L'économie helvétique devrait accélérer cet été, selon les économistes de Credit Suisse. Mais la reprise prendra du temps. Les pertes de croissance liées au coronavirus ne seront pas compensées avant fin 2022.
La performance économique "va sans doute encore diminuer au 1er trimestre 2021", de 0,5%, puis "la croissance devrait s'accélérer à l'été grâce aux progrès des campagnes de vaccination et à l'assouplissement progressif des mesures", selon le Moniteur de Credit Suisse paru mardi, consacré au premier trimestre.
Les spécialistes de la banque zurichoise tablent toujours sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 3,5% en 2021, "malgré le risque d'une troisième vague", a fait remarquer Claude Maurer, responsable de l'analyse conjoncturelle, en conférence téléphonique. La hausse du taux de chômage est anticipée à 3,7% maximum. "Nous ne voyons pas de licenciements de masse", a-t-il ajouté. Si la situation reste tendue, Credit Suisse s'attend à une modeste croissance de l'emploi de 0,3% en 2021.
L'alimentaire, grand gagnant
Un an après le déclenchement de la pandémie, des gagnants de la crise se dessinent. Les chiffres d'affaires du commerce alimentaire suisse ont pu croître de près de 12% en moyenne entre le début de pandémie et la fin 2020. Le secteur a profité de "l'absence de concurrence des restaurants et bars" ainsi que du tourisme d'achat rendu "compliqué durant de nombreuses semaines".
Le commerce de détail non-alimentaire a lui bénéficié d'un effet de rattrapage. Ce secteur "parvient à compenser le recul temporaire de la consommation d'une semaine de confinement en 2021 en près de deux semaines", d'après le Moniteur. Par ailleurs, la "mobilité a été moins affectée" pendant le deuxième confinement, a souligné M. Maurer.
L'industrie horlogère pourrait renouer avec la normalité en cas de "reprise économique liée à un assouplissement des mesures au 2e semestre 2021". Les indices des directeurs d'achat démontrent que l'optimisme perdure dans l'industrie mondiale, "ce qui devrait avoir un impact positif sur la demande d'exportations de l'industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (MEM) en provenance de Suisse".
En revanche, dans le tourisme intercontinental, "la reprise n'est pas prévisible et dépendra de la situation de l'ouverture des frontières", a poursuivi le responsable. La suspension des voyages d'affaires et d'excursions citadines s'est traduite par une baisse des dépenses dans les hôtels de près de 300 millions de francs depuis le début de la pandémie.
Les restaurants et bars devraient pouvoir fonctionner à nouveau à la normale cette année grâce à la vaccination. Mais "le potentiel de consommation de rattrapage est jugé "modeste", car les consommateurs ne s'y rendront pas plus souvent qu'avant.
Credit Suisse estime que "si la performance économique va sans doute renouer avec le niveau d'avant-crise d'ici la fin de l'année, la perte de richesse liée à la pandémie de coronavirus n'en demeurera pas moins considérable". Les pertes pour le PIB sont estimées à environ 57 milliards de francs pour 2020 et 2021, soit 8% du PIB de 2019. (awp)