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Interdire n'est pas la solution

ÉDITORIAL - Editorial. L'initiative contre le financement du matériel de guerre manque doublement sa cible. Et elle attise un mauvais vent liberticide.

17 novembre 2020, 19h35
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L’époque est tristement favorable aux interdictions. Il y a les restrictions liées à la pandémie de coronavirus. Celles que l’on veut imposer aux entreprises en espérant les rendre «responsables». Et bien sûr aussi cette autre initiative qui vise à interdire le financement du matériel de guerre.
Pourquoi introduire cette nouvelle contrainte sur l’économie? La question est évidemment morale, et il revient à chacun d’y répondre individuellement. Il est en tout cas grotesque d’affirmer, comme le font les initiants, que «l’argent suisse finance des guerres partout dans le monde». La critique vaudrait sûrement davantage pour les grandes puissances, auxquelles la Confédération n’appartient pas.
Dans le monde de l’investissement, que cible cette «initiative contre le commerce de guerre», la décision morale a en tout cas déjà été prise. La finance responsable est devenue une tendance lourde qui ne combat pas que le réchauffement climatique. Nombre de portefeuilles excluent désormais les fabricants d’armes.
L’efficacité de l’initiative est l’autre question à examiner. Or le texte se trompe en qualifiant de producteur de matériel de guerre toute entreprise dont au moins 5% des ventes se réalisent dans ce domaine. Ce seuil très bas rend compliquée et coûteuse la mise en œuvre d’une initiative qui ignore la réalité du marché. Le génie des PME suisses est d’occuper des niches dans secteurs de pointes, et de servir des marchés la plupart du temps civils, mais parfois aussi militaires. Distinguer l’un de l’autre sera difficile.
Si elle est votée, l’initiative ne fera qu’ajouter de l’incertitude tant pour les entreprises que les investisseurs. Et elle encouragera peut-être d’autres interdictions. «Fais pas ci, fais pas ça», comme le chantait Jacques Dutronc... En cette période anxiogène, un peu de liberté ferait du bien.