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1950: excellente année boursière

Bourse suisse. Les actions suisses avaient alors progressé de près de 10% en valeur réelle, l’inflation étant quasi-nulle. Les principaux bénéficiaires de cette conjoncture ont été les valeurs industrielles. L’exercice n’a toutefois pas été aisé.

Les cours des Bourses de Genève et Zurich tels qu’on pouvait les lire dans «L’Agefi» du 28 septembre 1950. Le titre du géant veveysan Nestlé figurait déjà parmi les poids lourds.(«L'Agefi»)
Les cours des Bourses de Genève et Zurich tels qu’on pouvait les lire dans «L’Agefi» du 28 septembre 1950. Le titre du géant veveysan Nestlé figurait déjà parmi les poids lourds.(«L'Agefi»)
28 septembre 2020, 0h47
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Une bonne conjoncture boursière est susceptible de favoriser le lancement d’une nouvelle publication économique et financière, du moins l’était. Ce fut le cas en 1950 lors de la création de L’Agefi. L’indice des actions suisses avait alors progressé de 9,68% en valeur nominale après un début hésitant, voire même lourd, et de 9,68% en valeur réelle, car l’indice des prix à la consommation était à zéro, selon les données de la banque Pictet. Un tel rendement réel est supérieur à la moyenne, de 5,78%, pour la période allant de 1926 à 2019.  Revenons à 1950. «L’année qui s’achève aura été une période faste pour les marchés boursiers libérés de toute contrainte ou réglementation, c’est-à-dire remplissant sans entrave leur rôle de baromètre dans une économie libérale», résume le 30 décembre le Journal de Genève. L’indice Dow Jones des valeurs industrielles sert de locomotive, étant passé en 18 mois de 161 à 235. 

D’une relative stabilité à une courte panique

Les principaux bénéficiaires de cette conjoncture en Suisse ont été les valeurs industrielles, dont la plupart enregistrent des plus-values considérables. Avec l’anticipation par le marché d’une hausse des bénéfices et des dividendes au titre de l’exercice 1950. En somme, la tendance des Bourses reflète un intérêt toujours plus manifeste pour les titres à revenus variables.  Il règne, durant le premier semestre de cette année, une relative stabilité encouragée par le rapide essor économique de l’Europe occidentale, notamment de l’Allemagne de l’Ouest. Le second semestre s’avère cependant plus agité, avec le brusque éclatement du grave conflit coréen, provoquant une courte panique boursière, suivie par un lent mouvement haussier, parallèle au redressement de la situation militaire.  «Il fallait l’intervention des forces chinoises pour que l’on se rende compte de la gravité des antagonismes et pour inciter les Etats-Unis à passer au réarmement intensif et à une mobilisation progressive de l’économie nationale», relate alors la Feuille d’Avis de Neuchâtel, ville qui dispose alors de sa propre Bourse à la criée. Cette transformation de l’économie américaine requiert un apport massif de capitaux. Ce qui a pour effet d’éviter une crise économique et, surtout, de multiplier les moyens de paiement, par conséquent de diminuer la capacité d’achat du dollar. Il est aussi question «d’augmentations d’impôts pour faire face au programme de défense», écrit L’Agefi dans sa première édition du 28 septembre. 

Lancement de l’Union européenne des paiements

L’année 1950 se caractérise par un autre événement majeur: la mise en œuvre, en septembre précisément, de l’Union européenne des paiements. L’accord, élaboré dans le cadre du plan Marshall, a pour but l’intensification des échanges intra-européens par le système du clearing multilatéral.  Il y a 70 ans, il n’existait pas encore une Bourse suisse, celle-ci n’ayant été fondée qu’en 1993 après que les Bourses de Bâle, Genève et Zurich ont entrepris de créer une bourse électronique en 1992. Le marché des actions et obligations est devenu entièrement informatisé en 1996, rendant caduc le commerce à la criée. Marquant aussi la fin du régionalisme, des Bourses de Lausanne, de Neuchâtel et de Saint-Gall en particulier. 

Une redéfinition du marché

Autre modification significative par rapport à 1950: la composition du marché. Beaucoup d’entreprises en ont disparu, notamment après avoir été acquises. Telles par exemple Suchard Holding, Crédit Foncier Neuchâtelois ou encore Ciment Portland, des ténors en 1950 de la Bourse de Neuchâtel. Société de banque suisse (SBS), Saurer, Bally et Motor-Columbus s’éclipsaient de celle de Zurich. A la Bourse de Genève figuraient en particulier Sopafin, Genevoise Vie, Gardy, Sécheron, Atelier des Charmilles ou Publicitas. Maintes autres sont naturellement entrées en Bourse Suisse depuis lors.  Les poids lourds des Bourses de Zurich et de Genève se composaient en 1950 de Nestlé, UBS, Credit Suisse, Zurich Assurances, Compagnie Suisse de Réassurance, Sulzer, Georg Fischer et Oerlikon, toutes des sociétés qui sont encore cotées aujourd’hui. La première est devenue la plus grande capitalisation du marché suisse et d’Europe.