Malgré la pandémie de Covid-19, la Suisse n’a jusqu’ici pas connu de faillites en série. Les mesures de soutien à l’économie ont ainsi atteint l’un de leurs principaux objectifs. La victoire complète est toutefois loin d’être assurée. Ces jours-ci, les plaintes et demandes d’action rapide se multiplient: les tenanciers de bars vaudois crient à l’injustice, les exploitants de fitness genevois se plaignent de devoir eux aussi rester fermés. De surcroît, le mois de décembre compte habituellement parmi les plus forts en affaires pour un grand nombre de domaines d’activité encore restreintes.
La réussite risque donc de n’avoir été que temporaire. La prochaine hausse des infections engendrant de nouvelles mesures sanitaires pourrait être celle de trop pour un grand nombre d’entreprises.
Pourquoi ne pas changer d’approche? Il faudrait se dire que chaque faillite d’une entreprise rentable avant la pandémie est une de trop. La Confédération et bon nombre de cantons financièrement très solides, le fruit de la discipline respectée lors d’années plus fastes, ont le privilège de disposer des ressources nécessaires pour cette ambition-là.
Il est impossible d’éviter que les mesures de soutien permettent à certaines entreprises sans avenir de survivre pendant quelque temps. Cela ne doit pas servir de prétexte pour autant à une approche trop rigoriste pour les sociétés viables qui ont juste besoin de liquidités pour passer le cap. Que ce soit en raison des mesures sanitaires générant des cas de rigueur ou, cas trop souvent oublié, à cause d’attitudes réticentes pour consommer ou investir. Une approche plus généreuse, mieux adaptée aux besoins, sans tomber pour autant dans la largesse aveugle, représenterait aussi un investissement qui peut générer de futurs revenus fiscaux.