L'ombre des affaires a continué à planer sur le deuxième trimestre de Credit Suisse. La débâcle du fonds spéculatif américain Archegos a pesé à hauteur de 594 millions de francs sur les résultats du numéro deux bancaire helvétique, portant le total à quelque 5 milliards sur le premier semestre.
Le bénéfice net a ainsi chuté de 78% à 253 millions de francs, indique jeudi la grande banque. Credit Suisse avait indiqué préalablement que l'affaire Archegos allait lui coûter 600 millions au deuxième partiel, contre 4,4 milliards au premier, bouclé dans les chiffres rouges.
Le résultat avant impôts a chuté de 48% sur un an à 813 millions de francs. Apuré de l'impact d'Archegos, cet indicateur s'est inscrit à 1,3 milliard de francs, ce qui représente un recul de 11%.
Le produit d'exploitation a reculé de 18% à 5,10 milliards de francs, ou -14% sans l'effet Archegos. En excluant les effets exceptionnels, Credit Suisse déplore avoir subi une baisse de recettes dans l'activité stratégique qu'est la gestion de fortune, un repli touchant les deux divisions dédiées, mais également dans l'unité de banque d'affaires.
La gestion d'actifs a généré un chiffre d'affaires en hausse, tandis que les recettes de la banque universelle suisse, vaisseau amiral du géant bancaire, se sont révélées stables, précise le communiqué.
Les charges d'exploitation ont baissé de 1% à 4,32 milliards. Là encore, l'établissement aurait pu améliorer sa performance sans Archegos, les dépenses ayant reculé de 6% sans tenir compte des conséquences de cette affaire.
Les investisseurs ne prenaient pas de gants, précipitant le titre Credit Suisse à 9,072 francs (-2,4%) à 12h53
Quatrième remboursement lié à Greensill
Les chiffres publiés par Credit Suisse manquent les prévisions du consensus AWP, à l'exception du résultat avant impôts attendu en moyenne à 745 millions de francs.
Le deuxième trimestre a été marqué par une forte décollecte, les reflux d'argent ayant atteint 4,7 milliards de francs. Pour le directeur financier David Mathers, ces sorties sont liées à un processus de réduction des risques touchant principalement la région Asie-Pacifique.
Parallèlement aux chiffres trimestriels, la banque aux deux voiles a publié le rapport d'experts sur Archegos, dont les conclusions exonèrent Credit Suisse de tout acte illicite mais soulignant cependant les graves manquements dans la gestion des risques.
Depuis février, la grande banque subit le contrecoup d'engagements hasardeux, dont Archegos, mais également Greensill, du nom de la société britannique d'affacturage en faillite. "Nous prenons ces deux événements très au sérieux et sommes déterminés à en tirer toutes les leçons qui s'imposent", a réaffirmé le directeur général Thomas Gottstein, cité dans le communiqué.
Credit Suisse poursuit la liquidation des fonds Greensill, les "Supply Chain Finance Funds" ou SCFF. Un quatrième remboursement de 0,4 milliard de dollars (0,36 milliard de francs) est prévu en août, portant le montant restitué aux clients à 5,9 milliards. Les résultats de l'enquête sur Greensill devraient être connus au 3e trimestre.
Les investisseurs ne prenaient pas de gants, précipitant le titre Credit Suisse à 9,072 francs (-2,4%) à 12h53. Le SMI était stable. En début de séance, le titre a plongé à 8,80 francs. (awp)
Fluctuation plus élevée parmi les cadres
Alors que Credit Suisse a annoncé des coupes dans les bonus suite à la débâcle d'Archegos, de nombreux cadres de la grande banque quittent le navire. Le directeur général Thomas Gottstein a confirmé des départs dans une interview accordée à la télévision alémanique SRF.
"Il est vrai que dans certains domaines, notamment parmi les cadres qu'on nomme 'managing directors', nous avons constaté une rotation plus importante que les années précédentes", a déclaré M. Gottstein.
Après la perte de quelque 5 milliards de francs liée à Archegos, les employés doivent faire preuve de solidarité avec les actionnaires, selon le patron du géant bancaire zurichois, qui ne versera pas des primes aussi élevée que certains concurrents en 2021. "Nous devons accepter certains départs."
Dans d'autres cas, la banque aux deux voiles a versé des bonus visant à conserver certaines personnes, Thomas Gottstein rappelant qu'en termes de talents la concurrence est très rude entre établissements rivaux.
Le banquier réfute l'argument selon lequel le système d'incitation de Credit Suisse aurait justement conduit à la débâcle du fonds spéculatif américain Archegos. Les pertes subies par la grande banque ont été causée par des "erreurs humaines", selon M. Gottstein. (awp)