Vendredi dernier s’est clos un grand chapitre de la saga Uber à Genève, celui des arriérés de cotisations sociales et de salaires dus aux chauffeurs.
La firme américaine peut poursuivre ses activités dans le canton moyennant le versement de 35,4 millions de francs d’ici au 31 mars 2023.
Une décision synonyme de victoire historique pour Fabienne Fischer. «C'est la première fois en Suisse qu'Uber assume ses obligations d'employeur pour l'ensemble de ses salariés», s’est félicitée la magistrate dans un tweet.
A première vue, on pourrait croire que l’Etat de Genève a réussi à faire plier le mastodonte californien (17,5 milliards de dollars de recettes et 892 millions de bénéfices en 2021). La réalité est plus nuancée.
Déboutée par le Tribunal fédéral en juin dernier, l’entreprise de transport n’a cependant pas cessé son activité, hormis pendant une petite semaine. Au plus grand bonheur de ses clients.
Ensuite, lorsqu’il a fallu parler argent, Uber a imposé ses règles dès le début. Aujourd’hui, les calculs complexes de l’Etat ne font qu’entériner a posteriori la somme proposée par Uber. Et ce, dès le mois de juillet.
Mieux, la firme américaine s’est renforcée en innovant et développant son modèle d’affaires. Elle propose depuis peu un nouveau modèle d'embauche dit «dual» pour ses chauffeurs sur l’ensemble du marché helvétique. Ces derniers peuvent être engagés par une entreprise partenaire et ainsi payer les assurances sociales, ou continuer à conduire de manière indépendante.
Toujours leader sur le marché, la société n’est peut-être pas celle qui a perdu le plus de plumes dans ce bras de fer qui l’oppose au canton. Au contraire, Fabienne Fischer, elle, a subi un fort préjudice au niveau réputationnel. L’élue de gauche s’est attirée d’un côté les foudres des syndicats, de l’autre la colère de certains chauffeurs qui n’ont cessé de manifester sous ses fenêtres. Souvent la tête basse.