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Dufry en bisbille avec l'espagnol Aena autour des loyers

Alors qu'Aena, la filiale de Dufry, argue de ses difficultés financières devant les tribunaux, le groupe coté à la Bourse suisse n'en a pas moins relevé les bonus de ses dirigeants.

Les membres de la direction générale de Dufry ont consenti à raboter leur salaire de 30% entre avril et juin 2020. En revanche, les bonus ont pris l'ascenseur.
Keystone
Les membres de la direction générale de Dufry ont consenti à raboter leur salaire de 30% entre avril et juin 2020. En revanche, les bonus ont pris l'ascenseur.
31 mai 2021, 14h55
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Le détaillant du voyage Dufry se retrouve dans un conflit juridique avec l'exploitant espagnol d'aéroports Aena concernant les loyers de ses magasins pendant la pandémie. Alors que sa filiale argue de ses difficultés financières devant les tribunaux, le groupe coté à la Bourse suisse n'en a pas moins relevé les bonus de ses dirigeants.

Sollicitée lundi, la direction de Dufry a indiqué ne pas être en mesure de commenter la procédure en cours.

Selon un rapport d'expertise présenté aux tribunaux espagnols cité par le site Vozpopuli, Dufry a mis en avant son "risque imminent d'insolvabilité" s'il doit faire face aux paiements des loyers réclamés par Aena et a demandé diverses mesures provisionnelles pour interdire leur exigibilité et ainsi "maintenir la viabilité" de l'entreprise.

Les difficultés financières de la filiale espagnole n'ont pas empêché le détaillant bâlois d'augmenter la gratification accordée à ses plus hauts dirigeants pendant la période concernée. Dans son rapport de rémunération, Dufry souligne que les membres de la direction générale ont consenti à raboter leur salaire de 30% entre avril et juin 2020.

Envolée des bonus

Les bonus en revanche ont pris l'ascenseur, à la faveur de la redéfinition d'indicateurs-clés de performance, qui comprennent les accords avec les autorités aéroportuaires pour obtenir des réductions du montant minimal garanti fixe sur les ventes. Pour l'ensemble du comité exécutif, ce poste a bondi de près de trois quarts par rapport à 2019 à près de 8 millions de francs, alors qu'il a plus que doublé pour le directeur général (CEO) Julián Díaz, à 2,3 millions.

A cela s'ajoutent des "bonus spéciaux pour performances individuelles exceptionnelles" pour plus de 10 millions en faveur de la direction générale, dont plus de 1 million pour le patron du groupe. Approuvées par le comité de rémunération, ces gratifications récompensent le "rôle déterminant" joué dans le sauvetage de l'entreprise pendant la crise sanitaire.

Au niveau du conseil d'administration, le président Juan Carlos Torres Carretero a vu sa rémunération gonfler de 14% à près de 4,4 millions de francs, dont plus de 2,5 (1,8) millions de bonus pour l'exercice écoulé, en raison de sa participation centrale à un apport de plus de 1,9 milliard de liquidités et au succès de la fusion avec l'américain Hudson.

Le président du conseil d'administration, Juan Carlos Torres Carretero, a vu sa rémunération gonfler de 14% à près de 4,4 millions de francs.
Dufry
Le président du conseil d'administration, Juan Carlos Torres Carretero, a vu sa rémunération gonfler de 14% à près de 4,4 millions de francs.


Dufry fait partie d'un groupe de locataires récalcitrants ayant refusé les conditions proposées par Aena pour le paiement des loyers au plus fort de la pandémie, à savoir une exemption de 100% du loyer minimum pendant le premier état d'alerte et de 50% entre juin 2020 et septembre 2021, des mesures chiffrées par la société semi-publique espagnole à environ 800 millions d'euros entre 2020 et 2021.

Lors de la présentation de ses résultats annuels fin février, Aena avait indiqué que 72 opérateurs commerciaux avaient accepté sa proposition, soit plus de la moitié des locataires, même si les plus importants, parmi lesquels figurent Dufry, s'étaient opposés aux nouvelles conditions.(AWP)