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ClearSpace signe un contrat à 86 millions avec l’ESA

Le consortium industriel mené par la start-up suisse est maintenant sur pied. L’opération de captage de débris spatial est prévue pour 2025. D’autres firmes suisses sont impliquées dans le projet financé par l'ESA.

En 2025, ClearSpace-1 capturera la partie supérieure d'un lanceur européen Vega. L'engin en forme de grappin aura pour cible cet objet de 112 kilos, dérivant à une altitude d’environ 801 kilomètres de la Terre.
ClearSpace SA
En 2025, ClearSpace-1 capturera la partie supérieure d'un lanceur européen Vega. L'engin en forme de grappin aura pour cible cet objet de 112 kilos, dérivant à une altitude d’environ 801 kilomètres de la Terre.
01 décembre 2020, 18h05
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La mission ClearSpace-1 décollera en 2025. Cette opération de l’Agence spatiale européenne (ESA) doit son nom à une start-up vaudoise: ClearSpace. Son équipe d’une trentaine d’employés a été choisie pour piloter le tout premier enlèvement d’un débris spatial. Ce mardi, le consortium industriel qu’elle dirige a signé le contrat de 86 millions d’euros (93 millions de francs) qui le lie à l’ESA.

«Vous avez tous vu [le film] Gravity et constaté les dégâts qu’un débris spatial peut engranger», a décrit Jan Woerner, directeur général de l’ESA, en introduction de la conférence de presse précédant la signature. Si cet exemple relève de la science-fiction, il avertit que toujours plus de satellites obsolètes flottant dans le cosmos présentent des menaces.

Neuf acteurs suisses impliqués

Jamais l'agence spatiale n’a confié «un contrat d’une telle ampleur à une petite start-up. ClearSpace a été choisie car elle a soumis la meilleure proposition», a souligné Eric Morel de Westgaver, directeur de l’industrie et des achats de l’ESA. «Les Suisses ont la réputation d’être toujours propres et organisés. Il était évident qu’un projet helvétique naîtrait pour nettoyer tout ça», a plaisanté Martin Vetterli, président de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne dont ClearSpace est un spin-off.

La mission sera opérée sous le programme ADRIOS, pour Active Debris Removal/In-Orbit Servicing. Si elle a été annoncée il y a un an, les contours précis viennent d’en être dévoilés. A la start-up se joindront d’autres sociétés suisses comme Apco Technologies, Syderal Swiss, Ruag, Micro-Cameras & Space Exploration ou encore NanoSpace; mais aussi des institutions comme l’EPFL, l’Université de Berne et la HES-SO. Les autres entreprises du consortium proviennent de de République tchèque, d’Allemagne, de Suède, de Pologne, du Royaume-Uni, du Portugal et de Roumanie. Le budget total de l’opération est estimé à 100 millions d’euros. ClearSpace et ses partenaires devront donc lever les 14 millions non financés par l’ESA, auprès d’autres investisseurs.

L’objectif est de monter un service commercial qui ramasse des débris plus gros, ou de multiples objets en une fois

Luc Piguet, CEO et cofondateur de ClearSpace

Un futur modèle commercial

En ligne de mire, le ramassage de l’étage supérieur d’un lanceur européen Vega qui flotte dans l’espace, à 800 kilomètres de la Terre, depuis 2013. Un vaisseau en forme de grappin embrassera ce nez de fusée conique de 112 kilos. Il le fera dévier de sa trajectoire afin qu’il pénètre dans l’atmosphère terrestre où il se désintégrera. «Un peu plus grande qu’une machine à laver», a estimé Muriel Richard-Noca, ingénieure en chef et cofondatrice de la start-up née en 2018. La cible est parfaite, d’une bonne taille et d’un bon poids par rapport aux futurs objets que ClearSpace espère capter. «L’objectif suivant est de monter un service commercial qui ramasse des débris plus gros, ou de multiples objets en une fois, pour diminuer les coûts de telles missions», a renchérit Luc Piguet, CEO et cofondateur de ClearSpace.

Ce marché est insondable: plus de 28.000 débris spatiaux gravitent déjà en orbite de la Terre. Et ce nombre est appelé à augmenter rapidement vu l’émergence de «méga-constellations de milliers de satellites telles que celle qu’Elon Musk veut lancer», a commenté Rolf Densing, directeur des opérations de l’ESA. «Cette mission est une première étape vers des services plus ambitieux que nous pourrons offrir, notamment aux opérateurs de constellation», a indiqué Holger Krag, chef du programme de Sécurité Spatiale de l’ESA. Les nouvelles capacités européennes de dépollution de l'orbite terrestre présagent de nombreuses futures missions pour la dépanneuse spatiale aux quatre tentacules, lors d’opération qui devraient se nommer ClearSpace-2, ClearSpace-3,…