Malgré son échec en votation, l’initiative sur les multinationales responsables a changé le rapport de force. La démarche des ONG est désormais soutenue par une (courte) majorité de la population. Les grands groupes ne peuvent plus l’ignorer.
La multitude de communiqués cette semaine relatant les efforts des multinationales suisses dans le domaine de l’écologie ou encore contre le travail des enfants ne peut pas être une pure coïncidence. Cela montre que les multinationales n’acceptent plus le rôle qui leur est attribué par l’opinion publique, celui du méchant qui génère ses bénéfices sur le dos des pays pauvres, dont il ne fait qu’exploiter les ressources. Leur objectif est de démontrer qu’elles jouent au contraire un rôle de vecteur très puissant pour améliorer des situations locales difficiles, ouvertement critiquées ou non par les ONG.
Les géants de l’alimentaire ou du ciment savent que simplement par leur taille, ils vont toujours se trouver sous le feu des projecteurs. La communauté financière y contribue, avec des sanctions toujours plus perceptibles contre les groupes qui ne respectent pas les différents critères de durabilité.
Pour ces grands groupes, il serait très simple et rapide de redorer leur blason en cédant toutes les unités problématiques. Les multinationales suisses n’ont parfois pas d’autre choix que de mettre en œuvre cette démarche. Mais les investissements et projets qui viennent d’être annoncés révèlent surtout leur ambition d’apporter des améliorations tangibles et durables par des projets au sein du groupe. L’initiative «Entreprises responsables» ne leur aurait probablement pas laissé assez de temps pour se mettre en conformité grâce à ces projets de longue haleine. Et de prouver ainsi que des multinationales suisse responsables, tant par leur savoir-faire que leurs ressources, représentent le meilleur propriétaire.