensemble de son exercice décalé, clos fin septembre. Sa filiale suisse est aussi touchée de plein fouet. Alors que le nombre de passagers transportés progressait encore de 5,6% à 15,1 millions en 2019, ce chiffre s’est effondré de près de moitié cette année. A Genève Aéroport, le recul est de 45,2% à 4,6 millions. Face aux difficultés, Easyjet Suisse, qui compte 1000 employés dans le pays, confirme que des discussions ont débuté entre les commissions et les syndicats. Entretien avec Thomas Haagensen, directeur des marchés de la compagnie low-cost. Le groupe Easyjet a annoncé une baisse de 50% de ses passagers à 48,1 millions sur l’ensemble de son exercice. Qu’en est-il pour votre filiale suisse (15,1 millions en 2019)?Nous avons transporté 7,9 millions de passagers depuis la Suisse, soit une baisse de 48% environ. C’est évidemment une baisse significative par rapport à l’an dernier. Il faut remonter au début d’Easyjet pour retrouver ces chiffres (ndlr: la compagnie est entrée sur le marché suisse en 1998, trois ans après sa création). Les recettes d’Easyjet Suisse ont-elles également baissé de moitié?
Easyjet ne commente pas les chiffres au niveau des pays. De manière générale, cela est relativement proportionnel au nombre de passagers. Avez-vous subi des baisses de trafic plus importantes selon les aéroports suisses (en 2019: 8,4 millions de passagers depuis Genève Aéroport, 5,8 millions depuis Bâle-Mulhouse et environ 1 million depuis Zurich)?
Pas vraiment. En fin de compte, le marché suisse a réagi comme les autres pays. Contrairement à la France, le Royaume-Uni ou l’Italie, Easyjet n’a pas de réseau domestique en Suisse. C’est le genre de marché qui reste plus stable lors de mesures de confinement. La demande en Suisse est également liée aux mesures dans les pays de destination, c’est pourquoi le marché a réagi en ligne avec le reste du réseau. Nous avons remarqué une demande sous-jacente qui est assez importante. On l’a vu quand le Kosovo a été retiré de la liste des pays à risque. Nous avons dû même rajouter des vols depuis Genève.  Pourtant, l’année débute mal pour vous. Genève Aéroport, où Easyjet détient près de la moitié de part de marché,  a connu en octobre sa plus grande baisse du nombre de passagers depuis cet été (-85%).
Il y a encore beaucoup d’incertitude. La demande reste soutenue et les annonces positives sur la mise au point de vaccins contribuent à améliorer les perspectives d’une reprise du trafic. D’octobre à décembre, Easyjet ne prévoit pas de voler à plus de 20% de sa capacité par rapport à l’an dernier. Il faut être prêt pour la reprise au niveau opérationnel. Avec 45% de part de marché à Cointrin, on se doit de reconnecter Genève le plus vite possible avec le reste de l’Europe. Les recettes du groupe ont été divisées par plus de la moitié à 3 milliards de livres (3,6 milliards de francs). Comment cela va-t-il impacter vos activités en Suisse? Avez-vous fait une croix sur les prochains investissements?
Les mesures prises au niveau du groupe étaient claires : revoir la priorité des investissements, comme remettre la livraison de 24 nouveaux avions à plus tard, et réduire nos coûts à tous les niveaux, notamment dans le personnel administratif au Royaume-Uni. La réduction des coûts s’est opérée également au niveau de la flotte. En Suisse, nous allons passer à 25 avions contre 27 précédemment.  Par ailleurs, nous n’aurons aucune livraison d’avions cette année. C’est du jamais vu dans notre histoire. Easyjet a annoncé devoir licencier jusqu’à 4500 collaborateurs sur un effectif global de 15.000 personnes. Parmi les 1000 employés que vous comptez en Suisse, combien de personnes vont être touchées?
Je ne peux pas vous le dire car les consultations sont en cours. Elles ont été entamées début octobre avec les commissions et les syndicats. Nous allons faire en sorte pour minimiser l’impact sur le personnel, et trouver des solutions en faisant par exemple appel à des activités partielles. À ce propos, combien ont bénéficié des réductions de l’horaire de travail (RHT)?
Une large majorité. Quelles sont vos prévisions pour le nouvel exercice? A quel niveau prévoyez-vous de voler en termes de capacités?
Je vous défie pour trouver quelqu’un qui peut vous donner cette information. Encore une fois, nous ne prévoyons pas de voler à plus de 20% de notre capacité initialement prévue jusqu’à décembre. Après cela, on ne sait pas. Par contre, plusieurs éléments nous permettent d’être confiants. Le positionnement d’Easyjet joue en sa faveur et la met en bonne position pour bénéficier de la reprise. Premièrement, le court-courrier reviendra avant le long-courrier. Ensuite, le trafic de loisirs reviendra avant le tourisme d’affaires. Par contre, la clientèle business reviendra, c’est certain. Comme en 2008, il est fort possible que nous bénéficiions des effets de la crise. À l’époque, nous avions fait une augmentation de part de marché dans le segment affaires. Il n’y a aucune raison que cela soit différent lors de la prochaine reprise.