06 octobre 2020, 18h45
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Dans une actualité dominée par l’incertitude liée à la Covid-19, la stabilité du niveau d’emploi du secteur financier apparaît comme une bonne nouvelle pour la place financière genevoise. Fait à souligner cependant, cette recomposition de la création de l’emploi se fait au profit du secteur financier hors banque et donc au détriment des établissements bancaires, dont le nombre a chuté de 140 (en 2008) à 104 (en 2017) pour s’établir aujourd’hui à 92, perdant 975 postes ces trois dernières années.
En effet, derrière les statistiques communiquées mardi par la Fondation Genève Place Financière (FGPF), lors de sa conférence de presse annuelle, se profile une tendance de fond au profit des intermédiaires financiers, tels que ceux actifs dans les sociétés d’investissement, les entreprises actives dans le crédit-bail, ainsi que les assurances et les activités juridiques et comptables (fiduciaires) et les gestionnaires de fortune indépendants (tous confondus). Ces derniers ont connu ces trois dernières années une phase créatrice d’emplois, malgré une forte consolidation, passant de 895 gérants (avec 2.943 postes fin 2017) à 572 (avec 3008 postes fin septembre 2020). «Ces gérants de fortune indépendants (GFI) sont très liés aux banques. La plupart d’entre eux ont été créés par d’anciens banquiers. Ils contribuent à la grande diversité, mais aussi au renforcement de la place financière genevoise. La consolidation, vue parfois comme un monstre horrible, permet d’augmenter la capacité bénéficiaire et donc la solidité des banques suisses», commente Yves Mirabaud, président de la Fondation Genève place financière, sur les exemples récents de consolidation sans citer de noms des établissements bancaires en question.
La contribution du secteur financier au sens large au PIB cantonal genevois est stable, elle atteint 12,9% (contre 12,2% fin 2017) et les établissements financiers ont attiré de nouveaux apports nets de fonds au 1er semestre 2020.
Pour le directeur de FGPF qui a créé en 2019 un chapitre dédié à la gestion d’actifs, «la révolution va venir de la finance durable. C’est un changement de mentalité majeure et vraie priorité pour la place financière genevoise.»
La gestion d’actifs, le relais de croissance pour Genève
Indépendamment du secteur bancaire stricto sensu, l’activité de gestion d’actifs est vue comme un relais de croissance pour la place financière. En termes de statistiques, elle est partiellement incluse dans la catégorie des banques, qui y consacrent 9,1% de leurs activités, selon la dernière enquête conjoncturelle 2020-2021 dévoilée par FGPF. Par ailleurs, elle relève aussi des activités des purs gestionnaires d’actifs, qui sont catégorisés soit dans les gestionnaires de fortune indépendants, soit dans les intermédiaires financiers, hors du domaine bancaire. «Auparavant parent pauvre de la banque privée, la gestion d’actifs est devenue une priorité à part entière. Genève a ouvert les yeux sur ces nouveaux acteurs, les pure players, qui sont d’importants relais de croissance, aux côtés des banques, de taille très différente, qui élargissent également les compétences en gestion institutionnelle», observe Edouard Cuendet, directeur de FGPF en soulignant le lien fort entre durabilité et gestion d’actifs. Les statistiques publiées par Swiss Sustainable Finance (SSF) et citées hier par Laurent Ramsey, vice-président de FGPF sont éclairantes: les investisseurs institutionnels représentent 79%, contre 21% pour les investisseurs privés sur le volume des placements durables effectués en Suisse, soit un montant de 1100 milliards de francs suisses, en progression de 62% entre 2018 et 2019.Pour le directeur de FGPF qui a créé en 2019 un chapitre dédié à la gestion d’actifs, «la révolution va venir de la finance durable. C’est un changement de mentalité majeure et vraie priorité pour la place financière genevoise.»