La soeur d'Alicher Ousmanov, un oligarque proche du président russe Vladimir Poutine visé par des sanctions, a ouvert entre 2004 et 2014 pas moins de 27 comptes auprès de Credit Suisse par lesquels ont transité des milliards de francs. Se basant sur des documents ayant fuité dans le cadre de l'affaire des «Suisse Secrets», le Guardian estime mercredi que 18 étaient toujours actifs récemment.
Interrogé par le média britannique, le numéro deux bancaire helvétique a indiqué ne pas pouvoir d'un point de vue juridique faire de commentaires sur des relations potentielles avec des clients, tout en soulignant que «par principe et politique, la banque applique toutes les sanctions, en particulier celles émises par l'UE, les États-Unis et la Suisse».
Dans sa prise de position, l'établissement aux deux voiles a également rappelé que près de 90% des comptes examinés sur la base des données fuitées «sont aujourd'hui fermés ou étaient en cours de fermeture avant la sollicitation des médias».
Selon le Guardian, Saodat Narzieva aurait été l'ayant-droit économique d'au moins 27 comptes chez Credit Suisse, dont le plus important affichait en 2011 un solde de 1,9 milliard de francs, et deux autres 1,3 milliard et 460 millions en 2014. Âgée de 56 ans, la soeur d'Alicher Ousmanov officie comme gynécologue et obstétricienne dans un hôpital de la capitale ouzbèke Tachkent.
Dans le Top 100 de Forbes
Seize de ces comptes mentionnent comme contact USM, un conglomérat sidérurgique, minier et de télécoms aux mains d'Alicher Ousmanov, qui avec une fortune estimée à 18,4 milliards de dollars en 2021, figure parmi les 100 personnes les plus riches de la planète dans le classement du magazine Forbes.
Contrairement à sa soeur, ce dernier est visé par les sanctions mises en place par l'Union européenne (UE) en réponse à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, sur lesquelles la Suisse s'est alignée. Selon le Secrétariat d'État à l'économie (Seco), Alicher Ousmanov a «soutenu activement, matériellement ou financièrement, les décideurs russes responsables de l'annexion de la Crimée et de la déstabilisation de l'Ukraine».
Un porte-parole de l'oligarque cité par le Guardian a déclaré que Mme Narzieva n'avait «ni la détention ni le contrôle» de quelque compte que ce soit dans des établissements suisses au nom de son frère, et que «toute relation financière d’Alicher Ousmanov avec sa soeur aurait été le résultat de sa générosité bien connue et du soutien qu'il a toujours légalement apporté à ses proches».
Dans l'annonce de la première salve de sanctions dès le début des hostilités le 24 février, le département du Trésor américain a souligné que les oligarques et les puissantes élites russes visés par les sanctions ont «utilisé des membres de leur famille pour déplacer des actifs et dissimuler leur immense richesse». (AWP)