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De nouvelles réductions de livraisons pour AstraZeneca

AstraZeneca évoque des restrictions d'importation pour expliquer ces réductions et rencontre des déconvenues avec de plus en plus de pays qui ont suspendu l'utilisation de ce vaccin.

AstraZeneca a désormais pour objectif de livrer 100 millions de doses au premier semestre à l'UE.
Keystone
AstraZeneca a désormais pour objectif de livrer 100 millions de doses au premier semestre à l'UE.
14 mars 2021, 17h05
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Le géant pharmaceutique britannico-suédois AstraZeneca est confronté à de nouvelles réductions de livraisons de son vaccin contre la Covid-19 à l'Union européenne, invoquant des restrictions d'exportation.

"AstraZeneca est au regret d'annoncer une baisse des livraisons de vaccins contre le Covid-19 à l'Union européenne malgré son travail sans relâche pour accélérer l'approvisionnement", selon un communiqué publié sur le site du groupe.

Confronté à des difficultés de production, le groupe avait décidé de recourir à ses sites de production en dehors de l'UE pour essayer de compenser en partie et livrer les 27 Etats membres de l'Union mais "malheureusement, des restrictions d'exportations réduiront les livraisons au premier trimestre" et "vraisemblablement" au deuxième, selon un porte-parole du groupe.

Celui-ci a pour objectif de livrer 100 millions de doses au premier semestre - 30 millions au premier trimestre et 70 millions au deuxième.

AstraZeneca avait annoncé fin janvier ne pouvoir livrer aux Vingt-Sept que 40 millions de doses au 1er trimestre, sur les 120 millions qu'il avait initialement promises, en raison de difficultés manufacturières dans une usine belge. Pour le deuxième trimestre, AstraZeneca devait initialement livrer 180 millions de doses à l'UE.

Le groupe a indiqué "collaborer avec la Commission européenne et les Etats membres pour résoudre les difficultés d'approvisionnement" et s'est dit "confiant que la productivité de sa chaîne d'approvisionnement dans l'UE continue à s'améliorer, pour contribuer à protéger des millions d'Européens contre le virus".

Des efforts insuffisants

Confirmant la poursuite des discussions avec le groupe, la Commission européenne a souligné qu'elle insiste pour que l'entreprise fasse "tout son possible pour honorer ses engagements".

Mais le commissaire européen Thierry Breton, qui dirige la "taskforce" vaccins de l'UE a jugé les efforts du groupe insuffisants.

Très critiquée pour la lenteur des livraisons en Europe et les retards du groupe AstraZeneca, la Commission européenne, qui a négocié les contrats au nom de ses 27 Etats membres, table sur une montée en puissance des livraisons au deuxième trimestre.

Elles pourraient atteindre le rythme moyen de 100 millions de doses par mois d'avril à juin tous vaccins confondus, soit 300 millions pour l'ensemble du trimestre. La Commission européenne vise 70% d'Européens vaccinés d'ici la fin de l'été.

Conséquences des réductions d'approvisionnement du vaccin AstraZeneca, en Allemagne, le Land de Thuringe (centre) doit interrompre les rendez-vous pour être vacciné et suspendre temporairement un projet-pilote de vaccination avec ce produit par des médecins généralistes.

Les personnes âgées vivant à domicile devaient notamment être vaccinées dans le cadre de ce dispositif, qui devait débuter avant fin mars.

La Thuringe devait recevoir la semaine prochaine 31.200 doses, mais le nombre est revu nettement à la baisse avec seulement 9.600 doses attendues. La ministre de la Santé du Land, Heike Werner (gauche radicale), a jugé "absolument inacceptable" cette réduction des livraisons.

La Thuringe (ex-RDA) est le Land où le taux d'incidence sur sept jours est le plus élevé d'Allemagne, atteignant samedi 152,1. AstraZeneca voit sa responsabilité "engagée" après avoir annoncé qu'il ne serait pas en mesure de livrer les doses de vaccin promises, a jugé dimanche la ministre française déléguée chargée de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher, se disant "très en colère".

Cas de caillots sanguins

Aux difficultés d'approvisionnement sont venus s'ajouter des cas graves de caillots sanguins, qui ont entraîné la suspension des injections du vaccin dans plusieurs pays.

AstraZeneca a assuré que son vaccin n'entraîne aucun "risque aggravé" de caillot sanguin.

L'Irlande est devenue dimanche le cinquième pays en Europe à suspendre l'utilisation du vaccin contre le Covid-19 d'AstraZeneca. Il s'agit d'une nouvelle déconvenue pour le laboratoire suédo-britannique déjà incapable de livrer les quantités promises dans l'UE.

Alors que la pandémie a tué au moins 2,54 millions de personnes dans le monde depuis fin décembre 2019, les autorités sanitaires irlandaises recommandent de suspendre par "précaution" l'utilisation de ce vaccin, après le signalement en Norvège de quatre nouveaux cas graves de caillots sanguins chez des adultes vaccinés, sans qu'aucun lien ne soit encore prouvé.

La Norvège, qui a signalé samedi également des hémorragies cutanées chez des jeunes vaccinés, a suspendu le vaccin la semaine dernière en raison de craintes liées à la formation de caillots, comme le Danemark, l'Islande et la Bulgarie. La Thaïlande comme la République du Congo ont pour leur part reporté leurs campagnes de vaccination.

La région italienne du Piémont (Est) a également décidé dimanche de suspendre le vaccin après la mort d'un enseignant vacciné la veille. "Une mesure d'extrême précaution en attendant de vérifier s'il y existe un lien de causalité", a précisé le conseiller pour la santé du Piémont, Luigi Genesio Icardi.

AstraZeneca affirme qu'il n'existe "aucune preuve de risque aggravé" de caillot sanguin entraîné par son vaccin. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré vendredi qu'il n'y avait "pas de raison de ne pas utiliser" ce vaccin.

L'Agence européenne des médicaments (AEM) a toutefois estimé qu'un lien de causalité était "probable" dans au moins certains des "41 rapports d'anaphylaxie possible observés parmi environ 5 millions de vaccinations au Royaume-Uni".

Elle fait valoir que des allergies sévères devraient être ajoutées à la liste des effets secondaires possibles du vaccin mais que celui-ci reste sûr.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a quant à elle déclaré vendredi qu'il n'y avait "pas de raison de ne pas utiliser" ce vaccin et qu'aucun lien de cause à effet sur la formation de caillots sanguins n'avait pour l'instant été trouvé. (awp)