Escalier, pente, terrain accidenté, obstacle: rien ne stoppe Anymal C, le robot patrouilleur d’Anybotics. Avec 20 millions de francs de plus, sera-t-il inarrêtable? «Cette levée de fonds marque un tournant pour nous, mais aussi pour la communauté robotique entière. C’est le signe que le marché est prêt», s’enthousiasme Péter Fankhauser, le CEO et cofondateur de l’entreprise zurichoise.
Le tour de financement de série A a été clôturé jeudi. La levée de fonds était menée par Swisscom Ventures, la branche capital-risque du géant bleu, avec la participation de la société genevoise de private equity Ace & Company, du spécialiste zurichois de l’investissement dans des start-up EquityPitcher Ventures et d’autres investisseurs européens et américains.
Grâce à cette somme, la jeune société compte déployer sa solution d’inspection à quatre pattes à grande échelle. Si, «des dizaines» d’Anymal C ont déjà été produits, ce seront désormais «des centaines» de robots qui sortiront d’usine, chaque année, promet Péter Fankhauser. «Jusqu’ici, nous en assurions nous-mêmes l’assemblage final. La production était limitée par nos capacités internes. Notre objectif est de les multiplier par dix. Pour y parvenir, nous travaillerons avec des fabricants externes, des sociétés spécialisées dans les systèmes mécatroniques complexes», explique le CEO et ancien doctorant du Robotic Systems Lab de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ).
We are thrilled to share some big news today! ANYbotics has closed its CHF 20M Series A financing round led by Swisscom Ventures. To celebrate, we have put together a short video, enjoy! #robotics #switzerland #seriesa #investement
— ANYbotics (@anybotics) December 3, 2020
Press release: https://t.co/mS5280ugMM pic.twitter.com/1sxAzKUrjn
Ce n’est pas la première fois que ce spin-off fondé en 2016 lève des fonds. Il avait déjà récolté environ 5 millions de francs lors d’un tour de table de pré-amorçage. Ce nouveau montant de 20 millions n’a d’ailleurs «pas surpris» Cyril Kubr, directeur adjoint de l’incubateur de l’Agence spatiale européenne à Zurich, l’ESA BIC. Anybotics l’avait intégré entre 2017 et 2019. «Lorsque les cofondateurs d’Anybotics nous ont rejoints, leur technologie était déjà solide sur le plan scientifique. Ensuite, ils ont nommé Hanspeter Fässler, ancien responsable d’ABB et d’Implenia, comme président: il leur a apporté sa vaste expérience industrielle. Enfin, l’équipe s’est développée de façon constante et structurée jusqu’à atteindre une cinquantaine d’employés aujourd’hui. Peu de start-up que nous avons hébergées en dire autant», souligne-t-il.
Un marché encore jeune
Anybotics cible les industriels du domaine de l’énergie et de la construction qui ont des installations sensibles à surveiller, où l’erreur humaine est à proscrire. «C’est un marché encore jeune sur lequel nous comptons nous démarquer», commente Péter Fankhauser. Le nom le plus connu dans cet univers est celui du spin-off du Massachusetts Institute of Technology (MIT) Boston Dynamics, que la start-up suisse talonnerait d’après son CEO. Mais d’autres concurrents entrent en jeu: le géant américain Google, les manufactures de robotique américaines Moog et Lynxmotion, la start-up chinoise Unitree ainsi que de plus petits acteurs européens qui viennent de se lancer.
Une machine autonome aux capacités surhumaines
La force d’Anymal C, «c’est son autonomie», avancent ses créateurs. Une fois qu’il a été guidé à travers un périmètre, il retrouve son chemin seul, naviguant à travers les couloirs et les étages. Lors de sa ronde, il utilise ses nombreux capteurs – caméras grand angle, senseurs thermiques et acoustiques – pour déceler la moindre anomalie, avant de retourner à sa station de recharge. Les détails de la prochaine génération de robots d’Anybotics, plus commerciale qu’industrielle, seront dévoilés en début d’année prochaine.