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Aryzta: la tension monte juste avant l’assemblée générale

Une OPA est en pourparlers avec la société d’investissement Elliott Advisors à quelques jours de l’assemblée générale extraordinaire du spécialiste de la boulangerie surgelée Aryzta. L’issue de l’AG reste très ouverte.

Hiestand est la marque suisse du groupe Aryzta qui a son siège à Schlieren (ZH). (Keystone)
Hiestand est la marque suisse du groupe Aryzta qui a son siège à Schlieren (ZH). (Keystone)
11 septembre 2020, 15h31
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Aryzta a confirmé jeudi soir dans un communiqué qu’elle était entrée en discussions avancées avec la société d’investissement Elliott Advisors au sujet d’une offre publique d’acquisition (OPA) sur le leader mondial d’articles de boulangerie surgelés B2B. Et ce à quelques jours de l’assemblée générale extraordinaire qui se tiendra le 16 septembre à Dübendorf (ZH), selon tout vraisemblance, même si une autre OPA ou un coup de théâtre de dernière minute ne sont pas impossibles. Cette assemblée opposera deux camps : celui des dirigeants, soutenu par Elliott Advisors, qui proposent l’élection d’Andreas Schmid comme nouveau président du conseil d’administration, et celui du groupe d’actionnaires formé de la firme espagnole Cobas Asset Management et de la société suisse Veraison Capital. Ce groupe détient 20,1% du capital et recommande les nominations d’Urs Jordi comme nouveau président ainsi que celles, comme administrateurs, de Heiner Kamps et Armin Bieri, et le limogeage en tant que membre du conseil d’administration de Kevin Toland, l’actuel CEO. Gary McGann, l’actuel président, démissionnera du conseil d’administration. Urs Jordi a conduit les opérations d’Aryzta en Europe et en Asie, de 2010 à 2013. Heiner Kamps est un entrepreneur du secteur alimentaire depuis plus de 40 ans. Armin Bieri a été membre du management d’Aryzta de 2005 à 2016. Face à eux Andreas Schmid peut faire valoir qu’il a notamment été CEO de Barry Callebaut, le leader mondial de la sous-traitance manufacturière du chocolat. Un domaine dans lequel les économies d’échelle s’avèrent essentielles, comme dans celui de la boulangerie industrielle. Cette confrontation oppose surtout deux conceptions. D’une part, Cobas et Veraison estiment qu’une revalorisation boursière considérable d’Aryzta est possible après des années de destruction de valeur, mais en renouvelant les organes dirigeants, en rétablissant la confiance, en simplifiant la structure d’organisation et en réduisant le profil de risque. Ce redressement prendra cinq ans selon les propos d’Urs Jordi, cités par Gary McGann dans sa lettre aux actionnaires du 8 septembre. Ce groupe d’actionnaires n’acceptera vraisemblablement pas une OPA à un prix trop bas, spécialement Cobas, qui a acquis des actions Aryzta à un cours moyen probablement supérieur à 2 francs. Ce Vendredi après-midi, le titre valait 0,71 franc, en hausse de 15% par rapport à la clôture de la veille. D’autre part, le conseil d’administration de l’entreprise basée à Schlieren (ZH) estime qu’il y a une situation d’urgence et qu’une telle durée de cinq ans serait trop longue. Tout en affirmant que son plan d’amélioration mis en œuvre fonctionne, bien qu’il soit ralenti par la pandémie de Covid-19. Depuis 2018, sous la conduite de Gary McGann et Kevin Toland, qui ont dû corriger la mauvaise gestion de leurs prédécesseurs, le focus mis sur le segment de produits de boulangerie surgelés B2B a été accru par la cession d’actifs n’appartenant plus au cœur des affaires d’Aryzta. L’endettement net du groupe a été réduit à 567 millions d’euros (sans tenir compte des emprunts hybrides), à son plus bas niveau depuis 2013. Les dirigeants envisagent donc aussi une OPA dans leur processus stratégique. Avant de relater les pourparlers avec Elliott, ils ont d’ailleurs évoqué l’intérêt de plusieurs acheteurs potentiels. Le nom du groupe canadien George Weston a été mentionné à plusieurs reprises par « Finanz und Wirtschaft ». Finalement, la trésorerie d’Aryzta est préservée. Quoi qu’il en soit, le désinvestissement des activités en Amérique du Nord, où Aryzta fait moins bien que ses concurrents (Flowers Food, Grupo Bimbo et Weston Foods), permettrait de diminuer fortement l’endettement et de stabiliser le groupe financièrement. La valeur boursière d’Aryzta avoisine 700 millions de francs. Son endettement net se montait à 1,8 milliard d’euros à fin janvier 2020, à l’inclusion des emprunts hybrides qui sont considérés comme du capital propre sous le régime comptable IFRS.