Credit Suisse devrait encore souffrir au deuxième trimestre l'impact de ses déconfitures successives avec le fonds spéculatif Archegos et la société d'affacturage Greensill. Le groupe bancaire zurichois publie jeudi ses résultats financiers pour la période d'avril à fin juin.
L'établissement des bords de la Limmat avait enregistré au premier trimestre une perte avant impôts de 757 millions de francs, après un résultat positif de 1,2 milliard un an plus tôt. Pour le second partiel, les analystes s'attendent à ce que la banque aux deux voiles renoue avec les bénéfices.
La direction avait averti en avril s'attendre au deuxième trimestre à un impact résiduel de 600 millions de francs lié à la débâcle d'Archegos, après une charge de 4,4 milliards de francs au premier trimestre.
Les spécialistes observeront aussi avec attention quel effet ces affaires ont eu, notamment dans la division désormais autonome de Gestion d'actifs, sur les afflux d'argent nouveau, qui illustrent la confiance qu'accordent les clients à la banque aux deux voiles.
Credit Suisse devrait continuer à traîner les boulets de ces affaires sur les prochains trimestres. La direction avait en effet averti au printemps qu'elle allait réduire la prise de risque dans sa banque d'affaires, notamment dans l'activité de "Prime Brokerage" avec les fonds spéculatifs.
Dans l'immédiat, la banque poursuit la liquidation des fonds liés à Greensill, les "Supply Chain Finance Funds" (SCFF). Elle a récemment procédé au remboursement de 0,75 milliard de dollars, portant le total à 5,6 milliards.
En prenant en considération les liquidités distribuées et celles encore investies, les fonds engagés dans les véhicules de placement s'élèvent à 6,1 milliards de dollars, soit quelque 61% du montant initial, qui avoisinait les 10 milliards répartis sur quatre fonds, avait indiqué la banque début juillet.
Gestion du risque en priorité
Mi-juillet, Moody's a revu à la baisse la notation de certains emprunts de Credit Suisse, évoquant pour le numéro deux bancaire helvétique une réduction de la capacité à absorber des pertes inattendues, débouchant sur un affaiblissement de la solvabilité. Cette dégradation fait suite aux affaires Greensill et Archegos. L'agence a ainsi abaissé d'un cran la notation de la dette senior à long terme non garantie de l'entité Credit Suisse SA à "A1" de "Aa3".
L'agence de notation new-yorkaise a pointé du doigt une appétence au risque plus élevée que prévu chez Credit Suisse, une déficience dans la sensibilisation au risque à l'interne et des manquements dans les contrôles qui justifient la révision à la baisse.
Ces affaires exposent la grande banque à des actions en justice de la part de clients ayant laissé des plumes dans les fonds SCFF ou Archegos, a par ailleurs averti Moody's. De nouvelles pertes ne peuvent pas être exclues pour le deuxième semestre.
Avec l'arrivée du nouveau président, António Horta-Osório, les observateurs scruteront aussi attentivement toute annonce sur une éventuelle restructuration de la banque. Le Portugais avait récemment indiqué au journal Neue Zürcher Zeitung (NZZ) que les premières décisions concernant la transformation de la banque seraient prises d'ici la fin de l'année.
Selon le président du conseil d'administration, la gestion du risque doit obtenir la plus haute priorité. (ATS)