• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

Incohérences politiques

ÉDITORIAL - Le débat européen vient de reprendre avec la question de l'accord institutionnel entre la Suisse et l'UE. La position de nombreux acteurs est loin d'être logique alors que le peuple vient lui de clairement confirmer la voie bilatérale. Editorial.

27 septembre 2020, 19h07
Partager
C’est un soulagement. En rejetant très nettement l’initiative de limitation, le peuple confirme son attachement à la voie bilatérale pour organiser les relations entre la Suisse et l’Union européenne (UE). Ce résultat pragmatique évite une inutile mutilation, qui aurait frappé l’économie déjà aux prises des conséquences de la crise du coronavirus.
C’est un soulagement, mais qui ne va guère durer. Car le feuilleton européen est déjà relancé par cette question : faut-il accepter l’accord institutionnel ? L’ancien conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann penche pour le non, exprimant des critiques qu’il avait pourtant tues lorsqu’il était aux affaires. Lobbies patronaux et syndicaux, après avoir plutôt soutenus l’accord, nourrissent maintenant les plus grands doutes. Enfin, au sein même du gouvernement, les avis sont très partagés, alors qu’Ignazio Cassis, en charge de ce dossier et sous l’autorité duquel le fameux accord a été conclu, reste bien silencieux.
Le malaise grandit donc. De cet accord institutionnel ne ressortent désormais que des inconvénients. Pourtant, il sécurise non seulement les relations entre la Suisse et l’UE, mais surtout il leur permet de continuer à se développer. Peut-être que même un jour il sera possible de négocier un accord pour que les banques suisses bénéficient d’un accès direct au marché européen, et par conséquent qu’elles créent des emplois à Genève, Zurich ou Lugano, plutôt qu’à Paris, Francfort ou Rome.
L’accord institutionnel ne revient à rien d’autre que de continuer les relations bilatérales avec l’UE. Son rejet, comme le demande déjà l’UDC, mais aussi les syndicats et une partie des milieux économiques ne produirait d’autre résultat que de rompre avec cette approche bilatérale que le peuple vient précisément, une nouvelle fois, de clairement soutenir.
D’où l’incohérence du débat qui commence. Il importe donc d’éclaircir les choses, une tâche qui revient au Conseil fédéral. A lui de clarifier avec Bruxelles ce qui peut l’être et de convaincre ensuite la population. Aux milieux économiques de clarifier aussi leur but. Le plus vite sera le mieux car l’incertitude est un poison pour les entreprises. Où investir si l’accès au premier marché d’exportation de la Suisse n’est plus garanti ?
Le vote de ce dimanche a démontré le pragmatisme des Suisses. On en attend de même des responsables politiques.