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Des tours en composite pour stocker les énergies renouvelables

La start-up tessinoise Energy Vault s’est faite remarquer avec un investissement de 110 millions de dollars par Softbank durant l'été 2019, via son véhicule d’investissement Vision Fund.

L’énergie solaire ou éolienne excédentaire est stockée dans des blocs composites de 35 tonnes, hissés par une grue, en haut d’une tour de 120 mètres de hauteur. Lorsque la demande d’énergie est supérieure à l’offre, et qu’il faut donc réinjecter de l’énergie dans le réseau, les blocs sont redescendus, récupérant de cette manière l’énergie emmagasinée lors du hissage.
L’énergie solaire ou éolienne excédentaire est stockée dans des blocs composites de 35 tonnes, hissés par une grue, en haut d’une tour de 120 mètres de hauteur. Lorsque la demande d’énergie est supérieure à l’offre, et qu’il faut donc réinjecter de l’énergie dans le réseau, les blocs sont redescendus, récupérant de cette manière l’énergie emmagasinée lors du hissage.
28 septembre 2020, 2h44
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Energy Vault a fait le pari de rendre les énergies renouvelables économiquement intéressantes. Fini les grands investissements. Avec ses tours, la start-up tessinoise espère casser les codes avec les solutions de stockage existantes sur le marché.  Alors que le spécialiste Leclanché travaille à des batteries connectées à des piles à combustibles, Tesla et Sonnen vendent déjà des batteries lithium-ion pour les maisons privées ou pour le réseau d’électricité.  Le CEO d’Energy Vault, Robert Piconi, estime que le coût de sa technologie peut se situer bien en dessous de 200 dollars par Kilowattheure en utilisant des déchets. Ce qui serait 50% moins cher que les batteries lithium-ion sur une base de coût nivelé.  «Notre solution ne se dégrade pas avec le temps. Les blocs composites, constitués de cendres, de charbon et de débris de site ont une durée de vie de près de quarante ans. La production des blocs est soutenue par la R&D de Cemex avec un polymère spécialisé qui a été développé dans son laboratoire de science des matériaux à Bienne», commente Robert Piconi, basé en Californie, siège de la société mère.  «Pour la première fois, l’énergie renouvelable, éolienne ou solaire pourrait être compétitive face aux énergies fossiles». Une compétitivité qui pourrait améliorer la vitesse mais aussi le volume de déploiement des énergies propres. Et ce, bien avant 2050. 

Un déclic pour les Etats

«Je dirai que notre plus grand impact se fera sentir dans les 10 à 20 prochaines années. Le fait que notre solution rende les énergies renouvelables économiquement intéressantes sera un déclic pour de nombreux pays qui veulent atteindre la neutralité carbone en 2050», explique le CEO. Une prédiction qui peut sembler très ambitieuse lorsqu’on sait qu’en Suisse une vingtaine de projets d’installations d’éoliennes ont été abandonnés, ces dernières années, à l’issue de batailles juridiques remettant notamment en question leur impact visuel. En serait-il de même pour les tours d’Energy Vault?  Bien qu’il admette l’incidence des éoliennes, Robert Piconi croit fermement à l’adaptation des mentalités en Suisse, précisant que ses installations ne sont pas prévues dans des sites résidentiels, et prend en exemple le plan unique de la Suisse concernant les stations de pompage-turbinage. Le pays en possède le plus par habitant au monde. Preuve du potentiel de la technologie d’Energy Vault, la jeune pousse s’est faite remarquer en annonçant durant l’été 2019 un investissement de 110 millions de dollars par le géant japonais Softbank, via son véhicule d’investissement Vision Fund. 

Détrôner le fossile

En juillet 2020, elle a été sélectionnée comme l’un des pionniers technologiques du Forum économique mondial. Un mois plus tard s’achevait la construction de sa première tour de pierre de 70 mètres de haut, à Arbedo Castione, dans le canton du Tessin.  Ce projet permet pour la première fois de remplacer les combustibles fossiles par des énergies renouvelables 24 heures sur 24. Un avantage pour les usines fonctionnant jour et nuit. «Nous avons passé toute l’année 2018 à prouver notre technologie à un niveau pilote, et la réponse du marché a été formidable. Nous étions en train de sécuriser notre première levée de fonds de série A, alors que notre série B, bien plus importante, se terminait au même moment», commente son CEO.  L’entreprise a déjà conclu des accords avec le conglomérat énergétique indien Tata Power et un partenariat avec le producteur de ciment mexicain Cemex. Elle revendique également des accords avec des clients sur les cinq continents. 

La Covid comme catalyseur

D’après le CEO, le coronavirus pourrait aussi être un point d’inflexion pour les énergies renouvelables. «La pandémie a créé une pause dans le monde. Elle permet de prendre du recul sur nos priorités, et de réfléchir à comment nous voulons évoluer pour être durable. Cette crise doit nous apprendre à planifier à l’avance, à être plus agressif, et à nous engager fermement, et maintenant, pour résoudre le problème climatique. Le stockage de l’énergie est une des solutions pour y parvenir», estime Robert Piconi. >> Lire aussi: Trois start-up qui électrifieront la Suisse en 2050