Genève pourrait-il faire fuir les entreprises qui ont leur centre de décision ancré dans le canton? Le 3 mai 2022, le Grand conseil écoutait la réponse rassurante d’un fiscaliste qu’il auditionnait dans le cadre d’un débat sur l’IN179. Cette initiative de la gauche soumise au vote le 12 mars propose de taxer l’entier des dividendes versés, et non seulement 70% comme actuellement.
La réponse fut claire: «Le risque qu’elles partent est relativement réduit [il pense à Firmenich ou à des entreprises de ce style]», peut-on lire dans le procès-verbal. Moins d’un mois plus tard, le géant des arômes et parfums annonçait... déménager en Argovie, à la faveur d’une fusion avec son concurrent néerlandais DSM.
L’initiative inquiète donc à juste titre la classe moyenne des entrepreneurs, qui génère près de huit emplois sur dix
Frédéric Lelièvre
L’anecdote rappelle combien rien n’est jamais acquis. Bien sûr, la fiscalité n’est sans doute pas le seul argument qui a décidé du nouveau siège de Firmenich. Ce départ a néanmoins marqué les esprits. Nombre de chefs d’entreprise genevois y réfléchissent à présent, alors que la pression fiscale pourrait aussi augmenter en juin à la faveur d’une autre initiative, comme le montrent les témoignages recueillis par L’Agefi.
L’IN179 prétend viser le «privilège» des «gros actionnaires». Vraiment? La taxation partielle des dividendes permet en réalité d’équilibrer la fiscalité des entreprises, quelle que soit leur raison sociale. La supprimer, ce qui ferait de Genève un cas unique en Suisse, défavorisera d’abord les PME constituées en sociétés de capitaux.
L’initiative inquiète donc à juste titre la classe moyenne des entrepreneurs, qui génère près de huit emplois sur dix.
Il est préoccupant de voir une gauche genevoise sur laquelle déteint la France insoumise. Virulente et populiste, elle se prétend en phase avec les pauvres, mais apparaît toujours plus déconnectée de ceux qui créent des places de travail dans un canton qui taxe et dépense déjà bien plus que tous les autres.